Les hôpitaux du pays manquent toujours cruellement de personnel. Des solutions sont sur la table, comme mobiliser les demandeurs d'asile diplômés, mais le gouvernement n'en veut pas.
Le personnel hospitalier est épuisé et la crise sanitaire n'a fait qu'aggraver la pénurie de médecins et d'infirmiers. En Wallonie, il y a actuellement plus de 3400 offres d’emploi dans le secteur de la santé. La moité de ces offres concerne des postes d'infirmier et elles ne trouvent pas preneurs. Des solutions existent pourtant pour combler le manque de bras. On pourrait, par exemple, alléger un peu le numerus clausus, c'est-à-dire la limitation du nombre d'étudiants médecins autorisés à pratiquer. On pourrait également embaucher des demandeurs d’asile qui ont le diplôme requis.
Des solutions écartées pour des raisons politiques
Le gouvernement vient pourtant d’écarter ces solutions, pour des raisons purement politiques. Sur le numerus clausus, la pénurie est plus marquée en Belgique francophone, mais les partis flamands du gouvernement sont opposés à tout assouplissement. Pour l'envoi de demandeurs d'asile qui ont le diplômes requis dans nos hôpitaux, on assiste à un incroyable renvoi de balle politique. Le gouvernement wallon est favorable à la solution mais constate un blocage au fédéral, qui est compétent pour l'octroi d'un permis de travail. Au fédéral, le secrétaire d'Etat à l'asile et à la migration a bien chargé les services de Fedasil de dresser une liste des profils. Il y a 180 demandeurs d'asile actuellement chez nous qui pourraient exercer dans le secteur de la santé, mais on indique aussi que le commissaire spécial chargé de la lutte contre le coronavirus n'a pas jugé cette réquisition des demandeurs d'asile utile, or le commissaire au coronavirus dément cette prise de position.
Difficile à comprendre sur le terrain
Pour le personnel de terrain, le refus du gouvernement est difficile à comprendre. A l'hôpital Epicura d'Hornu, il y a des fonds pour engager des infirmiers, mais pas de candidats: "Le fonds Blouses blanches nous a accordé des moyens importants, ici à Epicura, ça représente plusieurs millions d'euros, et il est très difficile de les utiliser pour engager du personnel", confie François Burhin, directeur général du groupe hospitalier.
"Pourquoi pas les utiliser, nous en avons besoin"
Avec le sous-effectif chronique et la fatigue, les infirmiers comprennent d'autant moins qu'on recale des solutions pour utiliser toutes les forces vives, comme l'appel à des personnes demandeuses d'asile et qualifiées. "Pourquoi pas les utiliser, nous en avons besoin", se demande Alda Dalla Valle, vice-présidente de la Fédération nationale des infirmiers. C'est l'incompréhension aussi, qu'il ne soit pas question qu'on autorise tous les étudiants belges qui réussissent à exercer la médecin: "On comprend mal pourquoi nous devons faire des efforts pour chercher des médecins à l'étranger alors que l'on dispose de facultés de médecine tout à fait performantes", explique le directeur général d'Epicura.
Faire revenir les découragés
Le ministre fédéral de la Santé rappelle qu'il a autorisé des professions médicales à aider le personnel médical fatigué par la crise covid dans certaines tâches. Mais il y aurait mieux à faire : remotiver ceux qui ont quitté le métier, découragés. "Il faut les faire revenir, en leur donnant une valorisation réelle, 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans d'études, au niveau académique, on n'a pas la même valorisation qu'un autre qui a le même diplôme, et ça, c'est dangereux, parce que ce n'est pas reconnaître la valeur de la profession", estime la vice présidente de la Fédération des infirmiers.
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