En Wallonie, un appel a été lancé pour venir prêter main forte au personnel soignant. Un message notamment lancé en direction des étudiants et aussi aux infirmiers à domicile. Seulement, ces professionnels sont eux aussi débordés. La tension dans les hôpitaux se répercutent sur leur travail, le nombre de patients qu'ils doivent traiter augmente dangereusement.
Le gouvernement wallon a appelé les prestataires de soins et étudiants wallons "renforcer les équipes au front". "Le gouvernement lance un appel aux infirmières et infirmiers à domicile (...) aux étudiantes et étudiants des écoles d'infirmerie, d'aides-soignantes et étudiants en médecine (...) éducateurs et éducatrices", a déclaré le ministre-président du gouvernement wallon Elio Di Rupo lors d'une conférence de presse vendredi soir.
"Toutes ces personnes sollicitées pourraient épauler celles et ceux qui œuvrent sans relâche auprès tantôt de malades, tantôt de personnes qui ont besoin d'assistance", a-t-il ajouté, invitant les personnes ainsi concernées à s'inscrire sur le site web solidaire.aviq.be afin de "renforcer les équipes qui sont au front tant dans les hôpitaux que les maisons de repos".
Je ne me bats pas pour une prime, je me bats pour mes patients
Cet appel a du mal à passer pour bon nombre de ces soignants. Et pour cause, eux aussi se retrouvent débordés par la situation. Infirmière à domicile depuis 8 ans, Karine ne compte plus ses heures depuis quelques semaines. "Cette patient qu'on a vu. Je passais 10 minutes chez elle pour un pansement, aujourd'hui je passe trois quarts d'heure le matin, et une demi heure l'après-midi. Depuis 4 jours, c'est devenu l'enfer. J'ai des journées comme ça, sans cesse 7 jours sur 7".
Un épuisement auquel se greffe le sentiment d'être délaissée par les autorités : "Ce n'est pas de leur prime que j'ai besoin. J'ai besoin qu'on vienne et qu'on me dise 'allez Karine continue, tu le fais bien' ou alors 'je vais t'aider pour ça, tu veux du matériel, tiens', c'est de ça que j'ai besoin aujourd'hui. Je ne me bats pas pour une prime, je me bats pour mes patients. Je suis vraiment à bout".
Aller au front, désarmé
Des infirmières à bout alors que les politiques font appel à leur bonne volonté pour venir en renfort dans les hôpitaux. Le message passe très mal auprès des principales concernées. "Lorsque un médecin d'un hôpital sait faire rentrer à domicile, un patient, qu'il a encore besoin de soin mais peu libérer quand même une place pour des gens un peu plus atteints qui doivent venir en structure hospitalière, vous avez donc ce patient qui retourne à domicile mais qui demande à être soigné de façon un peu plus forte que simplement une injection quelque chose de cet ordre-là", analyse Alda Dalla Valle, présidente de la Fédération nationale des infirmières de Belgique.
Karine a le sentiment d'être envoyée au front seule et à peine armée face à un ennemi redoutable : "On est au combat, en tenue de combat et pour seule arme qu'est-ce que j'ai ? Mon désinfectant et ma tenue, mon masque. Je vais au front comme ça en espérant ne rien attraper, ne rien ramener chez moi à la maison".
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