Une jeune Yézidie capturée par le groupe terroriste Etat islamique qui est restée entre les mains de ses bourreaux pendant deux ans a témoigné jeudi devant la Chambre du calvaire qu’elle et des centaines d’autres jeunes filles et femmes ont vécu et vivent encore.
Ikhlas Bajo est une jeune rescapée yézidie, capturée et réduite en esclavage par l’Etat islamique. Elle a réussi à s’échapper, vit maintenant en Allemagne et est venue témoigner jeudi à la Chambre de la vie quotidienne des femmes et des jeunes filles de sa communauté religieuse, sous le joug de Daech.
"Un jour, j’ai vu un homme de 43 ans abuser d’une fille de 9 ans"
Elle a raconté qu’elle a été capturée par le groupe terroriste Etat islamique il y a deux ans, elle avait alors 15 ans. Dans son groupe, les hommes qui refusaient de se convertir à l’islam ont tous été tués. Les femmes et les jeunes filles ont été jetées en prison. "Chaque jour, ils abusaient de nous. Un jour, ils sont venus prendre les enfants de plus de six ans, ils les ont emmenés dans des camps pour les entraîner à tuer des Yézidis. Ils ont ensuite formé un groupe de jeunes filles âgées de 9 à 20 ans et emmenées vers Mossoul où elles ont rejoint 500 autres filles, les viols étaient quotidiens. Un jour, j’ai vu un homme de 43 ans abuser d’une fille de 9 ans. Puis 65 filles ont été emmenées dans une autre ville irakienne. On nous vendait comme des poulets. Les gens de Daech nous disaient : ‘Comme Yézidis, vous êtes des infidèles, des esclaves’. Ils nous ont ligoté les pieds et les mains et nous ont violées. Certaines d’entre nous sont restées deux ans entre leurs mains. Elles priaient, criaient trois noms : Dieu, puis maman ou encore Communauté internationale, aidez-nous."
Reconnu comme génocide?
La jeune femme demande que les exactions de l'Etat islamique envers la communauté Yézidie soient reconnues comme un génocide. Nadia Murad, autre rescapée de l'enfer du groupe terroriste Etat islamique, a été claire au micro de Bernard Lobet pour Bel RTL: "Vis-à-vis du gouvernement belge, je souhaite qu’il puisse entamer les procédures ad hoc pour que ces massacres de masse soient reconnus comme génocide, tel que la déjà fait le gouvernement des Etats-Unis ainsi que le gouvernement britannique". Mais le mot génocide ne peut pas encore être prononcé aujourd’hui par la Belgique à propos des Yézidis. "On reconnaît les atrocités qui ont été commises, on ne va pas seul prendre une attitude en la matière, mais je crois qu’il va falloir travailler et faire un effort de mémoire. La première chose, c’est d’abord d’identifier les faits, de poursuivre, d’éviter l’impunité et puis on verra dans la foulée alors quelle qualification donner à ces faits. Mais ce que nous souhaitons surtout c’est que les auteurs ne restent pas impunis", a réagi Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères.
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