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Près d'un Belge sur deux a toujours un problème avec l'homosexualité: "Ils se disent tolérants, mais quand il s'agit de leur propre enfant..."

Près d'un Belge sur deux a toujours un problème avec l'homosexualité: "Ils se disent tolérants, mais quand il s'agit de leur propre enfant..."
 
 

Ce 17 mai est la journée mondiale contre l’homophobie. L’occasion de rappeler que si notre pays a été, comme souvent, dans les premiers au monde à légiférer dans le sens de plus de tolérance, ce n’est pas forcément le cas des Belges. Aujourd’hui, en 2016, près de la moitié des Belges considèrent que "les relations homosexuelles ne sont pas naturelles".

Selon une enquête iVox, en 2016, 49% des Belges considèrent que les relations homosexuelles "ne sont pas naturelles", 24% affirment même qu'elles sont "contre-nature". 12% des Belges sont toujours gênés de voir deux hommes qui se tiennent la main dans la rue et ce chiffre monte à 38% face à un couple qui s'embrasse. Les hommes étant plus gênés que les femmes dans ce cas de figure.


"Les mentalités n'ont pas suivi" la loi

Des chiffres consternants, alors qu’en Belgique, l'homosexualité n'est plus un délit depuis 1972 et que les gays et les lesbiennes ont le droit de se marier depuis 2003. Chille Deman, le président de la Belgian Pride (anciennement Gay Pride) de Bruxelles, qui a réuni ce samedi 60.000 personnes, n’est pourtant pas étonné. Il a fait son coming out au début des années 80 et s’il admet que les lois ont changé depuis l’époque, avouer son homosexualité reste quelque chose de difficile aujourd’hui, 30 ans plus tard.

"Les mentalités n’ont pas suivi de la même manière et tout dépend du milieu dans lequel les gens sont, si c’est difficile ou pas de faire leur coming out. Il y a quand même encore énormément de gens qui sont « tolérants » -et je déteste ce mot car je ne veux pas être toléré mais accepté-, soit disant très ouverts d’esprit, mais s’il s’agit de leur propre enfant ou de quelqu’un de proche, regardent ça d’un très mauvais œil", a-t-il expliqué ce matin au micro de Julie Vuillequez sur Bel RTL.


Maladie, clandestinité et enfin la Gay Pride

Mais cette perception toujours discriminatoire qu’ont certains Belges de l’homosexualité ne doit pas faire oublier le chemin qui a déjà été parcouru. Chille était adolescent dans les années 60. "Mon papa m’avait dit que ça allait passer et qu’avec l’aide d’une femme, on allait pouvoir surmonter cette maladie, parce que c’était considéré comme une maladie." Il s’est donc marié, mais conservait secrètement ses préférences sexuelles.

Dans les années 70, il va même voir un médecin "pour demander quel médicament je pouvais prendre pour me libérer de ces pulsions". Le médecin l’envoie alors chez un psychiatre, qui lui explique la vérité : l’homosexualité n’est pas une maladie. Il mène alors une double vie. "Il y avait des bars, des lieux de rencontre parfois très très glauques, dans les parkings ou dans les parcs, mais on ne pouvait pas vivre son homosexualité au grand jour".

Chille devient militant en 1979 et en 1986, il participe à la Gay Pride à Cologne. Une révélation : "Pour la première fois j’étais amoureux et pour la première fois de ma vie je me suis promené main dans la main avec le garçon dont j’étais amoureux. C’était une libération énorme". En 1995, il a organisé la 1ère Gay Pride de Bruxelles.


L'homophobie regagne du terrain

Dix ans plus tard, en 2015, le centre pour l'égalité des chances a reçu 203 signalements pour discrimination homophobe (LGBT) et a ouvert 92 dossiers, une hausse par rapport à l’année précédente. En 2014, il avait reçu 167 signalements et ouvert 80 dossiers. Pourtant, les campagnes anti-homophobie se sont multipliées (formations de police, dans les écoles, dans les hôpitaux, etc.). Cette année, la police de la zone Bruxelles-Ixelles avait même installé un stand pendant la Pride, afin d'inciter les victimes à dénoncer les actes homophobes.


Pour les transgenres, "il y a encore un trajet à faire"

Désormais, les associations mettent l'accent sur d'autres membres de la communauté LGBT que les homosexuels. "Pour la problématique à laquelle on s’est adressée en premier, celle de l’homosexuel, il y a déjà eu beaucoup de progrès. Après, il y a eu comme un petit flottement, tout le monde s’est habitué à la situation en ne se rendant pas forcément compte qu’il y a encore des gens laissés pour compte ou des situations pas réglées. Donc en ce moment les associations mettent surtout l’accent sur la problématique des personnes transgenres, qui ont encore beaucoup de difficultés pour faire admettre leur situation, qui se trouvent face à des demandes assez extrêmes lorsqu’ils veulent par exemple faire changer leur genre sur leur carte d’identité. Donc là il y a encore un trajet à faire", note Carine Sunaert, membre de l'association lesbienne Fuchsia.

 

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