Nathalie Lionnet, la secrétaire fédérale du Setca, est l’invitée de la matinale de Bel RTL. Elle était au micro de Fabrice Grosfilley et elle a confirmé que le syndicat couvrira les actions spontanées. Mais aucune action coordonnée n’a été prévue à ce stade par le Setca : "Ce seront des actions locales."
Pas de grèves qui enlèveraient encore des forces vives
Pourrait-on voir des grèves dans les hôpitaux alors qu’ils manquent déjà de personnel ? On n’en est pas là selon elle. "Notre objectif n’est évidemment pas de cesser le travail. Des collègues nous disent qu’ils sont bien en deçà du service minimum tous les jours. Ce qui est important, ce n’est pas d’avoir des actons de grève mais de relayer l’inquiétude massive des travailleurs qui se demandent qui sera mon collègue de demain. Nous sommes responsables. Notre volonté ce n’est pas de bloquer les hôpitaux mais d’avoir des moyens pour soigner la population. L’action syndicale ne se résume pas à la grève. La grève, c’est au bout du bout du bout. Nous espérons que le signal des travailleurs va être entendu et qu’on va pouvoir trouver des solutions."
Un mauvais timing alors qu'il y a une pénurie de soignants depuis des années
Pourquoi l’obligation vaccinale des soignants, comme en France et en Italie, pose problème ? Premièrement, "nous sommes sur une question de timing", a-t-elle expliqué. "Les travailleurs ne demandent pas à être chômeurs ; ils demandent à pouvoir bosser et avoir le temps de se positionner et la notion de temps est discutable. Ça fait des mois qu’on en parle (du vaccin, ndlr) mais je vous rappelle (…) qu’à contrario, ça fait des années que nous avons une pénurie galopante, grandissante, qui maintenant touche plusieurs métiers. La vraie question c’est : comment on passe cette 4ème vague dans la situation de pénurie qui s’aggrave constamment ? Comment je fais quand je reçois des messages de travailleurs qui démissionnent ? Les démissions ne sont pas uniquement dans le chef de non-vaccinés. Il faut sortir de ce débat vaccinés / non-vaccinés."
Perdre son titre professionnel: inacceptable pour le Setca
Mais parmi les non-vaccinés, certains démissionnent. "Si l’objectif est d’amener à un taux de vaccination de 100%, nous ne sommes pas convaincus que c’est le meilleur moyen parce que nous voyons que nous perdons des collègues. C’est ça notre problème. Nous nous posons la question de comment nous allons pouvoir assurer la sécurité des patients si nous n’avons pas de professionnels sur le terrain formés, compétents et respectant l’ensemble des règles d’hygiène hospitalière."
Deuxièmement, la sanction est disproportionnée pour le Setca. "La sanction c’est la perte d’un titre professionnel du droit de travailler et aussi l’image qui est donnée à la population que finalement un travailleur est dangereux pour un patient. (…) Nous ne voulons pas lier la vaccination à la question du droit du travail."
D’autant que "on met le focus sur une problématique où la majorité des travailleurs sont vaccinés. Ne laissons pas croire à la population que lorsqu’ils entrent dans une structure collective ils sont majoritairement face à des travailleurs qui ne sont pas vaccinés. Une très très large majorité" est vaccinée.
Désormais, la volonté politique est de retourner vers la concertation sociale, de remettre syndicats et employeurs autour de la table. Mais les employeurs sont très favorables à l’obligation vaccinale. Le Setca va-t-il mettre des propositions sur la table ? "Nous devons encore en débattre mais la sanction restera pour nous totalement inacceptable", répète-t-elle.
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