Jacqueline Galant, la ministre de la Mobilité, demandera à ses collègues de ne pas renouveler les droits de trafics d'Ethiopian Airlines à Zaventem. La compagnie aurait ainsi pu transporter du fret pour le compte de DHL. Cela pénaliserait l'aéroport de Liège, estime la ministre. La direction de Brussels Airport et les patrons flamands redoutent la perte de près de 400 emplois.
La ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant, proposera au gouvernement de pas renouveler les droits de trafic qui devaient permettre à la compagnie aérienne Ethiopian Airlines de réaliser des opérations de fret aérien pour le compte de DHL entre Bruxelles, Shangaï, Dubaï et Hong-Kong - au risque de pénaliser l'aéroport de Liège-Bierset - rapporte jeudi le journal 'Le Soir' sur son site internet, évoquant une "intervention personnelle" du Premier ministre Charles Michel dans ce dossier aux relents communautaires.
La décision formelle doit encore être prise par le gouvernement fédéral
La direction de l'aéroport de Bruxelles-National et l'organisation patronale flamande Voka ont immédiatement dit craindre la perte de plusieurs centaines d'emplois à Zaventem. Selon Le Soir, la décision formelle doit encore être prise par le gouvernement fédéral mais la proposition de Mme Galant ira dans le sens de ce qui a été décidé par le MR (libéral), le seul parti francophone de la majorité fédérale et qui compte M. Michel et Mme Galant dans ses rangs.
"C'est la voie de la sagesse qui l'a emporté"
Une version implicitement confirmée à l'agence Belga par l'entourage de Mme Galant. "C'est la voie de la sagesse qui l'a emporté", a expliqué la présidente (liégeoise) du Sénat, Christine Defraigne (MR), citée par 'Le Soir'. Le ministre wallon chargé de la politique aéroportuaire, Carlo Di Antonio (cdH), avait écrit la semaine dernière à Mme Galant pour lui demander de revoir sa décision d'octroyer - au départ pour une durée d'un mois - ces droits de trafic à Ethiopian Airlines. Selon lui, cette décision pénalisera l'aéroport de Bierset - et la société TNT - et est contraire à un "Memorandum of Understanding" (MoU, protocole d'accord) signé par la Belgique et l'Ethiopie. "Avant d'attribuer ces droits de trafic, il vaut mieux attendre deux décisions: celle du Conseil d'Etat dans un dossier similaire de droits de trafic précédemment attribués (en mai 2013, ndlr) par (le secrétaire d'Etat à la Mobilité de l'époque, le cdH) Melchior Wathelet, contestés depuis lors et celle de la Commission européenne concernant la fusion entre TNT et Fedex", a indiqué Mme Defraigne.
L'enjeu de cette rivalité entre Bruxelles et Liège représente 50.000 tonnes de fret et 400 emplois
"Sur ce dossier, Jacqueline Galant a fini par capituler", écrit Le Soir, qui précise, en citant la présidente du Sénat que c'est sous la pression d'un "front commun inédit de libéraux bruxellois et liégeois". Le "patron" de Brussels Airport, Arnaud Feist, a, sur le site du journal économique 'De Tijd', affirmé que l'enjeu de cette rivalité entre Bruxelles et Liège représente 50.000 tonnes de fret et 400 emplois. Il a brandi la menace d'une délocalisation des vols d'Ethiopian vers les Pays-Bas. La section Hal-Vilvorde de l'organisation patronale flamande Voka a pour sa part exprimé la crainte de voir de "400 à 600" emplois menacés à Zaventem, en soulignant qu'il s'agissait de vols de jour - et non de nuit, pour lesquels l'opposition des riverains est importante. Avec le risque que les vols soient opérés au départ de l'Allemagne ou des Pays-Bas, plutôt que de l'aéroport national.
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