Qui n'a pas déjà été surpris de voir apparaître, sur Facebook ou Instagram, une publicité sur le produit dont vous parliez la veille avec vos amis ? Une expérience de plus en plus fréquente. Et un coupable : le smartphone. Souvent posé sur la table, il enregistrerait nos conversations à des fins marketing. Alors... légende urbaine ou réalité ? C'est presque vrai, mais le sujet est plus compliqué.
Le smartphone "n'enregistre" pas vraiment nos conversations. Certaines applications, autorisées à utiliser notre micro, sont programmées pour repérer des mots clés prononcés à voix haute. Marque, vêtement, boisson, destination... si le mot est repéré, il sera en effet utilisé pour "pusher" des publicités ciblées sur l'application en question.
Et ce n'est pas vraiment illégal puisque l'utilisateur a accepté les conditions générales de l'application en l'utilisant. Et il a souvent donné l'autorisation à l'application d'utiliser le micro. C'est bien connu maintenant... les données des utilisateurs (écrites ou orales) sont une mine d'or pour les entreprises.
Mais aucune étude scientifique n'a pour l'instant permis de démontrer vraiment cette théorie. Le côté aléatoire de ces écoutes rendent la preuve très compliquée. Sauf que certains responsables d'application ont déjà admis avoir fait des tests anonymes, mais ils nient sa pratique courante.
Pour limiter cette écoute : il est conseillé d'aller dans les paramètres de confidentialité de notre GSM, de bien vérifier quelle(s) application(s) accèdent à notre micro et modifier les réglages si besoin. Si l'application ne laisse pas le choix alors qu'elle n'a pas besoin du micro, il est préférable de la supprimer. Enfin, l'utilisateur peut fermer l'application au lieu de la laisser tourner en arrière-plan.
Alors... nos smartphones sont-ils des espions de poche ? Non, ils n'enregistrent pas toutes nos conversations. Par contre... oui, ils sont capables de détecter certains mots-clés prononcés à voix haute. Comment ça fonctionne ? Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit de la police fédérale. Il est joint par Vincent Chevalier. "Ce qui a été démontré, c’est que le micro est actif et est associé à certains applications. Quand votre application est active en arrière-plan, l’appareil peut reconnaître certains mots au moment des conversations. Ils vont être retenus par le système et vont pouvoir entraîner la suggestion de publicités ou de contenus par exemple. Cela peut être par exemple quand vous évoquez vos futures vacances… Vous aurez éventuellement des suggestions, comme une chaîne d’hôtels", explique-t-il.
Mais est-ce qu'il est possible de se protéger, ou en tout cas limiter ce genre d'écoutes ? Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit de la police fédérale, conseille d'aller voir dans les réglages de son téléphone. "Il faut voir quelles sont les autorisations qui sont accordées à l’application installée. On peut dans la plupart des cas limiter les utilisations. On peut par exemple dire qu’on ne comprend pas pourquoi il y a une utilisation du micro et automatique, on interdit l’usage du micro. Il faut tenir compte que des applications se donnent le droit d’accéder à d’autres applications. C’est un nettoyage et un réglage assez intense si on veut vraiment se protéger", conclut-il.
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