Aux assises de Liège où sont jugés les tortionnaires du jeune Valentin Vermeesch, deux des cinq accusés (Alexandre Hart et Killian Wilmet) sont des psychopathes. Les experts les considèrent comme difficilement récupérables. Leur dangerosité est importante et le risque de récidive est grand. Mais en est-il de même pour tous les psychopathes ?
Dans la psychopathie, il y a deux pôles : la séduction et la destruction. Alexandre Hart et Killian Wilmet incarnent chacun l'un des extrêmes. Alexandre Hart est du côté de la séduction et de la manipulation tandis que Killian Wilmet est du côté de la destruction et du passage à l'acte. Les deux pôles se sont retrouvés ce soir-là. Chacun a fonctionné selon sa logique : pour Alexandre Hart Valentin était un objet utile et pour Killian Wilmet, il n'existait tout simplement pas.
On estime que près de 3% de la population est psychopathe, soit plus de 300.000 personnes en Belgique.
"Tout dépend de la définition de dangerosité. Tous les psychopathes ne vont pas devenir des assassins, mais par contre, un grand capitaine d'industrie qui est psychopathe pourra aussi licencier des milliers de travailleurs sans sourciller", explique Serge Garcet, professeur à l'Université de Liège, spécialiste des violences extrêmes et des crimes en série.
"Une structure de personnalité qui bafoue les droits fondamentaux"
À la question : faut-il en avoir peur, le spécialiste estime que "c'est une structure de la personnalité dont il faut se méfier. De là à en avoir peur, c'est autre chose parce que tous les psychopathes ne vont pas être nécessairement physiquement violents. Mais c'est une structure de personnalité qui bafoue les droits fondamentaux, la solidarité et des valeurs qu'on souhaiterait voir au sein de la société."
Statistiquement, chez les psychopathes, il y a peu d'évolution possible. En effet, l'empathie, cette émotion complexe, s'acquiert dès l'enfance. A l'âge adulte, il semble que cela soit trop tard. Dans l'état actuel des connaissances, la psychopathie ne se traite ni par voie médicamenteuse ni par le biais d'une thérapie. Dès lors, les dangereux psychopathes doivent-ils être internés ou incarcérés ? La question divise les experts psychiatres.
"Il est responsable"
Les psychopathes sont responsables de leurs actes. Ils ne sont pas atteints d'une maladie mentale, mais d'un trouble de la personnalité. Cela ne les empêche pas d'être conscients de ce qu'ils font. Ils sont donc responsables de leurs actes et peuvent être condamnés, selon Serge Garcet.
"Il faut faire la distinction entre la perte du discernement ou la construction d'une autre réalité, comme c'est le cas par exemple de la schizophrénie où la personne entend des voix qui lui impose des choses, explique le spécialiste. Ici, on est dans un mode de construction de personnalité mais il y a quand même un ancrage dans le monde. Même s'il nie le monde qui l'entoure, il est bien conscient qu'il en fait partie, et à ce titre, il est responsable".
Au procès, à partir d'aujourd'hui, la parole va être donnée aux avocats et au ministère public pour les plaidoiries et le réquisitoire. Ce matin, l'avocat des parties civiles plaidera avant que l'avocat général ne prenne la parole pour son réquisitoire. Suivront ensuite les avocats des 5 accusés. La délibération sur la culpabilité pourrait débuter fin de semaine.
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