Après avoir été annulée en 2020 et réduite l'an dernier en raison de la pandémie, la Ducasse d'Ath reprend cette année tous ses droits ce dernier week-end d'août.
Evénement festif classé au patrimoine oral et immatériel de l'humanité depuis 2005 par l'Unesco, la Ducasse attire chaque année des milliers de spectateurs. Une manifestation vieille de plus d'un demi-millénaire qui a conservé, de génération en génération, le combat de David contre Goliath issu de la procession d'origine. Les autres moments forts du week-end sont le mariage du géant Goliath le samedi et le défilé en ville des sept géants le dimanche, des chars allégoriques et des groupes folkloriques. Parmi les figurants, le personnage du "Sauvage", un acteur du cortège folklorique créé en 1873. Considéré comme un héros du cortège, le "Sauvage" traversera la ville sur la barque des "Pêcheurs napolitains".
On comprend évidemment que cela puisse choquer
Depuis 2019, il fait l'objet d'une polémique lancée par les Bruxelles Panthers qui avance le caractère raciste du personnage qui est enchaîné et qui harangue la foule.
Bruxelles Panthers dénonce un "blackface", soit une pratique raciste qui consiste à se grimer, à se maquiller en personne noire.
L’association a interpellé à nouveau l’Unesco (une organisation des Nations Unies), il y a 10 jours. L'Unesco qui a décidé de lancer une procédure pour la fin de l'année afin d’analyser la situation, procédure qui pourrait aboutir au retrait de la reconnaissance de ce folklore, reconnu par l'Unesco depuis 2005, comme patrimoine orale et immatériel de l'humanité.
On aura l’impression qu’on a volé notre folklore et qu’on nous a imposé autre chose
Pour le bourgmestre d'Ath, Bruno Lefevre, pas question de retirer ce personnage du cortège, c'est à la population d'en décider : "On comprend évidemment que cela puisse choquer et les dernières études que l’office du Tourisme a réalisé ces dernières semaines démontrent aussi que de plus en plus de gens se rendent compte que ça peut choquer. Je tiens tout de même à rappeler que d’abord dans l’esprit des Athois, on n’a jamais été dans une dynamique raciste, absolument jamais, on était plus dans une tradition qui vient d’une représentation théâtrale et donc on était clairement dans quelque chose qui n’avait rien de raciste. Et si on veut que cette évolution se fasse de manière concertée et comprise par la population, il faut clairement qu’on soit dans cette dynamique, sinon on va créer une autre réaction, une réaction de racisme cette fois, parce qu’on aura l’impression qu’on nous aura volé notre tradition, qu’on a volé notre folklore et qu’on nous a imposé autre chose", a estimé le bourgmestre.
Les autorités locales indiquent par ailleurs avoir débuté dès 2019, une réflexion sur l'évolution de ce personnage, avec notamment des tables rondes et un forum internet. Pour matérialiser cette réflexion, "le Sauvage renoncera, lors de cette édition, à certains de ses attributs: chaînes et anneau". La ville ajoute, dans son communiqué, que "ce processus évolutif se poursuivra dès le mois de septembre".
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