Trois semaines après le début du conflit social entre les directions des chemins de fer belges et les syndicats, "nous sommes parvenus à un terrain d'entente", a déclaré Michel Abdissi, président de la CGSP Cheminots, jeudi vers 13h30 à l'issue d'une nouvelle réunion de concertation. La circulaire à l'origine de la grève spontanée des cheminots entre le 25 mai et le 3 juin est retirée. Mais les syndicats ont dû faire plusieurs concessions.
Ce pré-accord devra formellement être approuvé lors de la prochaine commission paritaire nationale le 29 juin, "mais il n'y a pas de raison pour qu'il ne le soit pas", a confirmé Marianne Lerouge, responsable du secteur rail de la CSC Transcom. Le texte entérine la dernière proposition du front commun syndical, à savoir la suppression du jour férié extralégal du 15 novembre dès 2016 ainsi que, à partir de 2017, la diminution d'un jour de crédit par 28 jours calendrier d'absence pour maladie et la suppression du jour férié extralégal du 2 novembre.
"Au départ, il était question de supprimer un jour de crédit par 18 jours d'absence, pour maladie ou congé. Sans la mobilisation sur le terrain, nous n'aurions pas obtenu quoi que ce soit. On perd deux jours fériés extralégaux, mais au moins c'est fixe, clair et transparent pour tout le monde", a tenu à souligner Mme Lerouge. "Le combat n'est pas terminé: les objectifs de 20% de productivité en plus (sur la législature, NDLR) et de trois milliards d'euros d'économies demeurent", a-t-elle tempéré.
Contrairement à ce qu'ils demandaient, les syndicats n'ont pas obtenu de moratoire sur les mesures affectant les cheminots jusqu'en 2019. Les directions se sont toutefois engagées à ne pas prendre de mesures touchant le personnel dans son ensemble, et à effectuer durant le 1er semestre 2017 une analyse du pourcentage de productivité supplémentaire déjà atteint par les cheminots. "D'après nos calculs, pour 2015, on est déjà à 5%, donc au-dessus des objectifs. Si on montre que les cheminots ont fait leur part, les directions devront faire des économies ailleurs", a plaidé Michel Abdissi. "Moins de jours de récupération, c'est plus de fatigue, alors que la sécurité devrait être une priorité. On est passé d'une très très mauvaise solution à une mauvaise solution", a également commenté le président de la CGSP Cheminots.
Le syndicat socialiste ne devrait selon toute vraisemblance pas activer le préavis de grève qu'il avait déposé pour une période allant jusqu'au 26 juin, même si, sur les réseaux sociaux, certains cheminots manifestent déjà leur mécontentement. La grève spontanée des travailleurs du rail, surtout au sud du pays, a-t-elle eu un impact sur le contenu du pré-accord ? "Au final, la concertation sociale est de toute façon la seule solution. Mais tous les éléments ont joué", a répondu Luc Piens, responsable du secteur rail de l'ACV Transcom (équivalent flamand de la CSC Transcom). "Je me réjouis que la concertation sociale ait fonctionné. C'est une très bonne nouvelle", a réagi de son côté Michel Bovy, directeur général de HR Rail (l'employeur juridique du personnel de la SNCB et d'Infrabel).
"Les syndicats ont reconnu la nécessité d'augmenter la productivité. Nous leur avions demandé de proposer des alternatives et ils l'ont fait." "Avant 2019, nous ne prendrons plus aucune nouvelle mesure d'économies touchant l'ensemble du personnel. Mais on ne peut pas s'engager pour toutes les catégories de travailleurs, ce ne serait pas honnête alors que des contrats de gestion sont encore en cours de négociation", a-t-il également affirmé. "Les cheminots ne doivent pas être les seuls à subir les mesures d'économies. On regardera aussi ce qu'il est possible de faire ailleurs", a-t-il ajouté. Les sanctions décidées à l'encontre des cheminots grévistes n'ont pas été abordées durant la réunion.
Vos commentaires