Une réalité pour de nombreux établissements scolaires : l'enseignement hybride ne fonctionne pas. Les cours à distance sont difficiles à mettre en place. Ils le sont d'autant plus pour les écoles qui forment aux métiers manuels. Avec des cours pratiques fortement réduits, comment les enseignants s'organisent-ils pour éviter le décrochage scolaire ? Certains professeurs tentent, tant bien que mal, de se réinventer, comme à l'Institut Don Bosco de Liège.
En le voyant se mettre devant la caméra dans un atelier de l'Institut Don Bosco de Liège, on pourrait penser que Christophe Faraci est comédien ou Youtubeur. Mais il est bien professeur de menuiserie. Depuis bientôt 1 an, sa manière de donner cours a évolué. "Ça demande énormément de temps, confie-t-il. C'est beaucoup de travail à domicile pour réaliser les capsules vidéo. On a la chance d'avoir de bons collègues qui jouent un peu les cobayes".
Manque de matériel
Enseigner le métier manuel à distance, un grand défi que ces professeurs doivent relever au quotidien depuis le début de la crise. Certains élèves ont perdu jusqu'à 250 heures de pratique. La faute au manque de moyens selon le chef d'atelier secteur bois Christian Gilles : "Des élèves ne disposent pas de matériel à domicilie donc on leur envoie des capsules vidéo avec des gestes pratiques qu'ils devront réaliser à l'atelier lorsqu'ils reviendront en présentiel. Ça leur permet de préparer mentalement les actes qu'ils vont devoir poser lors des cours pratiques". Les enseignants et les élèves peuvent heureusement compter sur les outils numériques. "Si on avait eu la Covid quand nous on était à l'école, je ne sais pas comment on aurait pu faire", remarque Christophe Faraci.
On perd facilement la main, on n'a plus que 2 heures au lieu de 4
À côté de l'atelier de menuiserie se tient un cours de soudure chamboulé. Derrière leurs masques, les élèves affichent une certaine inquiétude de ne pas y arriver. "C'est compliqué, ne serait-ce qu'avec le masque Covid, c'est facilement inflammable, ça gêne la respiration", s'agace un élève. Le manque de matériel à la maison est tout aussi problématique qu'en menuiserie : "On ne peut pas se permettre d'avoir chacun chez soi un poste de soudure". Dans ces conditions, "on perd facilement la main, on n'a plus que 2 heures au lieu de 4", regrette un autre apprenti. Un constat partagé par le professeur Jean Vozza pour qui "plus de 50 % de l'année est passée à la trappe".
Il n'est malgré tout pas question d'abandonner ces élèves. "Il faut trouver des astuces par des vidéos, des tutos qu'on peut faire sur YouTube. Vu qu'ils sont en recherche d'un métier, ils viennent souvent nous dire qu'ils ne savent pas quoi faire l'année suivante". Plus de 70 ordinateurs ont été distribués aux élèves sans matériel dans cette école. Mais tout le monde n'a pas cette opportunité. De nombreux établissements en communauté francophone se disent aujourd'hui démunis face à la crise.
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