La police a arrêté des individus qui vendaient un singe pour 3 800 € sur 2ememain, la plateforme de petites annonces. Valentin est à l’origine de cette arrestation. Il a pris contact avec l’annonceur et les forces de l'ordre ont réussi à interpeller les truands lors du rendez-vous. La vente et l’importation de singes sont interdites en Belgique sans agrément. Certaines personnes continuent à en acheter pour qu’ils deviennent leur animal de compagnie.
Valentin va tous les jours voir les dernières annonces sur la plateforme de petites annonces 2ememain. Jeudi 1er août en fin de journée, il est tombé sur une annonce peu commune. Un annonceur vendait un tamarin aux mains rousses. Cette espèce de singe est assez répandue sur le continent sud-américain. "J’avais déjà vu des annonces de vente concernant des singes. Ce sont souvent des arnaques quand le singe est à donner. Les voleurs se font de l’argent: les gens payent la livraison mais rien n’est livré. Mais cette fois, il coûtait 3 800 €", raconte Valentin. En nous rendant sur différents sites de vente en ligne, nous avons rapidement constaté la facilité de trouver des annonces de vente de singes.
Deux annonces trouvées le 7 août
Des vidéos du petit singe dans l’appartement
Valentin a contacté le vendeur pour contrôler si cette annonce était une arnaque. Un homme a répondu dès le premier appel. "Quand je lui ai demandé si c’était une pratique autorisée, il m’a dit qu’il ne fallait pas de papier et que la vente de singe était interdite", raconte Valentin. "Il m’a envoyé des vidéos dans lesquelles on voit le singe dans l’appartement. Ensuite, nous avons convenu d’un rendez-vous pour effectuer l’échange", poursuit-il. Lorsque Valentin a eu la certitude que cette annonce n’était pas une arnaque, il a décidé d’agir avec la police.
Les receleurs font croire aux policiers que c’est un écureuil
Le rendez-vous pour acheter le singe était convenu le jour même, jeudi 1 août. Valentin se rend donc avec deux patrouilles de police à Schaerbeek pour interpeller les vendeurs. "Au dernier moment, ils ont changé le lieu de rendez-vous, ils étaient très méfiants. On s’est donc rendu Boulevard du Jubilé à Molenbeek. Là, deux personnes sont arrivées sans le singe. Pour ne pas quitter la voiture et faciliter l’intervention de la police, j’ai dit que je ne voulais pas sortir alors que j’avais 4 000€ sur moi", indique Valentin.
"Ils ont cru à mon histoire et une troisième personne est venue déposer le singe dans une cage à chat dans le coffre de ma voiture", poursuit-il. Valentin donne alors le top départ à la brigade canine. Deux policiers arrivent, accompagnés d’un chien. "Un policier a demandé ce qu’il y avait dans la cage, les receleurs ont répondu que c’était une sorte d’écureuil avant de se faire arrêter", s’amuse le jeune homme.
La police confirme l’interpellation d’un des receleurs. "Il va être entendu par le parquet dans les prochains jours", affirme Johan Berkmans, porte-parole de la police Bruxelles-ouest. Cet interrogatoire sera déterminant concernant le rôle que les deux complices, dont nous parle Valentin, ont joué dans cette affaire.
Avoir un singe comme animal de compagnie n’est plus autorisé
En Belgique, la détention de certaines espèces d’animaux est interdite depuis 2009. Une liste officielle présente les animaux qu’il est encore autorisé de posséder en Belgique. "Elle reprend tous les mammifères autorisés à la détention en Belgique. Vous avez les chiens et les chats, les grands classiques… Mais on y trouve aussi les moutons ou les chèvres", déclare Nadège Pineau de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux. "La liste positive ne comprend pas les singes", précise-t-elle.
Pour détenir un animal qui ne figure pas sur la liste positive, vous devez d’abord obtenir un agrément du ministre. Ils sont loin d’être accordés de façon automatique. Pour l'obtenir, le futur propriétaire doit être parfaitement documenté sur les habitudes de vie et les besoins physiologiques de l’espèce qu’il veut détenir. Le dossier doit aussi donner une description détaillée de l’hébergement et des soins que le demandeur est en mesure de fournir à l’animal. Avec le dossier, la personne doit en plus verser 60 €, sans être sûr d’obtenir l’accord du ministre.
La vente de singes ou d’autres mammifères non-autorisés continue
Des personnes continuent à acheter des animaux interdits. "Les personnes qui achètent ces animaux savent, généralement, que c’est illégal. Ils ne vont pas déclarer ou montrer leur animal. Mais avec internet, beaucoup de gens détiennent des animaux qui ne devraient pas être ici", déclare Nadège Pineau. Le fait de cacher ces animaux ajoute un problème. Les détenteurs de nouveaux animaux de compagnie (NAC) non-autorisés hésitent plus souvent à faire contrôler leur animal chez un vétérinaire. Cette profession doit pourtant se plier au secret professionnel.
Le singe est porteur de nombreuses maladies
L’importation clandestine de ces animaux augmente le risque de transmission de maladies du singe à l’humain. L’animal n’a pas de carnet de vaccination, il peut donc être malade au moment de l’achat sans que l’acquéreur soit mis au courant. "Par exemple, l’herpès du singe est extrêmement dangereux pour l’homme. Certaines espèces d’Afrique peuvent également transmettre le sida par morsure", explique madame Pineau. "Lorsqu’ils sont petits, les singes sont extrêmement mignons. Mais il faut savoir que lorsqu’il arrive à l’âge adulte, le singe va essayer de renverser celui qu’il considère comme le chef de groupe. Il y a des singes qui peuvent devenir agressifs ou dangereux", conclut-elle.
Que deviendra le tamarin aux mains rousses ?
Les saisies d’animaux exotiques ne sont pas très courantes pour la police. Dès qu’ils entrent en possession de l’animal, il le confie à un des refuges capables de le prendre en charge en attendant de lui trouver un habitat plus spécifique. En Belgique, il existe des refuges capables de prendre en charge un singe à court terme. À terme, ils sont envoyés dans un sanctuaire adapté à leur espèce pour y vivre. La femelle Tamarin de deux mois qui a été saisie sera donc probablement transférée vers un sanctuaire aux Pays-Bas.
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