Quelque 630.000 voitures diesel allemandes vont être rappelées et Renault est épinglé après des irrégularités sur les émissions polluantes révélées par une enquête allemande qui a suivi l'éclatement du scandale Volkswagen, dont les ondes de choc continuent de se propager.
Audi, Porsche, Opel, Mercedes (groupe Daimler) et Volkswagen vont devoir rappeler 630.000 voitures en Europe, a déclaré à l'AFP vendredi une source au sein du gouvernement allemand. Et peut-être le Français Renault aussi, les mêmes irrégularités ayant été relevées sur certains de ses modèles.
La plupart des constructeurs n'étaient pas joignables pour commenter ces informations.
La même source anticipait les déclarations du ministre des Transports, qui doit présenter dans l'après-midi les résultats d'une enquête réalisée en Allemagne ces derniers mois sur les émissions de gaz polluants de tous les modèles diesel.
Sur les véhicules incriminés, le système de filtration des émissions polluantes est systématiquement désactivé quand la température extérieure descend sous un certain seuil. Or, en vertu des normes européennes en vigueur, cette procédure n'est autorisée que si elle permet d'éviter un accident ou un dommage causé au moteur.
Le gouvernement allemand exige donc des constructeurs qu'ils revoient ce mécanisme, et pour cela ils devront rappeler les véhicules concernés, selon la source interrogée.
Réplique du séisme
Le problème est différent de la tricherie avouée en septembre dernier par le Volkswagen, qui a équipé le moteur d'environ 11 millions de véhicules diesel d'un logiciel truqueur pour faire passer, au moment des tests de contrôle, les voitures pour moins polluantes qu'elles ne sont en réalité. Mais ce nouveau coup dur pour l'industrie automobile est une des multiples répliques du séisme causé par ce scandale planétaire.
De son côté, Volkswagen se débat toujours avec les suites de l'affaire. Jeudi, après des mois de discussions, il s'est entendu avec les autorités américaines sur un mécanisme d'indemnisation des propriétaires aux Etats-Unis, vendredi son conseil de surveillance se réunissait pour discuter, entre autres, du montant des provisions à passer dans les comptes de 2015, qui devrait selon la presse dépasser 16 milliards d'euros.
L'affaire n'est depuis longtemps plus circonscrite au géant allemand et à ses douze marques, et cette semaine notamment a vu, chez ses concurrents, plusieurs rebondissements liés de près ou de loin au scandale.
Daimler, fabricant des Mercedes-Benz, a ouvert une enquête interne, à la demande des autorités américaines, sur la manière dont sont certifiées les émissions polluantes de ses voitures aux Etats-Unis. Des automobilistes l'accusent de contourner sciemment les normes de pollution.
En France, PSA (Peugeot-Citroën) a fait l'objet jeudi de perquisitions par les services français de la répression des fraudes, qui enquêtent sur des "anomalies" sur les niveaux d'émissions. Renault avait déjà été dans le viseur des autorités il y a quelques mois.
"Tous émettent plus"
Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé cette semaine n'avoir pas mis au jour d'autres tricheries semblables à celles de Volkswagen. Mais dans nombre de cas, les émissions d'oxyde d'azote (NOx), le gaz polluant en cause dans l'affaire Volkswagen, "sont plus élevées en conditions réelles et sur les routes tests qu'en laboratoire", précise Londres.
"On se rend compte que tous les véhicules émettent plus en conditions réelles que pendant les homologations", a déclaré à l'AFP Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes", et membre de la commission chargée d'enquêter en France.
Ces divergences, un secret de polichinelle pour beaucoup d'experts et un motif de courroux de longue date pour certaines ONG, sont un sujet récurrent depuis l'affaire Volkswagen. Mais tous les constructeurs ont assuré mordicus jusqu'ici qu'ils se pliaient à la loi.
Cela a changé il y a quelques jours avec l'aveu par le Japonais Mitsubishi d'un embellissement intentionnel des performances énergétiques de plusieurs modèles de véhicules vendus au Japon. L'action Mitsubishi a perdu en réaction plus de 40% en trois jours.
Les titres des constructeurs européens étaient attaqués vendredi à la Bourse de Francfort, surtout l'action Daimler (-6,45% à 12H16 GMT).
Vos commentaires