L'attentat terroriste de Rouen, où un prêtre a été tué par deux terroristes, remet en cause la libération conditionnelle de djihadistes. Le port du bracelet électronique ne les empêche pas d'accomplir des méfaits. En Belgique aussi certains djihadistes fichés bénéficient d'une libération sous conditions et parfois même sans port du fameux bracelet. Les mesures de libération conditionnelle sont-elles suffisantes? Le reportage de Benjamin Samyn et Thomas De Cuppere pour le RTL Info 19H.
Nos journalistes ont rencontré l'avocat de Marwan, 21 ans et arrêté en juin 2015. Quelques mois plus tôt, il a tenté de se rendre en Syrie mais il a été refoulé à la frontière turque. La justice le soupçonne également d'avoir eu des contacts avec l'entourage d'un kamikaze originaire de Charleroi qui s'est fait exploser à la frontière irako-jordanienne.
Après sept mois de détention préventive, le jeune homme a été libéré sous conditions en février. "La chambre d'accusation a estimé que les conditions qui ont été proposées et qui tiennent notamment au suivi psychologie, à l'exercice d'une activité professionnelle et à une interdiction de contact avec les personnes concernées par le dossier étaient suffisantes et opportunes pour éviter tout risque éventuelle de commission d'infraction", explique l'avocat de Marwan, Me Nabil Khoulalene. Pas de bracelet électronique dans ce cas, mais un suivi psychiatrique adapté à la radicalisation.
"Les conditions servent à limiter le facteur risque le plus possible"
De manière générale, les mesures de libération conditionnelle sont-elles suffisantes? "Le risque zéro de récidive n'existe pas et n'existera jamais. Donc ça veut dire qu'à partir du moment où on prend la décision de libérer quelqu'un, oui on prend aussi en considération le facteur risque. Les conditions servent à limiter ce facteur risque le plus possible", explique Etienne Gras, avocat pénaliste.
L'avocat Sébastien Courtoy a obtenu une vingtaine de libérations dans le cadre de dossiers terroristes. Dans son cas, ces décisions n'ont pas été suivies de récidives. "Il faut bien se rendre compte que les juges sont confrontés à des centaines de cas, qui sont des cas limites. On ne peut pas mettre les gens en prison pour des siècles, donc à un moment il faut prendre une décision, parfois, et régulièrement, cette décision est une décision de libération, qui comporte toujours un risque", confie Sébastien Courtoy.
Quant à Marwan, le terroriste présumé libéré à Charleroi, il sera vraisemblablement jugé d'ici la fin de l'année.
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