Vendredi dernier, le magazine "Reporters" diffusait un reportage sur les "coupeurs de feu" (ceux qui soulagent les brûlures grâce à de mystérieux rituels). "C’est pas tous les jours dimanche" prolonge le débat. Comment expliquer le succès des guérisseurs ? Peut-on vraiment soigner les brûlures, l’arthrose, les verrues et les maux de dents grâce à l’imposition des mains ou à des prières ? Telles étaient les questions posées ce midi.
Invité sur le plateau, Stéphane Bairin est voyant (son activité rémunérée) et guérisseur (à titre gratuit). Il a reçu un don de sa grand-mère et traite les entorses et l’arthrose. Depuis deux ans, Christophe Deborsu souffre lui-même d’arthrose juvénile. "Rien ne vient à bout de cela, pouvez-vous m’aider ?", lance-t-il à Stéphane Bairin sur le plateau de l’émission. Ce dernier accepte. "Je vais faire une prière, explique-t-il. Je peux vous soulager, mais je ne peux pas vous guérir. Je préfère le terme "rebouteux" que guérisseur. On a besoin des médecins aussi, c’est important de le signaler." Stéphane Bairin sort alors du plateau, afin de ne pas ébruiter sa formule.
"Je me réveille et plus rien"
Pendant ce temps-là, Christophe Deborsu se tourne vers un autre de ses invités, Philippe Carrozza, journaliste et auteur de "Saints et guérisseurs". Plus jeune, il a lui-même été soigné par un guérisseur. Adolescent, il avait en effet des verrues sur les mains. "Le médecin m’avait prescrit un traitement assez lourd. Une dame de mon village m’a demandé pourquoi je n’allais pas chez telle personne dans un village voisin. J’y vais et il ne se passe rien. J’étais un peu sceptique. La personne me voit, ne me touche pas. Cela dure deux minutes et elle me dit au revoir. Elle m’avait dit : ça disparaîtra quand vous n’y penserez plus. Je n’y pense plus, je me réveille un jour et plus rien. Ce n’est plus jamais revenu. Avec mon esprit cartésien, je me suis dit que comme elle n’avait rien fait, c’était peut-être un hasard."
Stéphane Bairin revient alors en plateau après son rituel. Même si, selon ce dernier, cela prend environ deux heures pour savoir ce qu’il en est de l’arthrose soignée, Christophe Deborsu a déjà "l’impression que ça va mieux, mais il y a peut-être un petit côté psychologique".
"Une efficacité symbolique"
Face à ces invités, Baudouin Decharneux, philosophe et historien des religions, approuve l'aspect psychologique du guérisseur. "Si l’humanité s’était guérie comme ça, il n’y aurait pas de médecins aujourd’hui, spécialistes et professionnels. Tout le monde aurait recours à ces personnages qui sont des guérisseurs et qui font ça très souvent avec une certaine conscience et honnêteté, et nous n’aurions pas développé une médecine telle que celle que nous avons aujourd’hui. Nous avons doublé l’espérance de la vie de la population en un siècle au niveau médical." Baudouin Decharneux insiste sur l’efficacité de la médecine, mais le philosophe évoque aussi l’efficacité des guérisseurs (ou "soulageurs", comme ils préfèrent être appelés). "Il y a une efficacité symbolique, une efficacité liée à l’effet placebo… 80% des maladies se guérissent d’elles-mêmes."
Comme le rappellent plusieurs fois les guérisseurs présents sur le plateau, ils ne soignent pas les maux, mais les soulagent. Quant à Christophe Deborsu, il a la sensation de moins souffrir de son arthrose au poignet.
Vos commentaires