Vendredi dernier, une adolescente de 14 ans, Maëlle Montana, a mis fin à ses jours. C’était une élève de l’école de Saint-Joseph Notre-Dame à Jumet. Les circonstances doivent encore être éclaircies par l’enquête en cours mais les premiers témoignages indiquent qu’elle aurait été victime de harcèlement et que des photos intimes auraient circulé.
La question du harcèlement scolaire et du rôle des réseaux sociaux se pose: ces réseaux difficilement contrôlables, parfois hermétiques aux parents et à l’entourage, sont souvent pointés du doigt. En 2014, 35% des élèves étaient confrontés au harcèlement et 16% d’entre eux se décrivaient comme victimes.
A partir de quel moment parle-t-on de harcèlement? Les enfants sont-ils assez encadrés? Comment briser la loi du silence en matière de harcèlement scolaire? Comment prévenir l’impact des réseaux sociaux?
Amandine a aussi eu envie d'en finir
Amandine Demey est élève de l’école St-Joseph Notre-Dame de Jumet, la même école que Maëlle. Elle était présente sur le plateau de l'émission C'est pas tous les jours dimanche car elle aussi, a été victime de harcèlement. Elle avait 14 ans et une tierce personne a filmé un moment intime entre un garçon et elle. Les images ont été ensuite diffusées sur internet. Durant 1 an, elle a été insultée de toutes parts. Amandine n’osait plus sortir de chez elle. Elle aussi, a eu envie d’en finir.
"On a l’impression que plus rien ne va s’arranger"
"Quand on sort de chez nous, par exemple, pour aller à l’école, on a l’impression que tout le monde le sait. Tout le monde est sur notre dos, tout le monde est au courant. Alors que pas forcément", réalise aujourd’hui la jeune fille, qui témoigne avec courage. "C’est vraiment un sentiment de gêne, de honte en nous. On a l’impression que plus rien ne va s’arranger. C’est vraiment un poids sur le cœur."
"C’est une honte en nous, c’est vraiment difficile d’en parler, on a peur d’être jugé. Si ces images sont sur internet, ce n’est pas de ma faute, mais je me dis que j’aurais pu éviter ça. Je m’en veux, mais j’en veux aussi aux harceleurs."
Amandine n'est pas passée à l'acte. "Mes parents étaient au courant. Je me suis dit que je ne pouvais pas les laisser derrière moi. Je ne peux pas partir pour mes parents. Mais si ils n'avaient pas été présents, je ne serais plus là".
Amandine a dénoncé ses harceleurs. "J’ai porté plainte à la police, puis plus rien. Ca fait 2 ans et demi, mais je n’ai pas eu de suite à ma plainte."
Comment le harcèlement s'estompe-t-il?
"Au début c’est compliqué, parce que c’est vraiment tous les jours. Au bout d’un moment, ça commence à se tasser un petit peu, mais c’est toujours dans l’esprit des gens. C’est toujours là mais on en parle moins", raconte la jeune fille. "Aujourd'hui encore, je sais que c'est encore dans la tête de certaines personnes, ça me ronge. Mais je fais semblant de rien, parce que je ne saurais plus vivre. J'essaye de penser à autre chose."
Qui appeler?
Si vous souhaitez recevoir une écoute et mieux connaître les ressources existantes pour aider votre enfant, le numéro vert "Ecoute école", est à votre disposition au 0800/95.580, du lundi au vendredi, de 9h à 16h.
Tout un chacun peut également contacter Child Focus 24 heures sur 24 116.000.
Le numéro 103, "Ecoute enfant", est lui aussi accessible gratuitement de 10 heures à 24 heures. Il s’adresse à tous les enfants et adolescents qui éprouvent le besoin de parler, de se confier parce qu’ils ne se sentent pas bien, qu’ils vivent des choses difficiles, qu’ils sont isolés, qu’ils se sentent en danger.
Certaines applications qui pourraient mécaniquement enchaîner les interventions sont en cours de développement. Pour Caroline Désir, Ministre de l'Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles, "c'est vraiment une voie à suivre". "Les enfants et adolescents n'ont pas le réflexe de composer un 0800. Il faut d'abord pouvoir sortir de la honte".
Vos commentaires