C'est au centre de recherche et développement de Jaguar Land Rover, au coeur de l'Angleterre, que nous avons pu tester un système d'assistance à la conduite très perfectionné, permettant d'éviter accident et embouteillage. Il faudra hélas attendre quelques années, même si la technologie est déjà prête: nous l'avons essayée sur piste !
Depuis plusieurs années, les technologies de communication et de connectivité des voitures sont au cœur des centres de recherche et développement des plus grands constructeurs.
Et s'il est un domaine qui devrait retenir toutes leurs attentions, c'est bien la sécurité routière.
Cet été, le groupe Jaguar Land Rover a présenté à la presse, dans son centre de recherche et développement de Gaydon, près de Birmingham, les dernières avancées d'un projet de "convoi" de voitures connectées, communiquant entre elles en permanence.
Un cruise control boosté
Il s'agit du C-ACC, pour Co-operative Adaptative Cruise Control (régulateur de vitesse adaptatif et coopératif). Jaguar Land Rover l'a déjà implémenté dans des véhicules de test, que nous avons pu essayer à plusieurs reprises sur la piste du centre de recherche de Gaydon.
Ce système "fournira les bonnes informations au bon moment" et "permettra de prendre des décisions mieux adaptées et plus sûres, que la conduite soit humaine ou autonome", a déclaré Tony Harper, directeur de la recherche au sein de Jaguar Land Rover.
Comme son nom l'indique, ce projet est basé sur le principe du cruise control présent dans de nombreuses voitures, cette option qui permet au véhicule de maintenir une vitesse fixée par le conducteur, sans que celui-ci ne doive accélérer.
Le régulateur de vitesse a bien évolué ces dernières années, et nous vous avons déjà parlé de ces "voitures qui roulent toutes seules". En réalité, c'est grâce à un cruise control plus intelligent, qui va freiner à votre place pour garder une distance de sécurité, et réaccélérer dès que possible (ou dès que vous commencez à dépasser), pour atteindre à nouveau la vitesse de croisière désirée.
Pour y parvenir, l'ordinateur de bord se base sur divers capteurs à l'avant du véhicule, qui estiment la distance le séparant de la voiture située devant lui.
Cette technologie est sur le point d'atteindre un nouveau stade: celui de la coopération entre voiture, et entre voitures et objets. C'est le C-ACC.
Deux gros avantages: sécurité et gestion du trafic
L'idée est donc de connecter les voitures entre elles via un protocole de communications sans-fil (un genre de Wi-Fi, donc), afin de créer une sorte de convoi.
Un train virtuel est donc créé en permanence, composé d'une centaine de voitures maximum (selon la densité du trafic). Les données telles que la vitesse, le freinage, les coups de volant ou la trajectoire sont transmises en permanence aux autres voitures, qui communiquent l'une avec l'autre.
Les ordinateurs de bord, respectant une série de règles prédéfinies, se chargent dès lors d'adapter la vitesse et de freiner à la place du conducteur.
Deux énormes avantages: la fin des carambolages sur les routes (les voitures freinent toutes seules en cas de problème), et la diminution des embouteillages (les voitures adaptent leur vitesse et peuvent rouler très près l'une de l'autre à 70 km/h, par exemple, évitant les coups de freins à la base des bouchons).
Il y a un petit plus: cette technologie de communication intégrera les panneaux de signalisation (notamment ceux mentionnant les travaux ou les accidents), les voitures en panne ou accidentées, et la présence de véhicules de secours. L'idée est que tout ce qui concerne la circulation routière puisse communiquer, afin d'éviter accident et embouteillage. Que ce soit via un simple avertissement si le conducteur veut garder le contrôle, ou via une conduite (de plus en plus) assistée, avec régulateur de vitesse constant.
Pas pour tout suite, hélas
La technologie est déjà effective et (heureusement) efficace à 100%: nous l'avons testée en situation réelle sur piste avec des véhicules de test.
Il y avait trois voitures: celle de tête roulait à vive allure et freinait régulièrement assez fort ; la deuxième (la nôtre…), équipée du C-ACC, la suivait de près (environ 15 mètres) et freinait au même moment, gardant la distance de sécurité en permanence ; la troisième, équipée du cruise control traditionnel se basant uniquement sur les capteurs de la voiture, suivait à environ 100 mètres et freinait donc plus tard.
Lors de nos essais, l'ingénieur en chef nous a cependant précisé que "le C-ACC est à l'état de brouillon: chaque constructeur fait des tests en interne". Actuellement, les Jaguar et les Land Rover peuvent déjà communiquer entre elles, mais le C-ACC n'a de sens que si TOUS les constructeurs s'entendent sur une technologie commune (qui serait dès lors obligatoire).
L'Union européenne, heureusement, prend la chose très au sérieux, pensant aux accidents en baisse, aux primes d'assurance en baisse, aux embouteillages évités. Cela permettrait d'économiser des milliards d'euros à l'échelle du continent. Des colloques ont lieu régulièrement pour faire se rencontrer les principaux acteurs.
En attendant, Jaguar Land Rover va accentuer ses tests. Une flotte de 100 véhicules va être lancée dans les quatre prochaines années. Ils seront sur la route dès fin 2016 sur de nouveaux tronçons de test en Angleterre.
Selon l'ingénieur que nous avons interrogé, "cela peut prendre 5 ou 10 ans" avant que cette technologie soit imposée sur nos routes, et "ça dépend si les constructeurs s'entendent rapidement".
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