Baptiste Bataille est l'un des fondateurs de färm, une chaîne de magasins bio qui a ouvert son premier 'supermarché' récemment. Mais qui compose vraiment sa clientèle ?
Hier, nous avons dressé le portrait de färm, un concept de magasin bio qui a ouvert un grand supermarché coopératif et durable à Auderghem en région bruxelloise.
Cela a été l'occasion de dresser le portrait du consommateur bio en 2016. Qui est-il et pourquoi achète-t-il bio ? L'image du "bio-bobo" est-elle encore d'actualité ?
"Tout augmente: le nombre de références disponibles en magasins, le nombre de producteurs ou d'éleveurs, etc… Et la tendance devrait s'accentuer dans les années à venir", nous a expliqué Baptiste Bataille, un des fondateurs de färm qui a ouvert un troisième magasin à la fin de l'année 2015.
Il y aura donc de plus en plus de consommateurs également, mais qui seront-ils ?
Les "jeunes parents"
L'image de la petite épicerie bio fréquentée par des bobos en sandales a vécu. "Aujourd'hui, les nouveaux clients sont surtout des jeunes parents, qui prennent conscience de l'énorme responsabilité qu'ils ont", que ce soit au niveau de l'éducation pour que leurs enfants soit des consommateurs intelligents, ou au niveau de la qualité des produits qu'ils donnent à leur progéniture.
Selon Baptiste Bataille, ces parents sont "la nouvelle porte d'entrée". Et bien souvent, ceux qui goûtent au bio ne font pas marche arrière.
Les comportements changent
Mais le public est de plus en plus large. "Les gens acceptent de relocaliser leurs dépenses, de consacrer plus d'argent pour une nourriture saine et une consommation responsable, locale".
Ils "apprennent aussi à moins gaspiller", et le fait de payer plus cher qu'ailleurs fait office de "prise de conscience".
Exemple concret: "Dans une grande surface traditionnelle, on a trois poivrons pour un euro, (dans un emballage plastique…). Comme ça n'a pas couté cher, on va en manger un et si les autres pourrissent, on va peut-être les jeter. Chez nous, ils paieront sans doute 1 euro le poivron, donc lorsqu'il commencera à ramollir, on trouvera toujours un moyen de le cuisiner. Au final, dans les deux cas, on a payé un euro et on a mangé un poivron".
Argument discutable: on peut ne pas acheter bio mais être très vigilant face au gaspillage…
Une dame émargeant au CPAS: "une exception"
Les consommateurs de produits bios sont, pour Baptiste Bataille, "des gens éduqués, des gens qui ont de l'argent, ou les deux".
Et s'il faut reconnaitre que "la clientèle se rapproche plus de celle du Delhaize que celle du Lidl", il y a l'exception qui confirme la règle.
"Il n'y a pas que des bobos… On a même une dame qui émarge au CPAS, qui vit vraiment avec très peu d'argent, mais qui décide de consacrer une grande partie de ses maigres revenus à une bonne alimentation. Elle a même acheté de la nourriture pour ses chiens".
Le souhait de Baptiste, c'est que tout le monde ait accès aux produits bios et durables. "Si la production augmente, si la clientèle augmente, on fera des économies d'échelle" et au bout du compte, un jour, le 'bio' deviendra la norme, la concurrence jouant également son rôle de nivellement des prix vers le bas.
Lors de notre visite, un mardi peu avant midi, nous avons observé une clientèle assez âgée et aisée.
Des jeunes parents, des grands-parents, des riches, des pauvres… il y a un nouvel éclectisme dans la clientèle des enseignes bios.
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