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Le rond-point Schuman défiguré après le passage des agriculteurs en colère (photos et vidéos)

  • Le calme est revenu dans le quartier européen

  • Les agriculteurs européens ont manifesté leur colère à Bruxelles

  • Les 5.000 agriculteurs et les 1.500 tracteurs quittent Bruxelles

  • Des incidents ont éclaté entre agriculteurs et forces de l

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Ils ont lancé des pétards, klaxonné, incendié des pneus jusque sous les fenêtres des institutions européennes. Des milliers d'agriculteurs ont crié lundi leur colère à Bruxelles et exhorté les dirigeants européens à trouver une issue à la crise de leur secteur.

De nombreux agriculteurs ont quitté le rond-point Schuman, a constaté lundi l'agence Belga vers 17h30. Un noyau dur de manifestants continue à défier la police avec des jets de projectile, mais l'ambiance est généralement bonne. La police a une nouvelle fois fait usage de gaz pour tenter d'évacuer les manifestants les plus radicaux. La majeure partie du contingent a quitté le rond-point. Des chanteurs se succèdent encore sur le podium dans une ambiance plutôt bon enfant. Peu avant 16h, la Commission européenne avait annoncé qu'elle débloquait 500 millions d'euros d'aide d'urgence pour les agriculteurs.

 
 
Autopompes, gaz lacrymogènes et lancers de projectiles

Selon notre journaliste qui était présent sur place, François Genette, les policiers se sont rentranchés pendant une bonne parie de l'après-midi derrière des barbelés au milieu du Rond-point Schuman. Ils ont été victimes de projectiles, notamment de pavés, de la part de certains manifestants. "Les policiers font reculer les manifestants avec un mélange d'eau et de gaz lacrymogènes lancé à l'aide de leurs autopompes, ça se calme, les manifestants se remettent à lancer des projectiles, les policiers tentent à nouveau de les faire reculer et ainsi de suite", expliquait notre journaliste. Des manifestants ont également arraché des réverbères, des pavés et des poteaux de signalisation. Les violences ont été provoquées par un groupe de manifestants qui cherchait à en découdre avec la police. La majorité des agriculeturs qui participaient à la manifestation ont regretté ces actes et ont tenté de calmer le jeu. Les organisateurs se sont détachés de ces casseurs.
 
 
 
 
 
 
 

Une caravane incendiée sur la place

Outre des tracteurs, les agriculteurs étaient présents avec deux bulldozers, auxquels étaient symboliquement pendues des statues de vache. Les manifestants ont réussi à percer un barrage de police pour faire entrer sur la place une caravane, qu'ils ont incendiée. Trois agents ont été blessés dans les heurts, dont un a dû être emmené à l'hôpital. Aucune arrestation n'a été rapportée pour l'instant.

 
 

Gros embarras de circulation à l'heure de pointe

Les colonnes de tracteurs qui ont quitté Bruxelles et le rond-point Schuman en fin d'après-midi ont causé quelques embarras de circulation, notamment sur la E40 vers la Flandre et vers Liège et sur la E411. Certains tunnels de la Petite ceinture ont été complètement bouchés. "1h10 pour faire Yser-Botanique. Des voitures font demi-tour dans le tunnel pour retourner vers la Basilique", nous indiquait, vers 17h, Laurent via notre page Alertez-nous.

 
 
3.000 producteurs européens selon la police, 1.500 tracteurs selon les organisateurs

Selon une nouvelle estimation de la police, plus de 3.000 producteurs européens de lait, de viandes porcine et bovine et de fruits et légumes, venus essentiellement de Belgique, de France et d'Allemagne, ont défilé à pied dans les rues de Bruxelles à l'appel du Copa-Cogeca, afin de réclamer des prix rémunérateurs. Partis du boulevard Roi Albert II, ils ont rejoint le rond-point Schuman, à proximité du bâtiment du Justus Lipsius où se tenait la réunion extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture. Le cortège emmené par cinq tracteurs a emprunté la Petite Ceinture, la rue Belliard, la rue Breydel et l'avenue d'Auderghem. Il était suivi bruyamment par plus de 200 tracteurs qui klaxonnaient à tour de rôle. "Chaque année, 4% des exploitations agricoles disparaissent en Flandre. Est-ce normal?", pouvait-on lire sur un calicot écrit en flamand. selon les différents syndicats agricoles, ce sont 1.500 tracteurs qui ont convergé vers Bruxelles.


 
 
 
  
 
 "Relever le niveau d'intervention de l'Europe"

Les manifestants ont dû se frayer un chemin rue Belliard parmi les tracteurs qui stationnaient sur la voie publique. Des pneus de tracteur et des panneaux en bois ont été incendiés sur le parcours. Des manifestants ont bouté le feu à des pneus sous des chevaux de frise alors que les policiers restaient derrière impassibles.

 
 
 

De nombreux agriculteurs français

"C'est la première fois que je me rends à Bruxelles et même en Belgique. J'ai deux associés qui m'ont permis de laisser notre exploitation le temps de la manifestation. J'ai déjà manifesté jeudi à Paris", a indiqué Pascal Fauchon, un agriculteur français venu de Normandie, près du Mont-Saint-Michel. "Nous avons nos problèmes franco-français, mais les agriculteurs belges, français et allemands connaissent aussi des problèmes à régler au niveau européen. Nous sommes tous dans une situation difficile, même les grosses exploitations. Le prix du lait se vend chez nous à 30 cents le litre alors que le coût de production dépasse les 35 cents. Nous voulons une réponse concrète de la Commission eurpopéenne, même si l'on sait qu'on ne reviendra pas en arrière en matière de quotas laitiers. Il faut relever le taux d'intervention au niveau européen quand les prix sont trop bas", ajoute ce producteur laitier, qui détient avec ses associés 140 vaches.


Deux avis différents

Le cortège a rejoint en fin de parcours d'autres manifestants réunis au rond-point Schuman à l'appel de l'European Milk Board. Si l'ensemble de ces manifestants dénoncent une chute de leurs revenus, l'EMB, qui représente 100.000 producteurs laitiers européens, et le Copa, principal syndicat agricole européen non sectoriel, ne partagent pas la même analyse de la situation.

L'EMB demande aux autorités européennes de mettre sur pied un mécanisme de réduction des volumes produits alors que la demande est en recul en particulier dans l'UE, et ce afin de permettre aux producteurs laitiers d'obtenir un prix équitable. Il reproche au Copa-Cogeca d'avoir soutenu la dérégulation des marchés qui est selon lui à l'origine de la situation actuelle.

Pour le Copa-Cogeca, les producteurs sont victimes de la politique internationale, principalement des restrictions sur les exportations imposées par la Russie.


Les 3 ministres belges sur la même longueur d'onde

Peu avant le départ du cortège des manifestants, les ministres belges de l'Agriculture, Willy Borsus au niveau fédéral, René Collin pour la Région wallonne et Joke Schauvliege pour la Flandre, ont pris la parole. "L'Europe n'a pas pris la mesure de ce qui arrivait, avec l'embargo russe et la disparition des quotas. Il faut une régulation et des solutions à court terme", a estimé le ministre wallon de l'Agriculture. "Les négociations au niveau européen s'annoncent difficiles. L'agriculture européenne est contestée dans sa réalité. Si certains pays comme la Belgique, la France et d'autres souhaitent une réforme des balises, d'autres pays sont moins favroables. Il faut réfléchir à une solution et à un encadrement du marché. Il faut répondre immédiatement aux problèmes de trésorerie", a déclaré pour sa part le ministre libéral Willy Borsus. M. Borsus dit partager la plupart des avis du monde agricole européen, notamment lorsqu'il dénonce la volatilité des prix "plus fréquente et plus profonde". "Il faut revoir notre modèle européen pour que les prix soient rémunérateurs", a-t-il conclu. La Fédération wallonne des agriculteurs (FWA), membre de la Copa, a souligné que pour la première fois, les organisations syndicales belges soutenaient, d'une seule voix, leurs ministres dans leur démarche.


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