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À partir de quand sait-on qu'on est obèse? Ce spécialiste vous répond

À partir de quand sait-on qu'on est obèse? Ce spécialiste vous répond
©RTL INFO
 
 

À partir de quand suis-je en surpoids ? Et à partir de quand suis-je considéré comme obèse ? Jeudi, ce sera la journée mondiale de l’obésité. Alors, quelle sont les solutions face à ce problème de santé publique ? Dr Jean-Philippe Magema, chef du service de chirurgie viscérale au CHU UCL Namur était sur le plateau du RTL INFO Bienvenue pour répondre à ces questions.

D'abord, quelle est la différence entre être en surpoids et être obèse ?

"Le surpoids et l'obésité sont des facteurs qui sont liés. C'est plutôt une gradation en fait. On utilise, pour estimer le poids, une échelle qu'on appelle échelle de l'IMC (BMI en anglais). On est sensés se situer entre 19 et 24-25. Cette échelle est malheureusement le seul critère qui rentre en compte dans ce qu'on appelle les indications éventuellement opératoires ou de prise en charge de patients. Mais cette échelle ne tient pas compte de certains facteurs. Par exemple, on sait que l'obésité au niveau abdominale, chez les hommes, au niveau de la santé est nettement plus néfaste que chez les femmes. Donc certains autres facteurs devraient intervenir comme le tour de taille, le rapport tour de taille / tour de hanche et aussi la maladie due à l'obésité."

À partir de quand est-on considéré comme obèse ?

Au-dessus de 25 d'Indice de masse corporelle, on est en surpoids et au-dessus de 30, on parle d'obésité. Ensuite on parle d'obésité sévère et au-dessus de 40, on parle d'obésité morbide. Donc ça veut dire que l'obésité va entraîner des problèmes de santé qui sont extrêmement importants.

Pourquoi faut-il éviter d'être trop gros ?

"Parce que l'obésité tue. Il faut le dire fermement. C'est pour ça aussi que cette journée de l'obésité se fait chaque année. Pour déstigmatiser, pour éviter stéréotyper les patients. C'est une vraie maladie, c'est un fléau.  La première cause de mortalité dans le monde, à part la faim, est l'obésité. Et l'obésité est liée à des problèmes de santé tels que le diabète, les maladies cardio-vasculaires. On a aussi défini un certain nombre de cancers, 13 cancers, qui sont directement liés à l'obésité. Perdre du poids est extrêmement important pour éviter toutes ces pathologies, tous ces problèmes et éviter des conséquences néfastes, voire mortelles à long terme".

Le problèmes d'obésité aggravés durant le confinement

D'autre part, durant la période de crise sanitaire que nous venons de vivre, les problèmes d'obésité se sont aggravés chez certains patientes, et ont, à tort selon certains, été considérés comme non-urgents.

"Le traitement de l'obésité ne doit plus jamais être considéré comme non-urgent", alertent les Drs Julien Mahieu et Maxime Mairiaux du Service de chirurgie digestive, thoracique et endocrine de la Clinique Saint-Jean. Pendant le confinement, les chirurgies non-urgentes n'ont pas pu avoir lieu, obligeant l'annulation et le report des opérations bariatriques de nombreux patients. Plus de la moitié d'entre eux (54%) ont par conséquent vu leur poids corporel augmenter au cours de cette période.

Habituellement, pendant la période préopératoire, la grande majorité des patients perdent du poids grâce à des conseils diététiques et d'autres traitements. En période covid, la tendance est inverse, avec des prises de poids constatées pour plus de la moitié des patients. Cela s'explique notamment par une sédentarité accrue, une hyperphagie (appétit excessif et insatiabilité) liées à l'obligation de rester chez soi ou de travailler à la maison, la fermeture de salles de sport, la diminution des contacts avec les médecins et les équipes de soutien, ...

Pas une "chirurgie de confort"

"L'obésité est une maladie chronique complexe qui ne peut être corrigée simplement par l'alimentation et l'exercice. L'obésité peut amener les patients à souffrir de graves problèmes physiques, psychologiques et sociaux. Cette maladie est pourtant traitable, mais, comme toute maladie chronique, un traitement médical ou chirurgical spécifique et un suivi à long terme sont nécessaires", expliquent les Drs Mahieu et Mairiaux. Outre les plaintes physiques qui ont augmenté chez les patients, des souffrances psychologiques ont également été constatées pendant le confinement.

"Nous soutenons donc que la chirurgie de l'obésité ne doit plus être considérée comme non-urgente. Cette pratique est encore stigmatisée par de nombreuses personnes et considérée par certains comme une 'chirurgie de confort' alors que cette maladie chronique peut entraîner des complications mortelles. De plus, l'obésité est largement reconnue comme un facteur aggravant pour les patients atteints du Covid", précisent les spécialistes. De tous les traitements chirurgicaux actuellement disponibles, la chirurgie bariatrique (comme par exemple le bypass) est celle qui donne les meilleurs résultats en termes de perte de poids à long terme (cinq ans et plus) et à très long terme (dix ans et plus), selon les Drs Mahieu et Mairiaux.


 

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