Un front commun syndical mène une journée d'actions ce jeudi dans les secteurs de l'Aide à la jeunesse et de l'Accueil de l'enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Cette journée est couverte par un préavis de grève. Les syndicats critiquent l'absence de prime d'encouragement au personnel pour ses efforts fournis cette année face à la pandémie de coronavirus.
Un rassemblement d'une centaine de personnes est prévu à midi Place Surlet de Chokier à Bruxelles devant le cabinet du gouvernement de la FWB. Il est prévu de manifester de la colère sous la forme d'un haka (danse virile des rugbymen néozélandais). Des arrêts de travail pourraient se produire dans les milieux de l'accueil extra-scolaire ou dans les crèches. Les syndicats ne sont pas demandeurs de rencontrer le gouvernement cette fois ci. La réponse des cabinets jusqu'ici a été: pas de prime d’encouragement.
Pour rappel, le 14 novembre, le gouvernement fédéral annonçait une prime unique de 985€ au personnel hospitalier. Le bonus devrait être versé aux travailleurs de ce secteur au plus tard fin janvier 2021. Les régions wallonnes et bruxelloises ont continué dans cette lancée en étendant cette somme à tout le secteur socio-sanitaire. Quant à la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle n’a encore rien décidé pour le secteur de l’Aide à la jeunesse et de l’Accueil de l’enfance
Les syndicats rappellent que pour une revalorisation des professions, la FWB n'a dégagé en 2021 que 8 millions d'euros et rien de plus à ce stade pour les années suivantes. Le personnel de l'Aide à la Jeunesse et de l'Accueil de l'Enfance a pourtant été en première ligne pendant les deux vagues de la crise. Ils ont le sentiment d'être traités comme des travailleurs de seconde zone.
Notre avons recueilli les témoignages de Bila, un éducateur spécialisé, et Isabelle, une puéricultrice. Ceux-ci confient de plus grandes difficultés et de la fatigue.
Pour Bila, éducateur spécialisé dans un centre d'aide à la jeunesse à Vottem près de Liège, le confinement a des effets sur le comportement de certains jeunes qui deviennent plus difficiles, ce qui entraîne davantage de tensions. A cela s'ajoute parfois un manque de personnel. "Quand il y a un absent, on peut se retrouver seul pour 16 à 20 enfants, par exemple", dit Bila.
Certains jeunes peuvent s'avérer très difficile à maîtriser. Bila décrit quelques situations: "Lundi soir, j'ai dû physiquement arrêté un jeune qui ne voulait pas respecter le cadre. Un autre voulait absolument fumer. Mais il a 13 ans et n'a donc pas l'âge. Un jeune a refusé de retourner dans sa chambre à 22h alors que l'heure prévue est 21h", raconte-t-il. Le moment du repas n'est pas non plus un moment calme malgré la distance à table. Beaucoup de ces jeunes sont déscolarisés et le lien à distance, par écran interposé, avec l'école est parfois ardu à maintenir.
Isabelle qui est puéricultrice estime aussi que le personnel est insuffisant car, notamment, "il y a des malades chaque semaine". Deux mi-temps s'occupent de 10 enfants dans sa crèche : "La personne est seule soit le matin soit le soir avec 10 enfants", dit-elle. La charge de travail est encore accentuée par les contraintes sanitaires lourdes : "Il faut désinfecter et nettoyer le matériel plusieurs fois par jour". Bref, on a plus de choses à faire mais pas plus de temps", résume-t-elle.
Le rapport avec les parents n'est pas toujours simple: "Quelques parents ne respectent pas la distanciation ou le port du masque". Et vient se rajouter a crainte d'attraper le coronavirus, accru par le fait que la crèche accueille des enfants du personnel soignant de première ligne.
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