Rudy Demotte, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (PS), était l’invité de Martin Buxant ce matin. Il a notamment répondu aux craintes des syndicats et des enseignants concernant le Pacte d’Excellence.
MARTIN BUXANT: Cela fait des mois, même des années, que vous nous dites que vous consultez très largement… Et puis finalement, vous vous faites recalés par les syndicats. C’est que, dans la méthode, il y a tout de même un problème.
RUDY DEMOTTE: "Ce n’est pas quelque chose qui me surprend."
Vous vous attendiez à ce qu’on vous dise non ?
"En tout cas, le "non mais" montre qu’on n’est pas dans une formule de pur rejet. Les positionnements ne peuvent pas aujourd’hui, quand les lignes doivent encore être reprécisées, être nécessairement enthousiastes. On attend donc plus de précision."
Est-ce que vous dites que vous allez maintenant donner le tempo pour la grande réforme de l’enseignement ?
"Non, on a eu un conseil des ministres qui a abordé cette question hier et on a décidé avec Marie-Martine Schyns que c’était une question d’équipe, parce que l’un vise les compétences de l’autre. Ici, on est devant un dossier qui est tellement important, cela ressemble un peu au Plan Marshall. Quand on l’a conduit en Wallonie, c’était l’affaire de toute une équipe. Le chef d’équipe doit s’en préoccuper, bien sûr."
Donc maintenant, c’est un duo, Marie-Martine Schyns et vous, pour l’enseignement ?
"Cela a toujours été une équipe. D’abord, cela a été le prédécesseur, en l’occurrence Madame Milquet, de l’actuelle ministre Madame Schyns. On a discuté, on a mis en place les conditions, on a des moyens pour le suivi. Cela va demander beaucoup de moyens financiers, il faut que le ministre du Budget s’en occupe. Il y a d’autres ministres en charge de l’enseignement en promotion sociale, c’est Madame Simonis, pour l’enseignement supérieur, c’est Monsieur Marcourt. Cela concerne toute une équipe."
Plus de 100.000 enseignants côté francophone, est-ce un mammouth impossible à réformer ?
"C’est un paquebot l’enseignement. Quand on doit faire bouger les lignes pour 130.000 personnes, c’est vraiment très difficile. Parce qu’on ne touche pas à quelque chose d’anecdotique. Ce n’est pas une structure de 200/300 personnes. Ce sont des compétences multiples, des personnes qui ont une réflexion intense depuis longtemps sur leur métier, qui ont aussi des angoisses…"
Vous diriez qu’ils sont conservateurs ?
"Je pense que ce n’est pas l’enseignant qui a intrinsèquement une forme de conservatisme. Quand on a un corps aussi massif et important à faire bouger, on se pose la question de savoir quelles sont les conséquences sur les autres ? Il faut surmonter ça en ayant encore beaucoup de force pour le dialogue."
Quel va être le calendrier de ces réformes ?
"Ici, on est vraiment dans un entonnoir décisionnel. Le groupe central qui travaille sur le pacte d’excellence va recevoir les derniers avis. D’ici fin du mois, il aura dû intégrer ces avis dans son document final. Ce document nous sera transmis et il doit être accompagné d’un autre élément, qui est une des demandes formulées par les syndicats, une précision sur la ligne d’exécution. On aura une proposition fin de ce mois et le gouvernement pourra se pencher dessus début du mois prochain."
Vous allez tenir compte des remarques des syndicats ?
"Quand on dit qu’on veut être rassurés en matière d’emploi, le but est de montrer la méthode qui sera utilisée…"
Il n’y aura pas de perte d’emplois ?
"Au contraire, il y aura une augmentation de l’emploi."
La formation des professeurs du primaire va-t-elle passer à 4 ou à 5 ans ?
"Dans notre accord du gouvernement, on dit 4 ans. Donc on va commencer par appliquer ce qui est dans notre accord de gouvernement."
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