Pour un prix allant de 269€ à 399€, les Watch4 de de Samsung font partie des montres connectées les plus riches au niveau logiciel et matériel. Seule l'Apple Watch peut rivaliser. L'alliance de Samsung avec Google permet surtout d'élargir le catalogue d'applications, ce qui se fait, hélas, au détriment de l'autonomie. Voici mon test complet.
Le monde des wearables est assez compliqué. Il y a dix ans, on les voyait pratiquement remplacer nos smartphones. Mais la sauce n'a pas pris et les analystes se sont plantés. Certaines grandes entreprises actives dans l'électronique ont perdu beaucoup d'argent dans les années 2010 avant d'arrêter (LG, Motorola, Sony). Rares sont ceux qui en gagnent, de l'argent: Apple (comme d'habitude), Garmin (tous les sportifs y sont fidèles) et Xiaomi (petits prix mais grand volume) sont sans doute les seuls. Même Fitbit, pionnier et racheté par Google récemment, a pratiquement toujours perdu de l'argent. Quant à Huawei, privé des logiciels américains dont ceux de Google, il doit compter sur l'adoption d'HarmonyOS dans le monde (et ça n'est pas gagné).
Et puis il y a Samsung. Difficile de savoir si la division smartwatch gagne de l'argent depuis le premier modèle sorti il y a bien longtemps (le sud-coréen est un autre pionnier car sa Galaxy Gear remonte à 2014). Mais l'entreprise, N.1 mondial du smartphone et des TV, persiste depuis 7 ans et sort chaque année un nouveau modèle. Place en 2021 à la Galaxy Watch4, mise à jour majeure de son catalogue.
Le modèle Classic, plus imposant, avec sa couronne rotative
A la sauce Google ?
Grande nouveauté: une fusion du système d'exploitation équipant les appareils de Samsung depuis la Gear 2 (Tizen) avec Wear OS, la lourde plateforme développée par Google et que plusieurs constructeurs ont tenté, rarement avec succès, d'utiliser pour faire tourner leurs montres intelligentes.
Résultat: "Wear OS optimisé par Samsung", comme l'annonce l'équipe de communication de la marque. Quand j'ai demandé si Samsung avait fait table rase du passé, une product manager belge m'a répondu que non, pas du tout, tout ce qui existait sur les anciennes montres Samsung est toujours là, il y a juste davantage de choix d'applications pour l'utilisateur.
Après quelques jours d'utilisation, c'est effectivement ce qu'on ressent, même si les développeurs de Samsung ont probablement sué de grosses gouttes pour que la transition soit pratiquement invisible. Car en réalité, la Watch 4 est la première montre à tourner sous la version 3.0 de Wear OS. C'est donc le même principe que pour les smartphones: une couche de fond signée Google qui facilite la vie de tous les développeurs d'applications, et une surcouche esthétique et logicielle de Samsung.
A noter que la navigation est similaire aux anciennes Watch de Samsung, mais seul le modèle Classic, plus grand (42 et 46 mm au lieu de 40 et 44) et plus cher (369€ et 399€ au lieu de 269 et 299€) que le modèle standard, est encore équipé de la couronne permettant de naviguer dans les menus ou de régler le volume. Au niveau du design, pas de révolution, mais j'apprécie la discrétion et l'élégance du modèle de base :
Bardée de capteurs santé
Bien entendu, Samsung a voulu montrer du neuf dans sa nouvelle montre tournant sous un nouvel OS. Et la grande tendance étant le bien-être, la Watch4 rejoint la Fitbit Sense dans la catégorie des 'montres santé' (healthwatch).
Le capteur BioActive de Samsung permet de mesurer la tension artérielle (à ma connaissance, c'est une première), la fréquence cardiaque et le pourcentage d'oxygène dans le sang (ça existe depuis longtemps). L'outil Body Composition peut mesurer, en plaçant deux doigts sur les boutons de la montre, votre masse musculaire, ainsi que le pourcentage d'eau et de graisse de votre corps. J'ai essayé et quelques secondes suffisent, effectivement.
L'analyse du sommeil est également assez poussée à de nombreux niveaux, et si vous le configurez, votre smartphone peut même écouter vos ronflements la nuit.
Bref, au niveau suivi de la santé, c'est ce qui se fait de mieux et effectivement, Fitbit a un sacré concurrent dans cette catégorie.
Cependant, comme je le dis des autres montres 'santé', passée la prouesse technologique de pouvoir mesurer autant de choses avec un si petit appareil, il faut s'interroger sur la pertinence de ces données. Qui a vraiment besoin, au jour le jour, de connaître autant de choses sur son corps ? Comment interpréter correctement ces données, Samsung répétant régulièrement qu'elles sont "destinées uniquement à des fins de bien-être général et de remise en condition physique" ? Et qu'elles "ne conviennent pas à la détection, au diagnostic ou au traitement d’un état pathologique ou d’une maladie", tout en ajoutant : "veuillez consulter un professionnel de la santé pour obtenir des conseils".
Je pense que ces données seront utiles à ceux qui ne dorment pas bien, ou qui ont des problèmes de santé (suivis par un médecin) nécessitant une mesure la plus régulière possible de certains facteurs (pression sanguine, taux d'oxygène dans le sang, taux de graisse dans le corps, etc). La majorité des utilisateurs, que j'espère en bonne santé, ne va sans doute que regarder ces données d'un œil amusé…
Riche et complète
Au-delà de l'aspect santé, la Watch4 est assez balaise pour le suivi du sport. Elle a détecté à plusieurs reprises des activités (marche et course, mais pas vélo) automatiquement, et reste très pratique à utiliser pour le suivi sportif, via le GPS pour l'analyse du tracé, et via le capteur de rythme cardiaque pour l'évolution des performances. Rien de nouveau, mais l'interface 'sport' de la montre fonctionne très bien avec Samsung, d'autant plus que l'application Samsung Health, peaufinée au fil des ans et des mises à jour, est aussi riche que celle de Fitbit (il y a même des séances de coaching/exercices accessibles gratuitement).
Autre élément essentiel et lié au partenariat avec Google: la disponibilité d'applications Android. Ce n'est pas aussi abondant que je l'imaginais: la montre propose d'installer les versions Wear OS des applis présentes sur mon smartphone, et il n'y avait pas grand-chose (Spotify, Shazam et des services Google). Pas de contrôle de ma maison connectée, pourtant assez bien équipée chez moi (lampes, prises, enceintes Sonos, serrure, caméras, etc).
Cela étant dit, à part la Watch d'Apple, aucun concurrent ne propose un tel choix d'applications tierces, notamment au niveau du suivi sportif (Adidas, Strava, Google Fit, Nike Run, Komoot) ou de la musique (Spotify, Podcast Addict, Pandora), entre autres choses (je pense à la version remaniée de Google Maps qui fait office de GPS assez puissant).
A titre d'exemple, j'ai réussi à télécharger sur la montre (16 GB de stockage interne) des playlists Spotify, ce qui m'a permis d'aller courir dans mon téléphone, après avoir connecté des écouteurs Bluetooth. Drôlement pratique :
Il y a donc une vraie richesse logicielle, qui fait de la Watch4 une référence des smartwatches actuelles. Le partenariat Google / Samsung devrait motiver davantage développeurs à prévoir une version Wear de leurs applications, donc ça va certainement devenir de plus en plus intéressant.
Quelques bémols
Si je suis assez enthousiaste envers cette nouvelle montre de Samsung (ça faisait longtemps qu'elles me laissaient un peu de marbre), j'ai tout de même quelques critiques à formuler.
Tout d'abord, il faut obligatoirement un smartphone Samsung pour observer toutes les mesures santé, notamment la pression sanguine. Il faut effectivement l'application Samsung Monitor, parallèlement à Samsung Health, et elle ne se trouve que sur le magasin d'applications de Samsung (Galaxy Store). Un smartphone Android non Samsung devra également installer l'application Samsung Gear (voir ci-dessous) et un plug-in pour connecter la montre. Si vous un iPhone, passez votre chemin, il n'est pas compatible.
Ensuite, il y a la coexistence parfois confuse des services Google et Samsung. Notamment, il n'y a pas l'assistant vocal Google, le plus performant à ce jour, mais bien Bixby, une alternative que Samsung tente d'imposer depuis des années, sans grand succès.
Enfin, il y a cette autonomie. Sur mon modèle de test (Classic), elle était d'environ 40h. Au final, si vous utilisez régulièrement sa riche interface et ses capteurs, il vaut mieux la charger dès que vous pouvez. Finalement, on en vient à le faire tous les jours, comme un smartphone, dès qu'on passe sous les 40% de batterie, et je trouve ça un peu contraignant. Des smartwatches (moins riches au niveau logiciel) comme celles de OnePlus ou les anciennes de Huawei atteignent les 14 jours d'autonomie, et les anciennes de Samsung offraient souvent trois jours. A croire que Wear OS est très gourmand, comme je le constatais avec l'Oppo Watch dernièrement. Heureusement, la Watch4 se charge sur n'importe quel plateau de charge sans fil, et pas uniquement sur le petit support aimanté USB fourni.
Inutile de chercher l'application Sonos à l'aide du mini clavier, elle n'existe toujours pas sur le Play Store de Wear OS.
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