La crise sanitaire va-t-elle entraîner une crise sociale et économique majeure? La vie économique reprend petit à petit mais allons-nous devoir faire face à un véritable tsunami social avec perte d'emplois massive à la clé? Jusqu'à 250.000 personnes pourraient peut-être perdre leur job, selon plusieurs prévisions. Le confinement a eu un impact conséquent sur les entreprises et le monde du travail. L'horizon est sombre: chute du PIB, pertes d'emplois structurelles, déficit budgétaire...
Le moyen de prévenir cette hécatombe? Pour le Parti socialiste, il faut interdire les licenciements jusqu'au 31 octobre 2020. "Dans la situation dramatique que nous vivons, nous devons prendre des mesures fortes pour protéger les travailleurs et limiter au maximum l'impact social de la crise", a indiqué Ludivine De Donder, députée fédérale pour le PS, dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche (RTL-TVI). "Nous souhaitons un moratoire sur les licenciements: les interdire jusqu'au mois de novembre et prolonger concomitamment le chômage temporaire jusqu'à cette même date. Est-ce que c'est irréaliste? Je ne pense pas car quand un travailleur est mis au chômage temporaire, ça ne coûte absolument rien à l'employeur car l'indemnité est prise en charge par la sécurité sociale. L'idée, c'est de laisser aux entreprises quelques mois pour évaluer l'impact de la reprise économique. C'est une solution à la fois pour le l'entreprise et à la fois pour le travailleur parce qu'il ne s'agit pas de licencier personne maintenant et que dans quelques mois quand les affaires reprennent on en réengage".
"Un entrepreneur n'engage pas pour licencier des gens"
Cette proposition du PS sera d'ailleurs examinée mardi à la Chambre. Du côté des libéraux, et de l'Open VLD en particulier, elle est froidement accueillie. "Un entrepreneur n'engage pas pour licencier des gens. Licencier, c'est vraiment quelque chose qu'on n'aime pas faire mais parfois ça arrive...", a répondu Christian Leysen, député fédéral pour l'Open VLD. "Mais ne pas voir la réalité en face, quand il y a un problème, c'est vraiment contraire et contre-productif et c'est aussi malin que de dire 'On fait une loi qui interdit les accidents de voiture ou les maladies'. C'est reculer les choses. Je m'étonne que le PS veut essayer de refaire la lutte des classes...".
Cela ne coûterait pourtant rien aux entreprises. "Justement, cette année, on va avoir un déficit de 45 milliards d'euros. Donc, il faut redémarrer dans les conditions décrites le plus vite possible et le but aujourd'hui c'est d'aider les entreprises qui étaient saines qui doivent redémarrer au plus vite et de les aider. Mais des mesures pour se voiler la face, je pense que c'est extrêmement dangereux", a ajouté Christian Leysen.
"Se donner le temps"
Ludivine De Donder lui répond: "Je pense que Mr Leysen n'a pas bien lu la proposition de loi car comme je viens de le dire c'est juste laisser quelques mois aux entreprises pour évaluer cette reprise économique. Licencier maintenant du personnel, il faut au moins se donner le temps de voir ce qui va arriver parce que derrière ces postes, ce sont des femmes, des hommes, des familles brisées qui seront plongées dans la précarité. C'est reculer l'échéance pour ces personnes? Pas nécessairement car ces commerces reprennent et à un moment donné les gens aussi vont y retourner. Maintenir l'emploi, c'est maintenir les salaires et le pouvoir d'achat, ça participer à la relance économique".
"Ca ne fonctionnera pas"
Christian Leysen la reprend: "Tout le monde est dans l'attente de reprendre l'activité. Mais dans notre économie, il y a 50 % de tout notre PNB (produit national brut, c'est la production annuelle de richesses créées par un pays, que ce soit sur le sol national ou à l'étranger) déjà dépense par l'état et lui imposer et lui donner encore plus de responsabilités pour payer tous les gens, ça ne fonctionnera pas", a-t-il conclu.
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