10 ans après le lancement d'un premier ordinateur tournant sous Chrome OS, Google décide d'officialiser les Chromebooks dans notre Belgique. L'occasion de faire le point, avec un responsable de Google, sur ces ordinateurs de différentes marques (HP, Acer, Lenovo, etc) qui utilisent un système d'exploitation très léger avec une configuration très légère (y compris le prix…).
Vous l'ignorez sans doute, mais Google est l'entreprise dont le système d'exploitation est le plus répandu dans le monde. Effectivement, Android se décline sur smartphone et tablette (nouvelle version chaque année), mais aussi sur montre connectée, télévision ou boitier TV. Et comme tous les smartphones dans le monde (à part les iPhone d'Apple, évidement) tournent sous Android, Google a une sacrée présence…
Mais ce n'est pas tout: Google aimerait aussi s'occuper du logiciel des ordinateurs. Malgré l'arrivée de la tablette tactile, tout le monde a encore besoin d'utiliser un ordinateur, plus pratique dès qu'on doit travailler ou écrire de manière plus intensive, faire de la visio-conférence sans tenir un téléphone dans la bonne position, etc.
Et pour ce faire, Google a lancé Chrome OS. Oui, Chrome, vous connaissez bien, c'est le navigateur internet le plus populaire (environ 70% !) tournant sur les ordinateurs dans le monde entier. Hé bien, Chrome OS est un système d'exploitation pour ordinateur qui se base principalement sur le navigateur.
Les Chromebook, ce sont les ordinateurs qui tournent sous cet OS. De nombreuses marques proposent des versions basiques ou plus luxueuses. Google lui-même commercialise dans certains pays ses propres Chromebook, mais celui qui m'a servi de base pour le test est de HP. De taille 15", il est équipé d'un petit processeur Intel Pentium Gold, de 4 GB de RAM, de 64 GB de stockage embarqué et d'une petite carte graphique Intel HD Graphics 610. Pour la partie son, il y a des haut-parleurs sur le dessus, signés Bang & Olufsen, donc c'est un peu mieux que la moyenne. Son prix recommandé est de 429€, mais on le trouve en promo à 349€ actuellement sur le web. Un prix léger mais logique vu les composants entrée de gamme. Avantage: il se charge avec un câble USB Type-C, des deux côtés de l'ordinateur...
Comment ça marche ?
Un Chromebook est un ordinateur portable qui se configure assez rapidement. Une fois que vous avez renseigné vos accès Google et accepté quelques fenêtres de conditions générales et de réglages de base, vous voilà sur un bureau assez classique, avec un joli fond d'écran, une petite zone pour heure/icônes d'état/notifications en bas à droite, et un bouton en bas à gauche qui s'apparente au fameux "démarrer" de Windows (il soulève le lanceur d'applications, voir photos ci-dessous). Rien de très perturbant, donc.
Il y a un bouton (la loupe) qui fait monter le lanceur équipé d'une zone de recherche. Dans cette zone, vous tapez ce que vous voulez, et Google vous propose une page web, un favori, une recherche ou une application installée. C'est rapide et pratique. Astuce: si vous appuyez sur Shift + Loupe, toutes les applications s'affichent.
Un ordinateur sous Chrome OS fonctionne presque comme un ordinateur sous Windows ou Mac, surtout si votre activité se résume (et c'est le cas d'une bonne partie de la population) à consulter des sites web, regarder des vidéos, écouter de la musique, écrire des documents, faire de la visio-conférence.
Tout cela est parfaitement possible via Chrome OS, une interface qui consiste principalement à lancer des pages du navigateur Chrome (c'est vers ça que renvoient les raccourcis YouTube ou Google Document préinstallés, par exemple).
Chrome OS existe depuis environ 10 ans, et il a évolué au fil du temps. Le plus gros changement est intervenu en 2016, quand il est devenu compatible avec des millions d'applications en provenance du Play Store (donc d'Android). Toutes les applications ne sont pas concernées, mais il y en a tout de même environ 3 millions actuellement qui peuvent être téléchargées, s'afficheront de manière plus ou moins cohérente sur votre ordinateur (voir plus bas), et se contrôleront avec une souris.
L'autre changement, c'est que Google lance officiellement Chrome OS en Belgique. "Android est très populaire en Belgique, il a un look & feel apprécié, et on le retrouve dans Chrome OS", m'a expliqué Alex Grotz, responsable du développement de ChromeOS dans le Benelux. Explication assez sommaire. En réalité, le géant californien du logiciel aime accompagner ses lancements, et se déploie progressivement en Belgique, un petit pays où tout arrive après la France, l'Allemagne et les Pays-Bas. Par ailleurs, on pouvait déjà trouver des Chromebook dans des magasins belges, "mais ils venaient sans doute des Pays-Bas ou d'Allemagne, ils n'étaient pas officiellement belges".
Quelles sont ses qualités ?
Simplicité, rapidité. Ce qui frappe d'emblée avec Chrome OS, c'est la vitesse d'exécution. Le système d'exploitation étant particulièrement léger et simple, il se lance rapidement (et effectue toutes les tâches qu'on lui demande sans sourciller). "Google contrôle tout: en tant que OEM (constructeur comme HP ou Acer), il faut s'inscrire et de nombreuses permissions et autorisations de Google sont nécessaires pour utiliser Chrome OS, qui fonctionne donc mieux, et plus longtemps".
Tout est dans le cloud, sur les serveurs de Google; rien (ou presque) n'est stocké, calculé ou synchronisé localement. D'ailleurs, le disque dur est une mémoire flash de 64 GB dans la plupart des configurations (on peut insérer une carte microSD si on le souhaite). On est en dehors du cycle traditionnel des ordinateurs portables: mise-à-jour OS => mise-à-jour des applications => mise-à-jour de l'antivirus => nouveau patch de sécurité => back-up des données personnelles. Avec Chrome OS, tout est géré à distance par Google, c'est comme si on streamait un système d'exploitation. Cela simplifie l'utilisation, accélère le fonctionnement et donne une très longue durée de vie aux Chromebook, sans perte de vitesse. Sans oublier des prix très légers (car configuration minimaliste) et une belle autonomie (rien ne "tourne" en arrière-plan durant la mise en veille). C'est comme avec les voitures de sport: "Light is Right" (si c'est léger, c'est bien).
De plus, sans alourdir la machine avec des profils, il est très simple de prêter son Chromebook à toute la famille, tous ceux qui ont un compte Google peuvent se logger et avoir leur propre session en quelques secondes.
Quels sont ses défauts?
Tout passe par Google. Donc au plus vous êtes habitués / vous utilisez les innombrables services de Google, au plus le Chromebook sera pratique et intuitif pour vous. Si vous n'aimez pas trop cette concentration de services au sein d'une même entreprise, ça pourrait être plus compliqué. Par exemple, tout ce qui est stockage de données (Google Drive) et création de documents (texte, tableur, présentation), ça fonctionne mieux avec les services de Google, qui sont bien intégrés dans l'OS. Précisons tout de même que toutes les plateformes qui tournent sur navigateur fonctionnent, c'est le cas de la suite Office de Microsoft, qui existe en version 'online' (dont Word et Excel, mais il faut un abonnement payant; alors que tout est gratuit avec Google).
Double OS, double emploi. Depuis l'arrivée, en 2016, du Play Store (le magasin d'application Android), c'est comme s'il y avait deux systèmes d'exploitation qui coexistaient dans Chrome OS. L'un se résume au navigateur Chrome: on sait tout faire, ou presque, via un navigateur, et on a l'habitude. L'autre est Android, avec une série d'applications plus ou moins compatibles avec votre ordinateur. Selon moi, ce n'est jamais bon en termes d'ergonomie et de compréhension pour l'utilisateur d'avoir deux moyens identiques de faire la même chose. Exemple: l'application Nest (caméras de surveillance, thermostat, détecteur de fumée) et le site web de Nest, font exactement la même chose (voir ci-dessous). Ou encore, plus simplement, Drive (vos données dans le cloud de Google), qui existe en doublon si vous téléchargez l'application du Play Store (l'affichage sera différent). Parfois c'est mieux de passer par le navigateur (les textes s'afficheront souvent mieux), parfois c'est moins bien. Autre exemple: pour Netflix, passer par un navigateur permet de regarder uniquement, passer par l'application permet, en plus, de télécharger des épisodes offline…
Pas toutes les applications. Contrairement à un Mac ou à Windows, vous ne pouvez pas aller télécharger sur le web des applications dédiées à Chrome OS. Il y a certes le PlayStore dont je viens de parler, mais tout ne s'y trouve pas. Par exemple, pour un éditeur de photo / vidéo il faut passer par le PlayStore, où tout est conçu pour une utilisation tactile et simplifiée. Donc rien de pratique. Et on remarque alors les limites de puissance de calcul, car c'est un peu lent. "Les Chromebook ne sont clairement pas recommandés pour les gamers et les designers", reconnait Alex Grotz. On l'a compris, faire de la retouche photo avancée (collage, découpage, calque, etc) n'a jamais été le but d'un Chromebook, né à la base pour le monde de l'éducation (fournir des ordinateurs basiques pour les travaux de bureau, la communication et le surf).
Conclusion
Les Chromebook et Chrome OS ont évolué ces dernières années, et sont officiellement lancés par Google en Belgique. Vous en trouverez bientôt beaucoup plus dans les magasins belges. Ces appareils conviennent à une très grande majorité des utilisateurs, qui ont besoin d'un ordinateur pour travailler et regarder des vidéos plus facilement que sur une tablette.
Certes, le choix des applications est limité et parfois confus (via le navigateur Chrome ou via le Google Play Store…), mais si vous analysez quelques minutes votre activité sur un ordinateur, il est fort probable que ça passe par un navigateur.
L'avantage des Chromebook, c'est la légèreté du système d'exploitation, ce qui implique des composants entrée de gamme, donc un prix plancher (souvent entre 200 et 400 euros) et une rapidité d'exécution constante, car tout est pris charge par les serveurs de Google. Votre ordinateur n'est finalement qu'un écran et un clavier connectés...
Parallèlement aux foyers, c'est également dans l'éducation que les Chromebook devraient se multiplier depuis leur lancement "officiel" en Belgique. "On devrait voir de plus en plus de Chromebook dans les écoles belges", conclut notre interlocuteur, Alex Grotz, qui sera chargé de populariser ses appareils dans les écoles… et les foyers.
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