Les agriculteurs vont défendre leur cause lundi à Bruxelles. Certains d'entre eux ont déjà gagné la capitale ce dimanche après-midi pour participer à une action dans le quartier européen, fermé au trafic.
Bruxelles s'apprête à accueillir lundi plusieurs milliers d'agriculteurs mécontents des prix du lait et du porc, à l'occasion d'un conseil extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture convoqué notamment à la demande de la Belgique et de la France. Plus de 5.000 agriculteurs et un millier de tracteurs sont attendus.
Certains fermiers, éleveurs, producteurs laitiers ont pris dès ce dimanche le chemin de la capitale, pour une première action du collectif D19-20, qui réunit agriculteurs et consommateurs dans le quartier européen. Quelque 150 personnes selon la police, 600 selon les organisateurs, ont répondu à l'appel ce dimanche au rond-point Schuman à Bruxelles. On prévoit l’arrivée ce dimanche après-midi des fameux tracteurs venus d’Allemagne. Ceux-ci passeront donc la nuit dans le quartier européen.
Les axes perturbés à Bruxelles
Le quartier européen sera le point de ralliement de deux cortèges, ils y arriveront vers 13h. Le premier groupe de manifestants partira de la gare du Nord vers midi. Le deuxième cortège partira de l'avenue de Tervuren vers 11h.
Concernant la STIB, la station de métro Schuman restera fermée toute la journée de lundi. Les arrêts Charlemagne, Froissart, Breydel, Parc Léopold (bus 21), Livingstone (22) et Ambiorix (22) ne seront par ailleurs pas desservis. Il est conseillé aux usagers de rejoindre les arrêts Maelbeek (depuis Parc Léopold, Charlemagne, Livingstone ou Ambiorix), Nerviens (depuis Breydel) ou Froissart (arrêt provisoire rue Belliard) pour emprunter les bus. La Stib précise que les lignes de tram 92 et 93, et de bus 14, 27, 29, 47, 57, 58, 61, 63, 64, 65, 66, 80 et 88 seront touchées par les perturbations liées à la manifestation, puisqu'elles se trouvent sur le parcours.
Pensez à consulter le site de la STIB pour prévoir vos parcours. Les agriculteurs devraient quitter la capitale vers 16h.
Les axes à éviter en Wallonie
Ce lundi, de nombreux agriculteurs devraient converger vers la capitale, depuis différentes villes du pays. Les perturbations devraient donc concerner les principaux axes d'accès à Bruxelles, à savoir les autoroutes E411, E19, E40 et E429 ainsi que les routes N4, N5, N6 et N7.
Diverses raisons à cette crise
Ces agriculteurs en colère sont désormais aussi déprimés que les prix qui, après la crise de 2009, s'étaient redressés jusqu'en 2013-2014, avant de chuter: en juin dernier, le prix moyen du litre de lait vendu par le producteur était de 28,2 centimes d'euro, soit 25% de moins qu'un an auparavant. Les causes de cette baisse ne sont pas unanimement partagées. Certains font valoir la volatilité générée par la suppression des quotas laitiers le 1er avril dernier, qui a entraîné une surproduction néfaste car conjuguée à l'essoufflement de la consommation mondiale. La décision de la Chine de réduire ses importations de 20% de lait pèserait lourd à cet égard. Mais la crise de 2009 avait eu lieu à une époque où les quotas régulaient encore le marché. D'autres mettent l'accent sur l'embargo russe.
Pas d'améliortations prévues avant 2016
Si ses effets se font sentir en Belgique pour la poudre de lait, c'est surtout par ses répercussions indirectes que l'embargo pèse: des Etats voisins du géant russe, comme les pays baltes, se voient privés de leur plus important débouché, augmentant donc la production restant en Europe et faisant pression sur les prix. Les prévisions ne sont pas optimistes pour les 4 à 5 mois à venir, même si un redressement est attendu en 2016. Largement le temps toutefois pour certaines exploitations de mettre la clé sous la porte, selon les fédérations agricoles. Face à cette crise qui menace de devenir structurelle, la France et la Belgique sont à la pointe de la contestation et ont obtenu la tenue d'un conseil extraordinaire des ministres européens de l'Agriculture, ce 7 septembre à Bruxelles.
Un prix en discussion
La Belgique espère une annonce dès lundi sur une aide de trésorerie pour les secteurs laitier et porcin, peut-être via une mobilisation de fonds provenant du "superprélèvement", la cagnotte des pénalités sur les dépassements de quotas laitiers. Quelque 450 millions d'euros non budgétés auraient été accumulés dans cette cagnotte et l'Allemagne, poids lourd de la PAC jusqu'ici réticente à ponctionner le super-prélèvement, semble plus encline à le faire sous la pression de ses agriculteurs. L'Europe devrait accepter sans trop de difficultés l'anticipation des paiements sur les aides directes de la Politique agricole commune (PAC), une mesure non coûteuse qui ne réclamerait que le renoncement temporaire à certains contrôles. Mais la Commission européenne devrait en revanche se raidir sur la demande d'un relèvement - même très temporaire et encadré - du prix d'intervention, ce seuil de 17 centimes le litre - inaccessible pour les pays producteurs d'Europe occidentale - à partir duquel l'Union consent à acheter et stocker du lait avant de le revendre une fois le marché revigoré.
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