Alors que le niveau de menace terroriste n'a pas baissé, selon un témoin français qui vient travailler en Belgique tous les jours, il n'y a plus aucun contrôle de police à la frontière avec la France. De quoi alimenter les discussions entre France et Belgique dans le mini-sommet antiterroriste organisé ce lundi à Bruxelles.
La menace terroriste est toujours bien présente et réelle. Nous sommes toujours en alerte de niveau 3 sur une échelle de 4, et on s’attendait donc à ce que les mesures de sécurité prises dans la foulée des attentats de Paris soient maintenues au moins le temps que le niveau de menace redescende d’un cran.
Parmi ces mesures, il y avait la surveillance renforcée de la frontière avec la France. Des contrôles de police quotidiens des automobilistes rentrant en Belgique depuis la France étaient effectués.
Mais officiellement, cette surveillance est impossible à évaluer à l'heure actuelle. Bel RTL n’a en effet pu obtenir de chiffres sur un éventuel bilan de ces contrôles, malgré tous les efforts de notre journaliste Antoine Perret, qui s’en est donc remis aux impressions du terrain.
Il a pris la direction de plusieurs postes-frontière franco-belges et y a rencontré Mathieu, un Français qui se rend à Tertre, près de Saint-Ghilain, chaque jour. Pour lui, le soufflé est clairement retombé depuis les attentats. Les contrôles sont dorénavant quasi inexistants côté belge.
"Jusque début janvier, il y avait des contrôles. Maintenant il n’y a plus rien du tout vers la Belgique. Ça me surprend. Sur le territoire français, il y a quand-même pas mal de contrôles encore ; surtout sur l’autoroute car sur les axes secondaires il n’y a plus de contrôle. Mais il n’y a plus que des contrôles français. La police belge, il n’y a plus personne", dénonce Mathieu.
On s'inquiète des migrants à la côte belge, les Français de faciliter les échanges d'informations
Pour faire le point sur la collaboration entre nos deux pays, une rencontre au sommet aura lieu cet après-midi à Bruxelles. Une réunion franco-belge entre les Premiers ministres Charles Michel et Manuel Vals à laquelle assisteront aussi les ministres de l'Intérieur Jan Jambon et Bernard Cazeneuve, ainsi que ceux de la Justice, Koen Geens et Jean-Jacques Urvoas, nouvel arrivé au gouvernement français en remplacement de Christiane Taubira.
Si cette réunion de travail est consacrée à la lutte contre le terrorisme, notre souhaite aborder aussi la situation dans les camps de migrants de Calais et Dunkerque qui "inquiète" des communes frontalières en Belgique. Charles Michel a récemment envoyé une lettre à Manuel Valls pour lui demander de prendre des mesures concernant les camps de migrants improvisés dans la région de Calais et Dunkerque qui affectent la situation de plusieurs communes côtières belges. "Le but est d'avoir des engagements concrets de la France sur les aspects humanitaires, mais aussi sécuritaires", a plaidé cette semaine le chef du gouvernement belge devant une commission parlementaire. Le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, a averti, lui, qu'il ne "tolérerait pas" que des campements comparables à la "jungle" de Calais voient le jour en Belgique.
Côté français, la réunion de lundi doit permettre de faire le point sur "la coopération franco-belge en matière de lutte contre le terrorisme et la radicalisation" et d'examiner les moyens de "la renforcer". Les participants se pencheront notamment sur la manière dont l'échange d'informations entre les deux voisins pourrait être "fluidifié". Pour l'heure, par exemple, la Sûreté de l’Etat (belge) ne peut pas signaler directement dans le Système d'information Schengen (SIS, équivalent européen du fichier des personnes recherchées français) les personnes qu'elle considère dangereuses: elle doit passer par la police fédérale belge, explique-t-on à Matignon.
D'ailleurs, à ce volet bilatéral s'ajoutera un volet européen, afin d'étudier "quelles actions peuvent être soutenues" pour lutter contre le terrorisme au niveau de l'UE et de l'espace Schengen, a précisé un conseiller à l'AFP. Ainsi, Paris insiste pour que le registre européen des données des passagers aériens, dit "PNR", adopté en décembre en commission au Parlement européen, soit mis en oeuvre dès à présent. La France souhaite aussi la mise en place d'un corps européen de garde-frontières et veut rendre systématique le contrôle des ressortissants européens à l'entrée de l'espace Schengen.
Enfin, M. Valls attend de la Commission européenne qu'elle fasse rapidement des propositions législatives alors qu'elle doit présenter mardi son "plan d'action" sur la lutte contre le financement du terrorisme.
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