Les audiences ont débuté dans le procès de la mort de Maëlle. L'adolescente de 14 ans avait mis fin à ses jours le 30 janvier 2020 après avoir subi le harcèlement scolaire. Aujourd'hui, Rosalie a décidé de témoigner auprès de RTL INFO. Harcelée durant son année de rhéto en 2015, elle a bien failli commettre l'irréparable.
C'est avec beaucoup d'émotion que Rosalie se replonge dans le passé. "C'est vrai qu'à un moment donné je ne voyais plus de solution, à part me suicider. Je me disais qu'il n'y avait que ça qui pouvait faire que je ne souffre plus", confie-t-elle.
Je me rappelle être tombée en sanglots dans la classe… Et les élèves, eux, rigolent
À l’âge de 18 ans, elle est victime de harcèlement, quelques jours après avoir intégré sa nouvelle école pour entamer son année en rhétorique. "On décide de me jeter des morceaux de viande. De séparer les bancs. À la moindre occasion on me met à l'écart. C'est permanent. C'est vraiment tout le temps. Et puis quand je vais en récréation, on dit aux autres qu'il ne faut pas rester avec moi parce que j'ai fait ci ou ça. Donc je suis tout le temps toute seule, même dans les récréations", se remémore la jeune femme.
Très vite, la situation devient invivable pour Rosalie. "Moi je le vis très mal. Je me rappelle être tombée en sanglots dans la classe parce que ça devenait trop lourd. Et les élèves, eux, rigolent, trouvent ça drôle que ça me fasse souffrir", explique notre témoin.
Elle finit par tout dévoiler à sa mère
Ces moments, elle préfère d’abord les garder sous silence. Rosalie finit ensuite par en parler à sa mère. "Et elle nous supplie de ne pas aller voir l'école. Donc on dit oui un jour ou deux. Ça continue, et puis on lui explique qu'en fait, si on ne va pas voir l'école, ça ne s'arrêtera jamais", indique Eve, la maman.
C’est à ce moment-là que Rosalie voit régulièrement son proviseur et qu'elle est suivie par un pédopsychiatre. Mais pour la maman, il n’y a pas eu de véritable suivi de l'école. "Il y a eu trois réunions avec les filles, qui ont duré moins d'une période. Il y a eu une intervention du PMS (ndlr: Centre Psycho Médico Social) qui a vu les filles moins d'une heure aussi", déclare Eve.
La Fédération Wallonie-Bruxelles condamnée
Rosalie change finalement d’école et sa mère décide de porter l’affaire en justice. Au bout de quatre ans de procès, le tribunal juge qu'aucune initiative n'a été prise par l'école et condamne la Fédération Wallonie-Bruxelles fin novembre 2020.
"J'ai eu très peur pendant que tout ce procédé se passait. Je me disais, j'espère à nouveau que ce n'est pas moi qui suis folle. Et puis une fois que ça a été décidé, là je me suis vraiment sentie beaucoup mieux. Je me suis dit que c'était vrai ce qui se passait, je n'étais pas folle", confie Rosalie.
Aujourd’hui, elle a 24 ans et est institutrice primaire. De son expérience, elle en tire une force pour sensibiliser ses élèves au harcèlement scolaire.
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