La Belgique se prépare à rapatrier l’ensemble des enfants belges qui se trouvent dans les camps kurdes. Une exfiltration qui ne pourra se faire sans l’accord de la maman. Hors la majorité d’entre elles refusent de les laisser partir seuls. L’une de ces mères a rédigé une lettre ouverte aux ministres des affaires étrangères demandant le rapatriement des mamans. Une lettre consultée par RTL INFO.
Nous l’appellerons Sofia, une Bruxelloise partie en Syrie. Sur place, elle a eu un enfant qui a désormais 3 ans et demi. Face au blocage de la situation concernant les rapatriements des mamans avec les mineurs, elle a rédigé un courrier à destination du ministre.
"Monsieur le Ministre, il y a bientôt 5 ans, j’ai pris une décision qui a changé ma vie à tout jamais, celle de me rendre en Syrie. Cette décision je la regrette amèrement. J’entame maintenant ma 3ème année dans un camp prison", écrit-elle. "La personne que j’étais il y a 5 ans n’est pas celle que je suis à présent. J’avais une vision des choses assez restreinte et je me sentais perdue. J’ai perdu ma liberté le premier jour où je suis entrée en Syrie j’ai également perdu le privilège de vivre dans une société où mes droits sont sûrs."
Sofia veut être jugée en Belgique et non pas sur place par des instances kurdes. Cela permettrait également d’assurer un suivi judiciaire adéquat.
"Monsieur le ministre, la nouvelle concernant le rapatriement des enfants belges sans leur maman a très vite fait le tour du camp et a suscité beaucoup d’émotions. Est-ce vraiment dans l’intérêt de l’enfant d’être séparé de sa maman et de perdre tout contact avec elle pour une durée indéterminée alors qu’elle représente pour lui la seule figure d’attachement et de stabilité depuis le premier jour?", s'interroge Sofia.
Le rapatriement des enfants ne peut se faire que si la maman l’autorise ce que très peu, dont Sofia, se résoudrait à faire. Sa lettre ouverte a été transmise au Ministre des Affaires étrangères qui n’a pas encore réagit.
Voici lettre dans son intégralité :
Lettre ouverte au ministre des affaires étrangères et de la défense : Philippe Goffin
Monsieur le Ministre,
Il y a bientôt 5 ans j’ai pris une décision qui a changé ma vie à tout jamais, celle de me rendre en Syrie.
Cette décision je la regrette amèrement.
J’entame maintenant ma 3ième année dans un camp prison dans la région du Rojava dans le nord-est syrien.
La personne que j’étais il y a 5 ans n’est pas celle que je suis à présent.
J’avais une vision des choses assez restreinte et me sentait perdue mais je ne me suis pas rendue en Syrie dans le but de commettre des actes criminels ou de faire du mal à qui que ce soit.
J’ai pu apprendre la valeur de ce que j’ai perdu.
J’ai perdu ma liberté le premier jour où je suis entrée en Syrie j’ai également perdu le privilège de vivre dans une société où mes droits sont sûrs.
Je suis à présent maman et ce que je souhaite pour mon enfant est qu' il puisse vivre comme tout enfant mérite de vivre, ceci est d’ailleurs la raison pour laquelle je vous écris aujourd'hui.
La nouvelle concernant le rapatriement des enfants belges sans leur maman a très vite fait le tour du camp et a suscité beaucoup d’émotions.
Je suis heureuse que vous teniez compte de nos enfants et que vous souhaitiez faire le nécessaire afin que cette situation catastrophique cesse enfin pour eux.
Au moment où je vous écris la température est de -8 degrés et vous êtes pas sans savoir que plusieurs enfants ont succombé au froid et a beaucoup de maladies qui auraient pu être soignées dans leurs pays respectif. (371 en 2019)
Votre décision de rapatrier les enfants est donc bien entendu dans leur intérêt , mais permettez-moi de vous dire qu' elle ne l’est pas totalement. Est-ce vraiment dans l’intérêt supérieur de l’enfant d’être séparé de sa maman et de perdre tout contact avec elle pour une durée indéterminée alors qu' elle représente pour lui la seule figure d’attachement et de stabilité depuis le premier jour?
Je ne suis pas experte ni psychologue, mais une séparation comme celle que vous envisagez laissera aux enfants des séquelles a jamais, de gros chocs et troubles psychologique.
Comment pourront ils grandir sereinement en sachant que leur maman a été abandonnée en Syrie sous prétexte qu' elle a PEUT ETRE du sang sur les mains alors que cela n’est que suppositions et s’avère être faux?
D’autre part, il est inimaginable qu’un pays comme la Belgique puisse laisser ses ressortissants se faire juger par des instances Kurdes qui ne sont pas reconnues au niveau de la communauté international.
C’est donc pour cela et parce que nous méritons tous une seconde chance que je vous demande de revoir votre décision avec plus d’humanité, afin de permettre à nos enfants de s’épanouir et de grandir sans haine.
Bien sûr, je ne suis personne, je ne suis qu'une maman désireuse de se réinsérer et espérant pouvoir un jour élever son enfant dans de meilleures conditions.
Vos commentaires