Les étudiants ne sont pas épargnés par la crise économique. Ils manifestent d'ailleurs ce jeudi à Bruxelles. En Fédération Wallonie-Bruxelles, 80.000 étudiants sont touchés par la précarité. Certains cumulent plusieurs jobs pour s'en sortir. Deux jeunes nous expliquent leur situation.
Dilhan est âgé de 23 ans. Il est en 3ème année de bachelier en informatique. Il se rend à ses cours en voiture: le véhicule lui permet également d'aller à son job d'étudiant. Coût total par mois pour l'assurance et le carburant: environ 300€. "Je job pour plus ou moins financer quasiment tous mes déplacements. C'est essentiellement pour ça. Ça m'arrive souvent de finir à 16h30, 17h30 ici sur mon campus, et de devoir commencer mon service à 18h. Donc je ne peux pas me permettre de prendre les transports en commun pour mes déplacements, malheureusement", nous confie Dilhan.
Aux frais de déplacements s'ajoute le minerval en début d'année (450 euros). Il y a bien sûr aussi toutes les autres dépenses du quotidien, dont la nourriture qui a fortement augmenté. "J'essaie d'être le plus autonome possible. Ma maman ne travaille pas. Mon père a travaillé longtemps, malheureusement maintenant il est en certificat médical pour des problèmes de dos. C'est un peu compliqué, mais on fait avec. J'essaie d'économiser, de mettre de côté un maximum. C'est pas toujours facile", réagit l'étudiant.
Un étudiant sur quatre doit travailler: un frein pour réussir
Selon une étude de la Fédération des étudiants francophones (Fef), un étudiant sur quatre doit travailler pour payer ses études. Conséquence: cela diminue les chances de réussite de 43%. Dilhan nous avoue être parfois découragé. "Je job pour pouvoir venir en cours. C'est essentiellement la réalité de la chose. Je job pour avoir assez d'argent pour pouvoir me déplacer. C'est pas tous les jours facile, mais on s'accroche à l'idée de faire quelque chose qu'on veut faire", explique-t-il.
Avant la crise économique, avant l'inflation, je pouvais travailler durant la période d'été et ça suffisait
Selviano est quant à lui étudiant en Sciences humaines et sociales à l'Université de Mons. Pour faire face aux dépenses liées à l'inscription et à son kot, il cumule deux jobs d'étudiant. "Auparavant, avant la crise économique, avant l'inflation, je pouvais travailler durant la période d'été et ça suffisait à compenser mes frais pour l'année scolaire. Mais on voit qu'à l'heure actuelle ce n'est plus suffisant. Donc il faut prendre un job supplémentaire pendant l'année", nous dit-il.
Selon la Fédération des étudiants francophones, le logement est la plus grande charge à assumer pour 44% des étudiants. 45% d'entre eux optent d'ailleurs pour un job d'étudiant, seul moyen de le financer.
Depuis septembre, Selviano occupe un poste de veilleur le soir à l'université. "Je fais souvent 16-17h à minuit. Donc là on remarque que les cours de fin de journée, parfois on doit les sauter. J'essaie de faire une semaine de job par mois pour que tous les mois j'ai assez pour payer", explique le jeune homme.
La précarité touche 80.000 étudiants francophones. Un chiffre qui devra être revu à la hausse à cause de la crise économique.
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