"Remplacer les grèves traditionnelles des transports par la gratuité?", propose Guillaume via notre bouton orange Alertez-nous. Il n'est pas le seul citoyen à songer à cette alternative à la grève. Lui, utilise plutôt le terme "moderniser". "Je suis pour le droit à la grève, à manifester son mécontentement. Mais il serait peut-être temps de moderniser ce type de grève. Les transports en commun sont stratégiques dans notre pays. La preuve? Sans eux, c'est le chaos complet pour rejoindre la capitale. C'est un besoin vital pour l'économie du royaume. Dans certains pays asiatiques, les employeurs portent des brassards pour manifester leurs mécontentements. Chez nous, ce ne sera pas suffisant pour faire réagir nos politiques. D'où l'idée suivante, en cas de conflit: on continue le service mais on ne fait plus payer les passagers", réfléchit-il.
Illégal
Mais pourquoi cette forme de pression n'est jamais utilisée? Justement, elle l'a été, récemment, en Flandre, par des accompagnateurs de train qui ont fait la grève du contrôle des tickets, rapportent nos confrères du Vif. Mais la SNCB les a rappelés à l'ordre. Car c'est illégal. L'obstacle à ce moyen d'action est juridique. La grève, même si elle ennuie les citoyens, est légale. Permettre aux voyageurs de circuler gratuitement dans les transports publics est, lui, illégal. "Je crois que s'ils décident de ne pas faire payer, ils recevront une amende de la part de l'employeur car c'est considéré comme une faute", nous dit le service de presse du syndicat CSC. Comme il n'a pas l'air bien certain, nous appelons son homologue de la CGSLB, le syndicat libre. "Si le guichetier laisse passer les gens sans payer, il y a faute grave et la personne peut être licenciée", nous expose Didier Seguin, en train de participer à la manifestation dans le centre de Bruxelles. Il évoque aussi l'absence de couverture d'assurances des travailleurs si ceux-ci accomplissaient cette action illégale.
"Faute contractuelle"
C'est aussi un problème juridique que met en avant Emmanuel Wauters, avocat spécialisé en droit social au cabinet Crosslaw. "Il y aurait une faute contractuelle dans le chef des travailleurs qui sont tenus de respecter les règles en vigueur chez leur employeur. Ils se mettraient dès lors en porte-à-faux et encourraient des sanctions", estime-t-il. "Alors que faire la grève est un droit consacré par des traités internationaux et on ne peut reprocher à un travailleur de faire grève", poursuit le juriste.
Côté SNCB, le porte-parole nous indique simplement que les accompagnateurs de train, puisque ce serait les principaux concernés, "se doivent de respecter les conditions générales de transport".
Mais, au-delà du droit, les syndicats préfèrent probablement la grève à toute autre forme d'action, car elle met davantage de pression sur les dirigeants politiques. "C'est le seul moyen de pression efficace et le seul légal", juge le porte-parole de la CGSLB qui rappelle que les syndicats constituent un contre-pouvoir qui "fait avec ce qu'il a" dans les bras-de-fer qu'il a régulièrement avec le pouvoir. Et, conclut notre interlocuteur, la preuve de l'efficacité de la grève est que tout le monde veut... qu'on la remplace par autre chose.
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