En Belgique, près de 4% de la population de plus de 18 ans a reçu une première dose contre le Covid-19. La campagne suscite de nombreuses interrogations. Parmi elles: la question de la vaccination pour les personnes testées positives et ayant des anticorps.
"Est-il nécessaire de se faire vacciner contre le coronavirus si l'on a déjà eu le covid et que l'on a des anticorps dans le sang?", demande l'une de nos lectrices via le bouton orange Alertez-nous.
Contacté par nos soins, le porte-parole dans la lutte contre le Covid-19 nous éclaire. "Faire le vaccin en étant positif a du sens car cela permettra d'augmenter l'immunité qui diminue petit à petit", précise-t-il. "Surtout si l'infection au covid date de plus de 6 mois", continue-t-il.
Le vaccin permettrait donc de faire remonter son taux d'anticorps et d'être mieux protégé. Il rappelle aussi que même si un patient a déjà eu le coronavirus, il n'est pas forcément immunisé car il peut le contracter une deuxième fois comme ça a déjà été le cas.
"Donc se faire vacciner en ayant été testé positif sert à élargir son spectre d'anticorps et à étendre les moyens immunitaires. Ce qui permet de mieux couvrir un certain nombres de variants", détaille le porte-parole.
Une ou deux doses de vaccins?
Les personnes positives au covid doivent-elles recevoir une ou deux doses de vaccin? "La Belgique a décidé d'en administrer deux, comme quelqu'un qui n'a jamais reçu le vaccin. Mais certains pays n'en font qu'un pour faire une sorte de piqûre de rappel, comme la France", explique Yves Van Laethem.
La Haute Autorité de Santé (HAS) française a fait savoir la semaine dernière que les personnes guéries du covid-19 développent une "mémoire immunitaire" ou "immunité post-infectieuse" d'une durée de 3 mois. Elles doivent donc être considérées comme "protégées" durant cette période. Une seule dose du vaccin suffirait alors, comme un rappel. La HAS recommande aussi que cette vaccination soit réalisée entre les 3 à 6 mois suivants la guérison.
En Belgique, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) et la Task Force Vaccination ont examiné les avantages potentiels et la faisabilité d'une telle approche dans notre pays. Le 20 février dernier, ils ont pris la décision de s'en tenir à deux doses de vaccin pour une meilleure protection contre les variants et parce qu'il n'est actuellement pas approprié de modifier leurs recommandations.
Cette décision a notamment été prise sur les constats du CSS:
- La majorité des personnes infectées par le Covid-19 (plus ou moins 20% de la population belge) ont effectivement développé une immunité. Cependant, cette immunité n'est pas systématique.
- La durée de protection induite lors d'une infection est à ce stade incertaine: elle varie entre 3 et 6 mois.
- Les analyses actuelles ne permettent pas de conclure à l'efficacité de cette protection contre les variants du Covid-19.
Dans ce contexte, et en l'absence de connaissances plus précises sur la nature de l'immunité post-infectieuse, le CSS estime qu'il est plus prudent de se faire vacciner le plus tôt possible (soit 14 jours après la disparition des symptômes ou à la fin de la quarantaine), afin d’élargir le "spectre immunitaire". Mais aussi pour permettre une meilleure résistance aux variants, actuellement de type sud-africain ou brésilien. "La vaccination même en étant positif a un sens dans l’optique des variants qui sont de plus en plus fréquents", explique Yves Van Laethem.
Sur base de cet avis, la Taskforce a évalué les risques et les bénéfices de l’approche française et a conclu à la nécessité de garder le schéma vaccinal actuel qui prévoit l’administration de deux doses de vaccin ARNm (Pfizer et Moderna). Pour le Professeur Dirk Ramaekers, président de la Taskforce Vaccination, "le nombre de doses que l’approche française permettrait d’économiser est un bénéfice bien trop faible face aux incertitudes liées à l’immunité des personnes ayant déjà été infectées par la COVID-19. Afin de garantir un retour à la vie normale le plus rapidement possible, notre objectif est, et reste, de fournir une protection optimale au plus grand nombre de personnes vivant en Belgique."
Étude britannique récente: les vaccinés (1ère dose) ont une quantité d'anticorps semblable à des anciens infectés
The Lancet, revue scientifique médicale britannique, a publié le 25 février dernier une étude réalisée à Londres sur 51 personnes, parmi lesquelles 24 ont eu le Covid-19 et les 26 autres n'ont jamais été infectées. Toutes ont reçu une première dose du vaccin Pfizer/BioNTech. Les résultats sont présentés sur le graphique ci-dessous.
Les 26 participants vaccinés qui n'ont jamais eu le Covid-19 ont produit une quantité d'anticorps (les points rouges à gauche) similaire à la quantité d'anticorps (à son pic) qu'avaient naturellement les 24 participants qui ont eu la maladie (les points bleus).
Lorsque ces 24 participants ont été vaccinés, la quantité d'anticorps qu'ils avaient naturellement a été multipliée par 140 (points rouges à droite).
Pour les auteurs de l'étude, ces résultats suggèrent qu'il est préférable de vacciner d'abord les personnes qui n'ont jamais été infectées par le coronavirus.
Ils indiquent aussi qu'il n'est pas possible de dire actuellement si le fait de vacciner des gens qui ont déjà des anticorps produits par une infection augmentera la durée de leur protection contre une infection future.
Ce qu'il faut retenir pour la Belgique:
- Même en étant positif au coronavirus et en ayant les anticorps dans le sang, le vaccin est nécessaire et utile pour lutter contre le Covid-19.
- Il sert à augmenter les anticorps dans le sang. Et donc l'immunité au virus qui baisse avec le temps.
- Mais aussi à mieux être immunisé contre les variants qui sont de plus en plus nombreux.
- En Belgique, deux doses sont administrées aux personnes positives.
- Il est préférable de se faire vacciner le plus tôt possible: soit 14 jours après la disparition des symptômes ou à la fin de la quarantaine
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