Ce phénomène est de plus en plus courant et gêne les services de secours. De nombreux conducteurs filment les accidents avec leur smartphone. Ces photos ou vidéos sont ensuite publiées sur internet. Un acte punissable par la loi. Un reportage de Serge Vermeiren, Benjamin Samyn et Pascal Noriega.
Lundi dernier, les pompiers de Landen (Brabant flamand) désincarcèrent une personne âgée sérieusement blessée dans sa voiture accidentée quand soudain un badaud s’approche des secouristes. "Je vois un homme prendre la pose pour se faire un selfie spectaculaire. Je lui dis clairement que son geste est déplacé et il réagit en haussant les épaules et en me disant qu’il ne fait rien de mal. Cette personne n’a absolument pas conscience des conséquences que cela peut avoir pour la victime mais aussi pour son entourage", explique le major Benny Engelbos, pompier de Landen.
"Les services de secours sont ralentis pour arriver sur place"
Filmer ou photographier un incendie ou un accident de la circulation n’est pas un phénomène nouveau pour les pompiers. Cela représente toutefois un danger lorsque des conducteurs filment derrière leur volant, sans oublier les conséquences que cela peut produire lors des interventions des équipes de secours. "Le poste de Tubize a dû intervenir pour un accident de la circulation sur l’autoroute A8 et ils ont vraiment connu beaucoup de difficultés pour arriver sur le lieu de l’incident parce que les personnes ralentissent, s’arrêtent quasiment pour prendre des photos, empruntent les bandes d’arrêt d’urgence alors qu’ils ne peuvent pas. Et tous ces problèmes font que les services de secours sont ralentis pour arriver sur place", déplore le major Serge Lauwerier, de la zone de secours Brabant wallon.
Des amendes qui peuvent être salées
Si prendre une photo d’accident sur un lieu public n’a rien d’illégal, publier ce genre de document sur les réseaux sociaux à l’insu de la victime tombe sur la loi de la protection de la vie privée. "Le fait de poster une photo, donc d’exploiter une donnée à caractère personnel d’une personne à son insu tombe sous le coup de la loi. Il y a bien évidemment des peines d’amendes sévères qui sont applicables, à savoir de 600 à 600.000 euros d’amendes pour les contrevenants", indique Denis Goeman, substitut du procureur du Roi de Bruxelles.
Le parquet de Bruxelles rappelle que prendre une photo au lieu de porter secours à une personne en danger est pénalement condamnable.
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