Depuis 6 mois, les faits de grivèlerie sont en hausse. Les restaurateurs le constatent et certains tentent d’enrayer le phénomène en plaçant des dispositifs de surveillance. Mais malgré cela, des clients arrivent encore à quitter les établissements Horeca sans payer.
Stefano tient un restaurant à Hornu près de Mons. Chez lui, il constate au moins un cas de grivèlerie par semaine : "On voit depuis quelques mois une réelle augmentation de ce phénomène dans notre restaurant et dans ceux de nos amis".
La pratique est courante et le procédé des clients malhonnêtes bien connu : "Ils disent qu'ils vont fumer durant la soirée et ils ne reviennent plus jamais." Malgré cela, les abus restent difficiles à éviter. Stefano a installé plusieurs caméras de surveillance et plusieurs pancartes pour tenter de dissuader les contrevenants, en vain. "Quand une personne mal intentionnée veut partir sans payer, ce n'est pas moi qui vais partir derrière elle pour la rattraper", déplore-t-il.
Les restaurateurs font leur propre justice
Sa solution : poster les images des caméras de surveillance sur les réseaux sociaux, une méthode qui porte ses fruits : "On a récupéré deux fois sur cinq la totalité de l'addition. Je sais très bien qu'on ne peut pas le faire, mais on utilise les réseaux sociaux à bon escient".
Effectivement, la méthode pose un problème puisqu'elle porte atteinte au droit à l'image d'autrui. Denis Goemans, juge au tribunal de première instance francophone de Bruxelles, comprend la démarche du restaurateur, mais prévient : afficher quelqu'un sans son accord sur les réseaux sociaux pourrait se retourner contre le lui.
"Je comprends la volonté de monsieur de récupérer son dû, ça me semble assez naturel et logique", avoue le juge, mais la grivèlerie est une infraction pénale passible de 8 jours à 3 mois de prison et jusqu'à 12.000€ d'amende. Il conseille donc plutôt de porter plainte et de fournir les images de vidéosurveillance à la police : "Ce serait un petit peu regrettable que la personne qui est "victime" au préalable se voie par la suite poursuivie au civil par un suspect de grivèlerie".
Ces faits sont encore plus courants en été lorsque les clients consomment en terrasse puisqu'ils peuvent facilement quitter les lieux. Les restaurateurs espèrent que la pratique posera moins problème durant l'hiver.
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