Les centres publics d'action sociale sont très impactés par la crise sanitaire. Partout, dans les 262 CPAS de Wallonie, le constat est similaire: les demandes d'aides explosent et un nouveau public vient demander assistance. Ce sont les étudiants, les indépendants, les commerçants.
Nous nous sommes rendus au CPAS de Nivelles. L'assistant social en chef confirme l'explosion des demandes: 49% en plus par rapport à avant la crise du covid-19. Le nombre de dossiers de revenu d'intégration sociale (RIS) a bondi de 20%. "On a dû mettre en place des structures. Et tout ça dans l'urgence. Ça demandé énormément de travail, en plus d'assurer toutes les missions de base", indique Michaël Schmidt.
L'augmentation des demandes est bien plus forte qu'en 2008
En neuf mois, entre avril et décembre 2020, le nombre de revenus d'intégration sociale a augmenté en moyenne de 10% dans toute la Wallonie. Selon le Bureau du plan, le nombre de revenus d'intégration pourrait être multiplié par trois dans les deux ans.
A titre d'exemple, lors de la crise des subprimes en 2008, les CPAS avaient été confrontés à une explosion des demandes. Mais rien à voir avec ce que l'on vit aujourd'hui. L'augmentation n'était "que" de 15% sur les deux années qui ont suivi la crise.
Nous sommes à couteaux tirés, à flux tendu
Les autorités fédérales et régionales ont augmenté les subsides accordés aux CPAS. Le fédéral a octroyé 125 millions d'euros et la région 20 millions. Une faible partie de ces subsides se destine au personnel, et les équipes présentes doivent assumer la surcharge de travail.
En première ligne, les travailleurs dans les CPAS doivent souvent intervenir en urgence pour des situations difficiles, et cela avec du personnel souvent absent (en télétravail ou en quarantaine).
"Nous sommes à couteaux tirés, à flux tendu, systématiquement. Puisque nous avons de plus en plus de demandes pour des aides sociales ou des revenus d'intégration", confie Colette Delmotte, président du CPAS de Nivelles.
Résultat: l'année 2020 se termine avec un personnel sur les genoux. 2021 risque pourtant d'être pire. Les CPAS s'attendent à subir les répercussions de la crise sur les secteurs empêchés de travailler: coiffure, horeca, culture, événements, etc. Bref, les centres s'attendent à un véritable tsunami d'ici 2022.
Pas seulement une question d'argent
Le travail du CPAS ne se limite pas à accorder un soutien financier aux demandeurs. Le rôle des assistants sociaux comporte également un volet mental. L'importance de cette mission a nettement augmenté avec le coronavirus. A Nivelles, où nous nous sommes rendus, une cellule gère au quotidien les troubles psychologiques, les violences intra-familiales ou les problèmes de solitude.
"Les enfants étant partiellement ou totalement déscolarisés, cela accroît les difficultés qu'ils peuvent rencontrer. Que ce soit au niveau psychologique, logopédique...", explique Florence Bisarello, directrice des services sociaux. Un psychologue et un logopède ont d'ailleurs été engagés pour accompagner les enfants.
Le covid et le confinement ont également fait augmenter un autre type de prise en charge. "Il y a aussi tout l'aspect d'augmentation des violences intra-familiales. Des familles qui vivaient déjà des problématiques, qui se retrouvent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, enfermées dans quatre mur. Ça a forcément eu un gros impact", précise Florence Bisarello.
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