Cieltje Van Achter, la vice-présidente de la N-VA, était face aux chroniqueurs de C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI. Christophe Deborsu est revenu sur la proposition de Paul Magnette de mettre en place un gouvernement fédéral transitoire pour un an... sans les nationalistes flamands. N’est-ce pas la solution la plus raisonnable pour éviter le blocage?
Jeudi, Paul Magnette, porte-parole du PS, plaidait pour la première fois pour la création d'un gouvernement provisoire: une coalition à trois partis francophones, quatre partis flamands. Les libéraux, les socialistes, les écologistes, et le CD&V. Bref, tous les partis traditionnels sauf le cdH qui a choisi l'opposition, et surtout sans la N-VA.
"Ce que le PS veut n'est pas très clair"
Pour les Chrétiens démocrates flamands, c'est non: "Hier, j'ai entendu trois choses différentes du parti socialiste. Je pense qu'ils ont des problèmes en interne, et cela ne justifie pas qu'ils mettent à mal les négociations en cours. Les élections sont passées, il faut maintenant voir de quelle façon il est possible d'amener les partis autour de la table pour former un gouvernement, et c'est le rôle des informateurs", réagissait Wouter Beke, président du CD&V, au micro de nos confrères de vtm le 14 juin dernier.
Cieltje Van Achter, la vice-présidente de la N-VA, était sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. Elle réagit à cette proposition de Paul Magnette: "Elio Di Rupo avait déjà dit ça le 27 mai, le lendemain des élections, il avait déjà dit qu'il voulait un gouvernement sans majorité en Flandre. Evidemment, pour nous, ce n'est pas la réponse qu'on devrait avoir. Ce que le PS veut n'est pas très clair. Il a dit ça, mais pour nous, c'est clair, il faut parler avec les informateurs. Il y en a deux, et si on ne parle pas avec eux, ça devient très difficile pour eux de continuer leur mission".
"C'est pour ça que nous avons mis le confédéralisme sur la table"
Du côté flamand, ça ne passe donc pas. Pourquoi amener cette exigence supplémentaire d'une majorité en Flandre? "Nous voulons une politique de centre-droit, c'est clair, nous voulons une politique plus stricte du point de vue de la migration, une politique qui investit dans la sécurité, des réformes socioéconomiques qui vont dans l'autre direction que celle que veut prendre le PS. C'est ce que nous voulons. Avec le PS et Ecolo, ça devient très difficile d'obtenir ce contenu, c'est pour ça que nous avons mis le confédéralisme sur la table", a réagi Cieltje Van Achter, qui répète qu'il faut selon elle laisser le temps aux informateurs du temps et la liberté de discuter.
"Je veux bien y croire, mais c'est absurde"
Pourquoi ce gouvernement provisoire d'un an proposé par le PS n'est pas plébiscité du côté flamand, alors que cela pourrait débloquer la situation? "Faire un gouvernement provisoire pour un an, qui va régler les 11 milliards [de déficit budgétaire, nldr], et peut-être les autres cadavres dans le placard, je veux bien y croire, mais c'est absurde", estime le journaliste et chroniqueur Rik Van Cauwelaert.
Pour combler ce trou de 11 milliards, il y a deux solutions, selon lui: "Les contributions ou bien les assainissements. Messieurs Di Rupo et Magnette ont bien fait comprendre que les assainissements n'étaient pas au programme, sinon ils doivent manger tout leur programme électoral. Donc c'est infaisable, mais également pour une autre raison. On a parlé ici du signal de l'électeur. Du côté flamand, il y a eu un autre signal, et pas de gauche. Il y a un bloc de 43% de nationalistes et indépendantistes, si j'additionne. Si j'ajoute le bloc libéral, qui n'est quand même pas de gauche, on est à plus de 50%. Comment allez-vous faire une politique que prône le PS contre un bloc pareil?"
"Il y a un manque de logique politique"
Christophe Giltay rappelle qu'il y a plein de pays où les gouvernements minoritaires existent. "C'était le cas notamment de l'Espagne, et ça n'a pas empêché le parti socialiste espagnol de remporter ces législatives. C'est souvent quand il y a une crise profonde ou en fin de législature, comme on l'a vu ici d'ailleurs ces derniers mois. En général, on ne démarre pas une législature avec un gouvernement minoritaire, ou alors on est vraiment très mal en point". Pour le grand reporter et chroniqueur, il y a un "manque de logique politique".
"Est-ce qu'on va faire le même show, et continuer de cette manière-là?"
La N-VA pourrait-elle imaginer être dans le gouvernement flamand sans être au fédéral? "Nous sommes aujourd'hui 3 semaines après les élections", note Cieltje Van Achter, qui rappelle que "C'est la Belgique...".
"C'est trop tôt de dire oui ou non, il faut entamer les discussions et voir où on arrive. Pour nous, c'est clair, nous mettons le confédéralisme sur la table comme une solution, pas un problème. On a eu deux gouvernements déjà qui n'avaient pas de majorité dans l'une ou l'autre région. Ce n'est pas démocratique. Je comprends les Wallons qui n'étaient pas d'accord d'avoir une politique de centre-droit ces cinq dernières années. Est-ce qu'on va faire le même show, et continuer de cette manière-là? Non, ce n'est pas la solution".
Pour la n°2 de la N-VA, "Le confédéralisme est la solution pour que les gens reçoivent la politique pour laquelle ils ont voté". "La Wallonie a voté à gauche, la Flandre a voté centre-droit, et c'est pour ça qu'on veut négocier sur le contenu".
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