Travailler 4 jours par semaine en gagnant le même salaire, est-ce une idée réaliste ou utopique ? C’est l’un des sujets débattus aujourd’hui sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche".
En ce début de campagne électorale, un thème refait surface: la semaine de 4 jours sans perte de salaire. PS, PTB et Ecolo croient à 32 heures semaine payées 38, DéFI plaide pour un 4/5e temps suivi de 1/5e de formation pour certains emplois. Le cdH, longtemps opposé au principe, imagine 4 journées de 9h de travail. Le MR est le seul parti francophone à dire toujours non.
Une réalité chez Auto 5
Certaines administrations ont déjà sauté le pas, et même quelques entreprises privées, comme la société Auto 5. En échange d’une réduction du temps de travail à 36h accordée par la direction, les travailleurs ont accepté d’être plus flexibles.
"A certains moments, forte activité, comme actuellement avec la neige, les travailleurs montent à 40h par semaine. Faible activité, on descend à 32h. On annualise, ça fait une moyenne de 36h", explique Gaël Ruzziconi, délégué syndical CSC Auto 5."Cela améliore la vie, surtout que nous avons la possibilité de travailler 4 jours de 9 heures", assure-t-il.
Une expérience positive selon Robert Verteneuil. Le président de la FGTB plaide pour une réduction du temps de travail, en étant attentif aux profils et aux besoins spécifiques des sociétés. "Ce qu’il faut faire c’est trouver des solutions adaptées aux types d’entreprises, aux types de secteurs et parfois pas tout de suite aller vers les 32h mais passer par des étapes intermédiaires", estime le syndicaliste.
"Si on passe de 5 à 4 jours, cela augmente le coût par heure de 25%"
Pour Roland Duchâtelet, CEO du groupe ELEX qui emploie 9.000 personnes, un pas vers davantage de flexibilité est une bonne chose. Mais le milliardaire belge se dit opposé à une réduction nette du temps de travail. "A mon avis, il est ridicule d’avoir aujourd’hui le même nombre d’heures par semaine pour tout le monde. Des jeunes qui veulent travailler plus, ils peuvent le faire. Par contre ceux qui sont près de la retraite, autant qu’ils travaillent moins", estime le patron.
"En plus au niveau financier, c’est impayable. Si on passe de 5 à 4 jours, cela augmente le coût par heure de 25%. Et comme quasiment la moitié des employés en Belgique travaillent directement ou indirectement pour l’Etat et qu’ils ont le même régime, à ce moment-là, en plus de la hausse de 25% du coût du travail dans le secteur privé, cela augmente aussi les impôts. Donc c’est totalement irréaliste", affirme Roland Duchâtelet.
Pour la N-VA, cette mesure risque en effet de plomber la Wallonie.
"Oui c’est payable", assure le PS
Le PS assure toutefois qu’il est possible de financer ce projet. Et ajoute que cela permettra de créer 300 à 500.000 emplois en Belgique."Oui c’est payable. Le PS a des propositions très concrètes en la matière. Par exemple une diminution des cotisations patronales pour financer ce modèle", assure Delphine Houba, échevine PS de la Culture à la Ville de Bruxelles.
De son côté, le MR a toujours été fermement opposé à cette idée. "Nous, on pense à améliorer et à mieux concilier, à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Mais pour nous cela ne passe pas par une réduction linéaire et systématique du temps de travail à 32h parce qu’il n’y a pas que la question du coût. Il y a aussi une question très concrète: 94% des entreprises dans notre pays ce sont des PME de moins de 50 personnes est-ce applicable de faire ça chez elles du jour au lendemain ? Parce que l’on parle toujours de réduction de temps de travail avec obligation d’embauche compensatoire pour créer de l’emploi. Il y a des indépendants qui ne pourront pas remplir ces conditions", souligne Gautier Calomne, député fédéral et chef de groupe MR au conseil communal d’Ixelles.
D'autres solutions comme la sieste au boulot
Les libéraux plaident dès lors pour d’autres solutions comme le télétravail et la sieste au boulot. "Nous voulons mette en place une fiscalité avantageuse pour les sociétés qui promeuvent le bien-être au travail, par exemple en mettant en place une crèche", précise le libéral.
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