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Test Motorola Edge 20 Pro: que vaut ce smartphone qui symbolise les ambitions retrouvées du constructeur "américain"

Les tests de Mathieu: Motorola est de retour en force, que vaut son dernier smartphone ?
 
Les tests de Mathieu
 

A 665€ (prix dans les boutiques belges), ce smartphone oscille entre le haut de gamme et le moyen de gamme. Un jeu d'équilibriste assez réussi qui marque le retour de Motorola au premier plan. Je l'ai essayé dans le détail durant un mois, et j'ai enquêté sur la "nationalité" un peu hybride de l'entreprise.

Dans le petit monde des smartphones, je le répète assez souvent, il n'y a pas vraiment de place pour tout le monde. Du moins pas partout. Vous le savez, en Belgique et en Europe, c'est surtout Samsung et Apple qui dominent. Et après avoir été titillés par Huawei, ils le sont par une autre marque chinoise: Xiaomi. Oppo et OnePlus (les deux marques sont désormais 'sœur') sont en embuscade. Et après… c'est compliqué.

Je vous ai déjà parlé de la fin de LG, des choix particuliers de Sony et de la stratégie intelligente de Nokia. Place désormais à un challenger aux origines hybrides: Motorola.

Américain ou chinois ?

Une entreprise américaine rachetée par des chinois, et qui reste en partie américaine, c'est atypique dans l'économie actuelle. On le sait depuis le boycott de Huawei et d'autres entreprises chinoises par l'administration américaine: c'est assez tendu entre les Etats-Unis qui veulent éviter que la Chine ne domine (davantage qu'actuellement) les technologies de communication mobile. Dès lors, une entreprise américaine (Motorola est basé à Chicago) appartenant à un mastodonte chinois de l'électronique (Lenovo a une capacité de production gigantesque, notamment au niveau des ordinateurs), c'est un cocktail étonnant.

J'ai posé la question à Motorola Benelux, et les réponses sont assez claires: le développement se fait aux Etats-Unis, la fabrication… un partout dans le monde. "Motorola Mobility continue de diriger l'activité mobile de Lenovo et s'appuie sur son riche héritage pour faire à nouveau de la marque Motorola un nom haut de gamme et pertinent à l'échelle mondiale". Le "principal centre de recherche et développement est situé au siège de Chicago, où se trouve les autres départements principaux" ; tandis que "nos usines sont basées en Chine, au Brésil, en Argentine et en Inde".

Quant aux liens avec Lenovo, "nous avons déjà profité d'opportunités liées à l'approvisionnement (de composants), aux services et aux expériences telles que Thinkshield for Mobile (sécurité) ou Ready For (voir plus bas)". Selon Motorola, "maintenant que nous observons une rentabilité constante, il y a une dynamique de collaboration positive et plus de flexibilité dans la façon dont nous travaillons avec Lenovo". Une histoire de "synergies", donc. En bref, Motorola est une entreprise américaine qui dit être indépendante de son propriétaire chinois, tout en développant des synergies avec le N.1 de l'ordinateur. Cela dit, dans les coulisses, une entreprise a des comptes à rendre à ses actionnaires, qui siègent au conseil d'administration et pèsent dans les décisions.

Dans la pratique, Motorola est perçue comme américaine aux Etats-Unis, où il est le deuxième vendeur de smartphones Android, derrière Samsung (l'iPhone est toujours largement leader avec 64% de part de marché !). Dans nos régions où la concurrence chinoise est féroce, c'est plus compliqué. Motorola fait souvent partie du top 5, il est donc derrière Apple, Samsung, Xiaomi et Oppo (d'après mes impressions, je n'ai pas les derniers chiffres belges).


Les moyens des ambitions

Avec la nouvelle gamme Edge20, dont j'ai essayé la version Pro, Motorola affiche de nouvelles ambitions. Cela se voit au niveau de la communication et de la publicité, même en Belgique, et au niveau de la proposition de Motorola, plus pertinente que les années précédentes. Sans se lancer dans la course à l'ultra premium (un marché 'vitrine' où peu de marques gagnent de l'argent), l'entreprise cherche le compromis idéal entre le prix et la qualité. Le Edge20 Pro, qu'on trouve à 665€ (en boutique belge), a de belles qualités.

Un grand écran OLED, très fluide. Il faut activer l'option 'taux de rafraîchissement élevé' dans les options pour le faire passer à 144Hz, et ainsi profiter d'un défilement toujours très doux, sans à-coups. Les couleurs sont justes, le contraste élevé, c'est très agréable de regarder des vidéos sur la dalle de 6,7" (c'est grand !) certifiée HDR10+. La définition est Full HD+, donc 2.400 x 1.080 pixels.

Des capacités photos inédites pour Motorola, qui s'essaie au zoom périscopique (alignement de lentille, comme un périscope, pour parvenir à du zoom optique et non pas uniquement numérique). Ce zoom est 5X sans perte de qualité d'image, et peut monter jusque 50X (mais c'est du zoom dans l'image, donc ça devient vite de la bouillie de pixels sans trépied ni soleil). Le capteur principal grimpe à 108 MP, ce qui laisse la possibilité de zoomer dans l'image après la prise de vue, si on active le mode Ultra-Res. Les photos sont bonnes dans l'ensemble, mais j'ai remarqué une tendance au lissage des textures: un certain manque de piqué, de détails, si on compare à la concurrence du même prix. Le troisième capteur (16 MP) est à la fois grand angle (prendre plus de scène sans reculer) et macro (photo à 4 cm du sujet), mais comme c'est trop souvent le cas, ces modes de prises de vue sont un peu bâclés et on est vite déçu du résultat. Bref, on n'est pas au niveau du Samsung Galaxy S21 Ultra, la référence de 2021 (mais qui dépasse encore les 1.000 euros). Au point de vue logiciel, il est possible d'utiliser en même temps les capteurs avant et arrière (un des trois au choix) pour faire des photos ou vidéos 'dual'. C'est toujours amusant, je trouve.

Un logiciel très propre. L'Android 11 du Motorola Edge20 Pro est quasiment d'origine, c'est-à-dire que les applications et services intégrés de Google sont bien exploités. Si vous les utilisez souvent (Photos, Maps, Docs, Drive, Gmail), c'est l'idéal. De plus, un bouton physique sur la tranche gauche lance l'assistant vocal Ok Google. Motorola n'ajoute que quelques fonctions pratiques (ex.: des mouvements du poignet qui allume l'appareil photo ou la torche quand l'appareil est verrouillé, par exemple), quelques bonnes idées logicielles (ex.: raccourcis quand on effleure deux fois le bouton de déverrouillage). Il y a également la notion appelée Ready For par Motorola: c'est un logiciel intégré qui permet d'utiliser son smartphone sur une TV ou un écran d'ordinateur, avec ou sans câble. En résumé: on se sert du téléphone comme télécommande pour diffuser du contenu (un jeu vidéo, des vidéos, un mode 'PC') sur la TV, à l'aide d'une interface simplifié et intuitive. Et ça fonctionnait de manière très fluide, même sans fil, sur ma TV Samsung vieille de 5 ans (elle est compatible Miracast). Motorola vend en accessoire une station d'accueil et un câble HDMI, si nécessaire, et il est possible de se procurer des dongle HDMI Miracast pour les TV non équipées. L'option s'avère intéressante pour tous ceux qui veulent partager le contenu de leur smartphone :


 
 

La fiche technique est conforme aux attentes pour 665€: une excellente puce Snapdragon 870 (pas la meilleure, mais presque) intégrant la 5G, 256 GB de stockage et 12 GB de RAM. La batterie de 4.500 mAh s'avère particulièrement endurante, sans doute grâce à ce logiciel épuré. Difficile de la mesurer de manière précise, mais mon sentiment après un mois, c'est qu'elle est meilleure que la moyenne. Après un jour et une nuit, il reste un bon 30% le lendemain matin, de quoi tenir en théorie jusqu'au soir. En la chargeant un jour sur deux, vous ralentissez son déclin de performances lié aux cycles charge/décharge.

Quelques défauts qui compliquent les choses

Vous l'avez compris, la proposition de Motorola est séduisante. Enfin une vraie alternative à la limite du haut-de-gamme, avec un logiciel épuré et efficace. Cependant, il y a quelques défauts – assez petits, il est vrai – qui m'embêtent.

Tout d'abord, la finition est très 'entrée de gamme'. Le cadre est en plastique, tandis que la face avant n'est pas courbée (ce qui ne me dérange pas, c'est plus pratique). Mais dès lors, le design est peu audacieux: même si l'arrière en verre évite le brillant et ose un léger quadrillage sur les côtés, on n'a pas les sensations de tenir un appareil premium. Ce qui, à 665€, est dommage.


 

Il n'y a pas de capteurs d'empreinte digitale intégré sous l'écran. Par économie ou par choix, Motorola lui préfère le capteur d'empreinte sur la tranche, intégré dans le bouton de déverrouillage. Rien de grave car il fonctionne bien, mais il est par exemple difficile, voir impossible, de déverrouiller l'appareil sans le prendre en main. Tant qu'on parle de boutons, Motorola a placé ceux du volume beaucoup trop haut sur la droite, et celui pour l'assistant Google trop haut sur la gauche. Résultat: il faut faire descendre le smartphone sur la main droite pour les atteindre, ce qui augmente les risques de chute.

La charge rapide s'améliore par rapport aux éditions précédentes, mais on reste sur du 30W. C'est aussi bien que ce que propose Samsung ou Apple, mais c'est moins bien que ce que propose un concurrent de taille, bien implanté en Belgique: Oppo (et OnePlus, les deux partagent la charge très rapide de 65W même sur des appareils à 400€).

Enfin, gros détail pour certain mais il faut le savoir, il n'y a qu'un seul haut-parleur, sur la tranche du bas, à droite. On a tendance à l'obturer sans le vouloir, et il n'y a donc pas de stéréo, ce qui peut s'avérer ennuyeux quand on regarde un film ou une série sans casque.

Conclusion

Ça y est : Motorola offre enfin une alternative crédible et se pose comme un concurrent original. Il a le logiciel pur très proche de Google, il est "américain" (tout en appartenant à Lenovo) et non chinois comme la plupart des constructeurs concurrents de Samsung, il offre de belles prestations en photos (dont un vrai zoom) et son écran est très agréable.

Il y a encore quelques petits défauts sur la fiche technique, qui pourraient pousser certains à préférer des concurrents chinois tels que Oppo, OnePlus ou Xiaomi. Mais si vous voulez éviter les smartphones purement chinois (certains se méfient, à tort ou à raison, des fuites de données), Motorola est une alternative totalement crédible et désormais, à mes yeux, meilleure que Nokia.


 

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