Une circulaire polémique du procureur du Roi de Liège a été publiée ce vendredi matin dans les journaux du groupe SudPresse. Selon lui, le parquet est débordé et doit faire des choix. Les automobilistes qui utilisent leur GSM au volant pourraient ainsi ne plus être systématiquement poursuivis. Un reportage de Frédéric Delfosse avec Lila Montou et David Muller.
Actuellement, 54 magistrats sont disponibles, au lieu des 69 prévus, pour Liège, Huy et Verviers. En raison de ce manque d’effectifs, le procureur du Roi de Liège affirme devoir faire des choix. "Nous ne pouvons plus poursuivre toutes les infractions, notamment en matière de GSM au volant et de vitesse. Mais il n’a jamais été question de donner instruction aux policiers de ne plus verbaliser", a déclaré Philippe Dulieu dans les colonnes du journal La Meuse.
"Le policier va préférer fermer les yeux"
Cet aveu du procureur du Roi liégeois laisse perplexe l’agence pour la sécurité routière qui a recueilli le témoignage de plusieurs policiers décontenancés. "Le policier doit en principe verbaliser une infraction lorsqu’il la constate mais si à chaque fois qu’il le fait on lui demande de se justifier, si vraiment il y avait mise en danger immédiate d’autrui, c’est évident que cela va démotiver le policier qui va préférer fermer les yeux", souligne Benoît Godart, porte-parole de l’IBSR.
En Belgique, chaque jour, le GSM au volant provoque quatre accidents au moins avec des blessés, sans compter les simples accrochages. Et les automobilistes en sont conscients. "Je ne suis pas le seul. On en croise souvent", assure un conducteur. "Dès fois, au feu rouge on voit des gens sur leur téléphone ou bien qui accélère. Ils ne font pas attention à ce qui se passe devant quoi", affirme une jeune femme au volant. Le risque d’accident est multiplié par 23 lorsque l’on écrit un sms en conduisant.
"C’est assez incroyable comme message"
Ce message de la justice liégeoise est donc dangereux pour l’association des parents d’enfants victimes d’accidents de la route. "C’est assez incroyable comme message. Cela veut dire que l’on ne trouve pas important que plus de 700 victimes mortelles soient encore comptées sur nos routes belges en un an. Je ne comprends pas bien l’attitude de monsieur le procureur", regrette Koem Van Wonterghem, administrateur délégué de l’asbl.
Depuis ce vendredi, l’association lance justement une campagne de sensibilisation qui invite les automobilistes à "laisser le GSM dans la boîte à gants".
Vos commentaires