Un groupe d’experts historiens, chercheurs, juristes, a été chargé par le gouvernement bruxellois de se pencher sur le sort que l’on doit réserver aux symboles coloniaux dans les rues, dans les parcs de la capitale. Parmi les recommandations de cette commission, la création de nouveaux monuments, l’installation d'inscriptions commémoratives symboliques et aussi la destruction de certaines statues jugées problématiques, comme celle de Léopold II sur la place du Trône. La statue pourrait être fondue et le bronze fondu servant à la réalisation d’un mémorial commémorant les victimes de la colonisation. La majorité se dit prête à en discuter.
"La fonte répare et rend justice à ceux dont on ne parle pas", estime Georgine Dibua Mbombo de l'asbl Bakushinta et membre de la commission bruxelloise pour la décolonisation de l’espace urbain. "Il faut savoir que ce monument est l'un des plus contestés. Quand on parle de fonte, moi, je comprends qu'il y ait des réticences, mais en Flandre, on a enlevé des monuments", explique Georgine Dibua Mbombo.
Alexia Bertrand, cheffe de groupe MR au Parlement de la région de Bruxelles-Capitale, est contre l'idée de fonte. "Les personnes qui veulent faire fondre la statue de Léopold II réalisée par Thomas Vinçotte sont avant tout des activistes avant d'être des experts ou des historiens. L'histoire ne s'efface pas. On doit la conceptualiser, on doit l'expliquer, on doit l'enseigner. Ici, ce sont des vestiges du passé, on est tombé dans le domaine de l'histoire et du patrimoine et plus de la glorification. La question est toujours: jusqu'où va-t-on? Est-ce qu'on doit balancer aux ordures les tableaux de toute une série de personnages ? Que fait-on de Charlemagne qui a massacré les Saxons? (...) Je pense que ce n'est pas la bonne réponse", dit Alexia Bertrand. Pour la cheffe de groupe MR au Parlement de la région de Bruxelles-Capitale, des QR codes sur l'espace public pourrait être une solution pour contextualiser cette période de la colonisation.
Thomas Dermine, secrétaire d'État fédéral pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, partage cet avis. "Faire fondre une statue, c'est se mettre la tête dans le sable. C'est nié que ce passé a existé et c'est rater une occasion de le recontextualiser pour les plus jeunes, et d'expliquer les dérives du passé pour éviter qu'elles ne se reproduisent". Pour le secrétaire d'Etat, il faut laisser la statue de Léopold II sur place avec une explication.
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