Chaque année, des dizaines de milliers de voitures au diesel retirent leur filtre à particules illégalement et sont prises sur le fait par l'inspection automobile. Sauf en Belgique où le contrôle technique ne détecte pas cette fraude car ses mesures sont obsolètes, écrit lundi le site web de la VRT, deredactie.be. Des journalistes flamands ont en effet réussi à faire passer le contrôle technique sans problème à un véhicule sans filtre. Les filtres retiennent les particules fines toxiques et les émissions de particules de suie produites par les voitures roulant au diesel.
Enlever le filtre pour économiser de l'argent
Depuis 2011, il est presque impossible de respecter les normes strictes d'émissions européennes sans filtre à particules. La plupart des nouvelles voitures au diesel en sont équipées. Parfois, ces filtres se cassent, ce qui peut causer de graves problèmes au moteur. Il faut alors les remplacer, ce qui coûte environ 2.000 euros. Une solution meilleure marché mais illégale existe: enlever tout simplement le filtre à particules.
Une pratique meurtrière
Les journalistes de la VRT ont décidé de tester le contrôle technique belge. Après avoir enlevé le filtre à particules de leur voiture, le contrôle technique a conclu que le véhicule était entièrement en ordre. Il est pourtant illégal et émet environ 90% de particules fines et de suie en plus, soulignent les journalistes flamands. On estime qu'environ 2.500 décès prématurés en Belgique et plus de 450.000 en Europe sont causés par l'émission de ces substances. Les inspecteurs reconnaissent que leurs mesures accusent un retard d'au moins 10 ans.
Le groupement des contrôles automobiles se défend
Les normes d'émissions de particules fines sont "trop hautes pour l'instant et ne permettent pas de détecter tous les véhicules polluants", déclare lundi le Groupement des entreprises agréées pour le contrôle automobile et le permis de conduire (Goca). La fédération réagit à un article publié sur le site web de la VRT.
Lors du test des moteurs diesel, le contrôle technique analyse l'opacité de la fumée. "Les inspecteurs ne peuvent vérifier physiquement le filtre à particule", explique Marie De Backer, porte-parole du Goca. "Le filtre est caché au niveau du pot d'échappement et pour le contrôler, il faudrait pouvoir démonter (en partie) le véhicule". Or, les inspecteurs n'ont pas le droit, juridiquement, d'effectuer des opérations de démontage.
Les inspecteurs ne sont pas démunis pour autant. "Sur les voitures les plus modernes, quand le filtre est retiré, un témoin s'allume sur le tableau de bord", signale Mme De Backer. Mais bien souvent, "les personnes qui font déjà le choix amoral de retirer leur filtre, paient également pour fausser le signal", déplore la porte-parole. "On n'est vraiment pas aidés".
Le dernier moyen de détecter la fraude est donc le respect des normes d'émission. "Or, les seuils sont trop hauts pour l'instant". Marie De Backer souligne que les normes européennes sont bien respectées par la Belgique, "qui a toujours eu un peu le lead en termes de contrôle technique". Le Goca plaide pour que l'Europe rende ses normes plus strictes."Le test a toute sa raison d'être", défend la porte-parole qui admet qu'il pourrait être "plus efficace mais là, c'est le législatif qui doit suivre". "Il y aura toujours des petits malins pour contourner les règles", conclut-elle.
Des journalistes font passer un véhicule au contrôle technique sans filtre à particules... et ça marche: faut-il revoir les tests?
Publié le 03 juillet 2017 à 10h38
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