Depuis qu'elle parcourt nos routes, la XC90 a déjà remporté quelques prix: meilleure performance lors des tests de sécurité Euro NCAP toutes catégories confondues en 2015, "Voiture de l'année 2015" selon le magazine Auto Express, ou encore "Truck of the Year" en Amérique du Nord en 2016.
Mais il n'y a pas que le luxe et la sécurité qui comptent, il y a aussi l'écologie. Il y a quelques mois, Volvo a annoncé qu'il ne lancerait plus que des voitures électriques ou hybrides à partir de 2019. Le vaisseau amiral suédois est donc lui aussi soumis à un régime particulier. Nous avons pris en main une XC90 Twin Engine (ça veut dire qu'elle carbure à l'essence et à l'électrique). Alors, équiper un tank pareil d'un moteur hybride, ça change vraiment quelque chose?
Les mensurations
Avant de parler consommation, faisons un tour du propriétaire. La XC90 T8 plug-in hybride mesure 1,77 mètre de haut, 4,95 mètres de long, pour 2,14 mètres de large (avec les rétroviseurs). Sur la balance, elle affiche 2.343 kg à vide, soit 220 kg en plus que la version purement essence de 320 ch. Sous le capot, on trouve un moteur essence 4 cylindres en ligne de 2.0 litres qui développe 320 chevaux. Associé à un moteur électrique de 87 chevaux, la puissance totale combinée est de 407 chevaux et 640 Nm de couple, selon Volvo.
Dans ses fiches techniques, la marque annonce une consommation (en moyenne pondérée) de 2,1 litres et de 18,5 kWh de consommation électrique aux 100 km. Côté pollution, le constructeur annonce des émissions de CO2 de 49 g/km.
Les mensurations de cette XC90 se font quelque peu oublier grâce à une ligne qui nous semble plutôt simple, mais très élégante et raffinée. Le regard perçant, ce grand SUV ne mise pas sur des bas de caisses proéminents ou des pots d'échappement démesurés pour imposer son style. Non, la XC90 s'affiche tout en finesse. Du moins, c'est notre point de vue. N'hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires.
À l'intérieur de ce paquebot, en revanche, la sobriété semble avoir pris le dessus sur l'élégance. C'est surtout le cas, d'après nous, pour le tableau de bord.
Le grand écran tactile, affublé de part et d'autre d'ouïes d'aération, casse le raffinement. Et le volant est... basique, trop basique. Seul le travail sur le levier de vitesse et les accessoires qui l'entourent tentent d'amener un peu de finesse.
Côté espace intérieur, vous n'en manquerez certainement pas. Le véhicule propose sept véritables places. Même les deux dernières, celles situées tout au fond, restent confortables et réellement utilisables. Le volume du coffre annoncé est de 1.816 litres, soit 70 litres de moins qu'une version qui n'est pas hybride.
Notez que le réservoir de cette XC90 hybride a été réduit et passe de 71 litres de contenance à 50 litres. Pour un véhicule dont la consommation approche les 10 litres/100, cela signifie que vous devrez passer bien plus souvent à la station-service... À moins que vous ne rechargiez très fréquemment la batterie qui alimente votre moteur électrique.
Le comportement
Aux manettes de ce vaisseau, le poids tend à se faire oublier. Il faut dire que la direction électrique assiste énormément le conducteur, parfois même trop. Il est possible de régler le degré d'assistance, mais même au minimum, il reste difficile de "ressentir" la route ou même de jauger avec précision son coup de volant dans un virage.
Le poids de la bête se ressent durant les transferts de masse. À l'accélération, vous êtes poussé vers l'arrière, tandis que le moteur essence monte dans les décibels. On n'est pas dans une voiture de sport, mais le son n'est pas désagréable. Dans les tournants, vous sentez la masse vous tirer vers la gauche ou la droite. Le roulis reste cependant contrôlé, et la XC90 se conduit très aisément.
Et la consommation?
Abordons maintenant le thème principal de cet essai: la consommation. Est-ce que le moteur électrique qui accompagne le moteur essence change-t-il vraiment la donne? Pour cela, deux parcours: un trajet urbain en full électrique, et un trajet autoroutier avec les batteries pleines pour tenter de faire baisser la consommation.
Trajet 1: en ville
Pour ce premier trajet, nous avons pris pour cible la ville de Mons et ses environs. Des rues limitées à 50 km/h, quelques feux rouges, des zones 30, mais aussi des tronçons limités à 70 km/h. Nous avons sélectionné le "Mode Pure", dont voici la description donnée par Volvo:
"L’électricité constitue l'unique source d'énergie du véhicule et alimente le moteur électrique entraînant les roues arrière. Le mode tout électrique offre au XC90 T8 plus de 40 km d'autonomie, soit la distance totale parcourue par la plupart des conducteurs en un jour. Et grâce au système de récupération de l’énergie au freinage, ce mode est particulièrement efficace dans la circulation en accordéon des environnements urbains".
Ok… Pour ce trajet, nous avons coupé les phares, la radio, la climatisation… histoire d'éviter toute déperdition inutile d'énergie. Les batteries, elles, sont évidemment pleines. Notre pied, lui, est extrêmement doux et pacifique.
Résultat: après 25 kilomètres parcourus à une vitesse moyenne de 34 km/h, le mode full électrique jette l'éponge, alors que Volvo annonçait 40 km d'autonomie.
Un résultat comparable à nos précédents tests d'hybrides. La Golf GTE de Volkswagen parcourait environ 40 kilomètres sur les 50 annoncés. Quant à la 530e de BMW, elle tenait maximum 35 kilomètres sur les 50 prévus. Dans le cas de la XC90, son poids joue clairement contre le moteur électrique. Qu'il puisse mouvoir une telle masse sur 25 kilomètres, c'est déjà un début. Par contre, si vous comptez occuper les 7 places du véhicule et mettre la climatisation au max, vous n'atteindrez clairement pas les 25 kilomètres en full électrique. Il n'est donc pas sûr que vous puissiez utiliser le mode full électrique pour des trajets maison-boulot ou maison-école.
Trajet 2: sur autoroute
Pour ce deuxième trajet, nous avons lancé la XC90 sur l'autoroute. Vu son gabarit et l'espace qu'elle propose à l'intérieur, c'est là qu'elle se sent le mieux. Cette fois, nous avons laissé la radio, la climatisation, et notre conduite peut être qualifiée de "normale", c'est-à-dire sans attention particulière à la consommation, mais sans excès non plus. Cette fois, c'est le "Mode Hybrid" que nous avons choisi:
"C'est le mode par défaut qui convient à un usage quotidien. Dans ce cas, le véhicule alternera automatiquement entre le moteur Drive-E 2,0l 4 cylindres et le moteur électrique, afin d'offrir la meilleure consommation globale de carburant", indique le constructeur.
Ici, le trajet autoroutier est réalisé à deux reprises. La première fois, avec les batteries vides, la deuxième avec les batteries complètement chargées, histoire de comparer les deux.
Résultat: avec les batteries vides, nous avons parcouru 69 kilomètres à une vitesse moyenne de 102 km/h, pour une consommation moyenne de 11,2 litres/100km. Avec les batteries chargées, nous avons parcouru 72,8 kilomètres à une vitesse moyenne de 106 km/h, pour une consommation moyenne de 8,8 litres/100km.
La différence est donc de 2,4 litres/100km, soit une économie d'environ trois euros pour un trajet de 70 kilomètres. C'est une belle diminution de la consommation pour un tel véhicule. Notez cependant qu'après ces 70 kilomètres, les batteries seront vides. Si vous poursuivez votre trajet pour faire plus de distance, ce sera donc sans électricité, et sans les économies de carburant qui vont avec. Et au quotidien, vous serez donc bien obligé (et c'est normal) de recharger chaque jour votre voiture.
Le prix
Côté financier, la XC90 T8 Twin Engine débute à 81.350 euros. Une belle somme, bien supérieure aux autres XC90: 63.700 euros pour la T5 (essence, 5 places, 250 ch, 178 g de CO2/km), 63.400 euros pour la D5 (diesel, 5 places, 235 ch, entre 163 et 173 g de CO2/km).
Voici une idée de prix chez la concurrence:
- BMW X5 sDrive 40e: 75.250 euros, 313 ch, 77 g de CO2/km, 31 km d'autonomie électrique annoncés.
- Mercedes GLE 500e: 77.682 euros, 442 ch, 6 cylindres, 78 à 84 g de CO2/km, 30 km d'autonomie électrique annoncés.
Conclusion
Il est temps de répondre à la question que nous avions posée: placer un moteur électrique dans une voiture aussi imposante change-t-il vraiment quelque chose? Si vous parcourez moins de 100 kilomètres par jour et que vous rechargez régulièrement les batteries de votre mammouth d'acier, oui, ce moteur change la donne. Vous pourrez réduire votre consommation et donc votre impact sur votre environnement. Mais bon, ceux qui ont vraiment la fibre écologique pourraient se tourner vers des véhicules plus petits et moins lourds, dont les moteurs hybrides seraient ainsi plus efficaces... En revanche, ils n'auraient peut-être pas l'énorme espace et la finition que propose cette XC90.
Note sur la réalisation du test
Les tests que nous effectuons sont le fruit d'un choix rédactionnel indépendant. Ils ne sont pas proposés par les marques et ne font l'objet d'aucun partenariat ou sponsoring de nature publicitaire.
@David Fourmanois
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