Francis Gomez, le secrétaire général de la Fédération liégeoise de la FGTB, est l’invité de la rédaction de Bel RTL. Martin Buxant l’interroge sur les perturbations engendrées par la grève à Liège lundi dernier.
Martin Buxant: M. Gomez, est-ce que vous reconnaissez le droit à la libre circulation des biens et des personnes? Est-ce qu'il y a une exception à Liège?
Francis Gomez: Non il n'y a pas d'exception à Liège. Nous reconnaissons les lois européennes. Il y a eu un certain nombre d'actions qui ont été initiées par des travailleurs. Celles-ci ont entrainé des désagréments pour les voyageurs sur les différentes autoroutes, avec les incidents qu'on connaît. Non, nous pensons qu'il est plus utile de s'atteler à montrer que les travailleurs sont contre la politique du gouvernement, et d'essayer d'éviter au maximum les désagréments.
M. B.: Pour bien comprendre, qu'est-ce qui vous permet d'empêcher M. Tartempion d'aller d'un point X à un point Y et d'aller travailler?
F. G.: Non non, rien. Rien ne l'empêche. Je le dis et je le répète, notre action ne visait pas à bloquer quoi que ce soit. Il y a ces débordements, nous en prenons acte et nous allons essayer de préciser les modalités de grève avec le bureau de la FGTB pour que ces situations ne se reproduisent plus.
M. B.: Et sur le droit au travail, vous êtes prêts à y réfléchir ou pas?
F. G.: Mais le droit au travail existe, monsieur. Mais ce droit au travail n'est pas accordé de la même manière pour tous les citoyens. Il y a 800.000 chômeurs. Est-ce que ce gouvernement se préoccupe du droit au travail pour ces personnes-là? On se préoccupe évidemment de quelques incidents et on élude la difficulté de centaines de personnes.
M. B.: En Belgique les syndicats n'ont pas de personnalité juridique. Il n'y a donc pas moyen de vous attaquer ou de vous faire condamner. Vous trouvez ça équitable par rapport aux citoyens qui doivent faire attention?
F. G.: Oui je trouve ça équitable, d'autant plus que ça fait partie d'un grand compromis mis en place après-guerre. Il indique que les différents rapports de force s'équilibrant, il permettrait de mettre en place de grands accords, qui ont toujours fait avancer et fonctionner notre État. Mais aujourd'hui le gouvernement s'attaque à tous ces grands acquis.
M. B.: Les libéraux ont annoncé qu'ils déposeraient des propositions pour que les syndicats disposent à l'avenir d'une personnalité juridique. C'est de la provocation ça?
F. G.: Bien entendu! On verra bien comment ça va se passer. Au travers de cette orientation, le gouvernement veut limiter le pouvoir des organisations syndicales, afin de pouvoir continuer à mettre en place sa politique rétrograde.
M. B.: Mais vous ne laisserez pas passer ça, la personnalité juridique?
F. G.: Vous pouvez considérer que ce serait une déclaration de guerre.
M.B.: Une déclaration de guerre, d'accord. Vous allez tenir plusieurs réunions cette semaine avec les instances de la FGTB. Est-ce que vous allez laisser tomber les blocages autoroutiers?
F.G. : Je vous rappelle que ce n’est pas l’habitude de l’organisation syndicale de décréter des blocages d’autoroutes…
M.B. : Vous avez dit que vous ne couvririez plus les actions sauvages?
F.G. : Nous allons certainement, mais le bureau va se tenir ce matin, nous allons certainement amener un message à l’ensemble de nos militants afin que ces choses-là ne se reproduisent plus. Nous avons plusieurs centaines de milliers d’affiliés. Vous comprendrez que nous n’avons pas la possibilité de les contrôler tous.
M.B. : Est-ce que vous avez vos troupes à 100% sous contrôle?
F.G. : Bien sûr, il y avait des dizaines de milliers de travailleurs dans l’action la semaine passée, mais ce que vous citez comme étant des débordements ne concernaient que quelques centaines de personnes.
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