Plusieurs associations souhaitent que la méthode de calcul permettant l'évaluation du niveau de pauvreté soit revue. Reportage de Sébastien Prophète et Anne Lutgen.
La dernière enquête fédérale révèle que le taux de pauvreté globale en Belgique s’élève à 15,5%. Il est de 16,1% pour les plus de 65 ans, près de 18% pour les plus jeunes. Problème, selon plusieurs experts en la matière, ces données ne reflètent pas suffisamment la réalité.
"On le voit, nous, sur le terrain. On a souvent le sentiment qu’il y a un différentiel entre les chiffres annoncés et le sentiment de pauvreté ressenti par la population dans la réalité", explique Christine Mahy, présidente du réseau wallon de lutte contre la pauvreté. "Les chiffres sont nécessaires pour définir une politique, pour voir à quel type de problème on s’attaque et pour mesurer les progrès", estime Philippe Defeyt, économiste et président du CPAS de Namur.
Dans leur calcul, les enquêteurs se penchent sur les revenus de la population mais n’analysent pas ce que certains appellent la "déprivation" matérielle : la difficulté pour un ménage de mener une vie décente avec ses moyens financiers. Les besoins diffèrent selon l’âge. Les statistiques devraient en tenir compte pour mieux évaluer la pauvreté, estiment les associations.
Les enfants, une population à risque
La pauvreté serait surévaluée parmi les personnes âgées, chez qui la déprivation serait moins forte que celle des 18-50 ans, rapporte Christine Mahy. "Bien qu’il faille voir au niveau des soins de santé", précise-t-elle.
"On voit vraiment que les enfants sont une population très à risque en Belgique, bien plus que les personnes âgées quand on couple différents indicateurs", analyse Anne-Catherine Guio, chercheuse spécialisée en matière de pauvreté. "C’est vraiment important de coupler les indicateurs", souligne-t-elle.
Pour parvenir à des statistiques plus précises, spécialistes et associations de terrain suggèrent d’utiliser davantage les données disponibles, fiscales par exemple. L’objectif : permettre aux enquêteurs de gagner du temps, d’élargir leur échantillon de travail et de poser plus de questions de fonds à la population.
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