Le Centre d'appui bruxellois (CAB), une asbl qui suit les auteurs de violences sexuelles et qui est subventionnée par le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V), va perdre près de 20% de son subside. Une décision qui condamnerait l'asbl qui fonctionne déjà dans un cadre budgétaire minimaliste. Résultat: 275 auteurs d'infractions à caractère sexuel se retrouveraient sans suivi thérapeutique adapté.
Le Centre d'appui bruxellois (CAB) a vu le jour dans la foulée de l'affaire Dutroux, suite aux carences apparues dans le suivi des délinquants sexuels en libération conditionnelle. Le législateur avait alors créé le CAB dans le cadre d'un accord de coopération entre l'Etat fédéral, la Cocom et la Cocof.
Cette asbl remplit différentes missions établies par la loi: recevoir les délinquants sexuels condamnés qui peuvent bénéficier d'une mesure alternative; les évaluer; rédiger des avis; les orienter vers l'équipe spécialisée la mieux adaptée et vérifier périodiquement si le suivi est adéquat. "Le taux de récidive diminue de moitié quand il y a une prise en charge thérapeutique", remarque Michèle Janssens, coordinatrice du CAB. "La réinsertion sociale des détenus est également favorisée. Notre travail vise donc à protéger les victimes potentielles. On évalue les auteurs à leur sortie de prison et on adapte leur traitement. C'est une politique qui a fait ses preuves et qui est mise à mal par un sous-financement. La prison coûte plus chère que de leur proposer un suivi adapté".
"Il n'y aura pas d'autre alternative"
Pour mener ses missions, le CAB dispose d'un subside de 181.400 euros, dont 90% de la somme sert à payer le personnel (3 psychologues à mi-temps et une secrétaire). Avec cela, le Centre traite 275 dossiers de délinquants sexuels chaque année. Mais il y a un hic: le ministre de la Justice, Koen Geens, a décidé de réduire le subside du CAB de 20%, faisant passer le montant à 147.000 euros. Une décision qui signifierait la fin de l'asbl. "Compte tenu de la situation dramatique que le CAB traverse en ce moment, il n'y aura d'autre alternative que de devoir liquider le CAB et de licencier tout le personnel à défaut de recevoir le subside lui permettant de réaliser ses missions légales", a indiqué par courrier la coordinatrice du Centre d'Appui Bruxellois au minsitre de la Justice.
"Cette façon de procéder témoigne d’un mépris pour nos services"
Mais au-delà de la réduction des subsides, les membres du CAB déplorent la façon dont Koen Geens a agi. "Nous n’avons appris la réduction de nos subsides de l’année en cours qu’en questionnant l'administration judiciaire et nous ne l’apprenons que fin avril, soit 4 mois après le début de l’exercice en question. Cette façon de procéder témoigne d’un mépris pour nos services qui n’ont plus à démontrer la qualité et la pertinence de leur travail pour lutter contre les violences sexuelles en Belgique", peut-on encore lire dans le courrier adressé au ministre de la Justice.
Autre élément dont le ministre de la Justice n'a pas tenu compte: selon la loi du 12 mars 2000, il est censé garantir l'existence du CAB et permettre son fonctionnement correct. Or, en réduisant les subsides de 20%, les membres du centre assurent que ce ne sera plus le cas, l'asbl fonctionnant déjà dans un cadre budgétaire "minimaliste".
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