Dans l’émission C’est pas tous les jours dimanche, les chroniqueurs commentent la polémique autour de l’abandon du projet d’Ismaël Saïdi. L’auteur de la pièce "Djihad" devait réaliser des capsules vidéo dans le cadre de la lutte contre le radicalisme. Il a préféré renoncer, vu les menaces qu'ils a reçues et les polémiques politiques créées.
Au début de la semaine passée, le gouvernement bruxellois a demandé au réalisateur Ismaël Saïdi de créer des petits films pour expliquer l'islam aux jeunes. L'artiste a finalement renoncé au projet après avoir reçu des menaces de mort et suite à la polémique politique. "On m'a accusé d'être une créature du PS", a-t-il notamment expliqué.
"Quel gâchis", déplore immédiatement Emmanuelle Praet sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. La journaliste regrette que la polémique ait surtout abordé l'aspect politique. "Dans l'explication de M. Saïdi, il y a effectivement le côté politique, mais il y a aussi les menaces de mort de la part de la communauté, où son discours n'est pas très bien passé et qui le fait se sentir en danger", explique la journaliste. "Qu'est-ce qu'on lui reproche? Simplement de vouloir expliquer à des jeunes, qui peut-être ne le savent pas, ce qu'est l'islam. Et il ne va même pas pouvoir y arriver", regrette Emmanuelle Praet.
"Il y a des tueries… mais la connerie politique poursuit son chemin"
Pour Alain Raviart, expert en communication, le problème n'est pas seulement financier ou politique. "Un problème qu'on sous-estime encore, parce qu'il ne faudrait pas faire d'amalgame, parce qu'on doit être prudent… Ce sont les menaces sur M. Saïdi", estime le spécialiste. "Oui, il faut dire que dans ce pays, quand on ose dire à un musulman 'votre discours ne va pas', on est menacé. Ça c'est la réalité d'aujourd'hui", déplore Alain Raviart. "On dit les choses ou on ne les dit pas, mais il ne faut pas commencer à mettre les feuilles sous le tapis et à tergiverser, c'est un énorme gâchis politique, mais qui révèle énormément de choses", juge-t-il.
Michel Henrion, expert en médiapolitique, juge le débat "extrêmement médiocre". "Il y a des tueries régulièrement, mais immédiatement après, les politiques belges retournent à la division et la connerie politique poursuit son chemin", lance-t-il.
"C'est aussi à la communauté musulmane de mettre les points sur les i"
Pour Michel Henrion, la pièce d'Ismaël Saïdi, "Djihad", avait trouvé le ton juste pour parler aux jeunes d'origines étrangères. "Ça prouve que les radicaux triomphent puisqu'il n'y aura pas de film, c'est ça le problème", renchérit Alain Raviart. "C'est comme si on voulait lutter contre la radicalisation uniquement avec des militaires, avec des forces de police, etc.", déplore Michel Henrion. Pour lui, Ismaël Saïdi "a compris qu'il y avait moyen de faire de formidables outils pédagogiques, c'est-à-dire des capsules vidéo expliquant ce que dit réellement le Coran, ou donner des formations aux leaders d'opinion… Finalement ça n'aura pas lieu, et c'est d'un médiocre abominable", estime Michel Henrion.
Poursuivant le débat, Alain Raviart estime que la communauté musulmane doit également prendre ses responsabilités. "Á un moment donné elle doit remettre les point sur les i et se remettre en question par rapport aussi aux faits religieux et à la façon d'inculquer l'islam", dit-il.
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