Menés par les syndicats en front commun, les travailleurs veulent marquer leur désaccord par rapport au plan de transformation annoncé jeudi dernier. Une restructuration qui mènera à la perte de 1.900 emplois et l'engagement de 1250 nouvelles personnes.
Le personnel de Proximus est en grève ce mardi. Concrètement, comment va se traduire l'action pour les 3,5 millions de clients ? "Les clients qui souhaiteraient se rendre aujourd'hui dans un magasin Proximus risque de le trouver fermé. Le temps d'attente à notre numéro d'appel d'aide 0800 sera plus long. Les clients qui ont un rendez-vous avec un technicien pour un raccordement ou un dérangement risquent de devoir reporter leur rendez-vous. Proximus prendra l'initiative de les recontacter pour proposer un nouveau rendez-vous", a détaillé Jean-Paul Philippon, le président national du syndicat SLFP interrogé par notre journaliste Sébastien Capette. Tous les services télé, internet et mobile en revanche fonctionneront normalement.
Un mouvement d'humeur a aussi lieu dès 8h ce matin devant les deux tours Proximus à Bruxelles. Notre journaliste Sébastien De Bock est sur place.
Hier, le gouvernement a promis aux syndicats qu'il ferait tout pour éviter les licenciements secs (lire notre compte-rendu ci-dessous). La phase de consultation pourrait débuter jeudi avec la direction.
Les syndicats ont rencontré le gouvernement: un message positif mais beaucoup d'inquiétude
Toujours dans l'incertitude depuis l'annonce du plan de transformation de Proximus, les syndicats ont rencontré le Premier ministre lundi après-midi. L'Etat est actionnaire à plus de 53% de l'entreprise. Le gouvernement s'est engagé à éviter les licenciements secs, mais l'inquiétude règne toujours et une grève a donc été lancée ce mardi. Pour rappel, 1.900 pertes d'emploi et 1.250 engagements ont été annoncés.
Avant la rencontre avec le Premier ministre, les représentants du personnel de Proximus avaient réclamé un signal fort. "On aimerait bien donner un peu d'espoir aux employés de l'entreprise qui, depuis sept jours maintenant, vivent dans l'insécurité, et depuis sept jours n'ont pas reçu le moindre signal positif de la part de l'entreprise", a déclaré Jean-Claude Philippon, permanent SLFP, le Syndicat libre de la fonction publique. Notre journaliste a alors demandé s'il n'y avait pas eu de lettre ou d'email d'explication. "Rien du tout", a simplement répondu le représentant du SLFP.
Alors, ce signal fort demandé doit-il venir de l'Etat? "L'Etat peut-être pas, mais l'actionnaire principal, oui. Et nous venons trouver l'actionnaire principal de l'entreprise", a réagi Jean-Claude Philippon.
J'espérais un soutien beaucoup plus formel
Après deux heures de réunion avec le gouvernement, la déception se lit sur les visages des représentants syndicaux. "J'espérais beaucoup plus. Un soutien beaucoup plus formel que celui que nous avons eu ici", nous a confié Laurent Malengreau, vice-président CGSP Télécom. Les représentants du personnel de Proximus sont peu rassurés.
Et lorsqu'on demande au ministre de l’Emploi qui les syndicats ont rencontré, on comprend leur déception. "On a parlé avec les syndicats, le gouvernement avec les syndicats, pas avec l'actionnaire", s'est exprimé Kris Peeters, ministre fédéral de l'Emploi et de l'Economie.
Pas de licenciement sec, c'est ce que le gouvernement souhaite, et il préfère des jobs à des dividendes
Un point positif tout de même: la volonté annoncée du gouvernement d'éviter les licenciements secs. Et le message a semble-t-il été bien reçu. "Pas de licenciement sec, c'est ce que le gouvernement souhaite, et il préfère des jobs à des dividendes", a expliqué Jean-Claude Philippon après la rencontre. "On a surtout entendu qu'entre les dividendes et l'emploi, il ferait le choix de l'emploi", a précisé Stéphane Daussaint, responsable général de la CSC Transcom.
Les engagements annoncés auront-ils lieu en Belgique ?
Le choix de l’emploi, oui, mais les syndicats sont sceptiques sur les 1.250 nouveaux postes de travail annoncés. "Il y aurait en effet 500 emplois au niveau de Proximus. Le restant serait au niveau des filiales", a réagi Laurent Malengreau, de la CGSP Télécom. "Le Premier ministre trouve ça normal?", avons-nous demandé. "Pour lui c'est de l'emploi. Maintenant filiale… Si vous prenez une filiale à l'étranger, oui c'est une filiale, mais l'engagement ne sera pas en Belgique", a répondu Laurent Malengreau.
"On doit investir, pour la première étape, dans les gens qui sont au chômage", s'est de son côté exprimé Kris Peeters.
En attendant, Proximus est à l’arrêt pour ce mardi. Une action de grève touche tous les services. Les négociations entre la direction et syndicats de l’entreprise débuteront sans doute jeudi.
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