Motorola se montre de plus en plus audacieux. Après un Razr pliable, place au Edge, un smartphone dont l'écran est très, très recourbé. Il laisse à peine la place à quelques boutons sur les tranches. Et à 599€, il a d'autres arguments en sa faveur.
Le segment du haut de gamme est assez complexe au niveau des smartphones: il attire tout le monde mais il est plutôt inaccessible, pour les constructeurs comme pour les utilisateurs.
Parmi ces derniers, certains acceptent de mettre beaucoup d'argent pour des valeurs sûres, souvent du côté d'Apple (iPhone) et Samsung (Galaxy S). Bien logiquement, de nombreux fabricants voudraient s'ajouter à cette petite liste, car c'est là que les marges sont les plus importantes, parfois quelques centaines d'euros par appareil vendu.
Mais le chemin est semé d'embûches, et la route est souvent longue ; souvenez-vous que Huawei est parvenu à titiller Samsung après 6 ou 7 années de smartphones abordables.
Motorola semble adopter la même stratégie. L'histoire de cette entreprise historique américaine, sous giron chinois depuis quelques années (elle appartient au groupe Lenovo qui l'a fortement intégrée), est assez mouvementée. Mais depuis un an ou deux, elle essaie de se faire une place sur les étalages des magasins, y compris en Belgique, via de l'entrée ou du moyen de gamme (voir mon article de 2019).
Ça monte, ça monte…
A part le couac du Razr (un smartphone pliable très critiqué par les médias spécialisés aux Etats-Unis, et dont la sortie en Europe est très discrète), Motorola pourrait bien imiter Huawei, grâce à un nouveau smartphone, le Edge, vendu 599€ mais ayant une fiche technique excellente ou suffisante:
Il est équipé de la puce Snapdragon 765G, qui est juste en-dessous de la 865 en termes de puissance brute, mais qui a l'avantage d'intégrer un modem 5G (il devrait bientôt être utile en Belgique).
Son écran très incurvé sur les côtés lui confère un look résolument haut de gamme: il retombe tellement sur les côtés qu'on ne les voit plus. Ses courbes très généreuses font pratiquement office de bordures latérales, et ne laissent que peu de place pour les boutons de la tranche. La dalle de 6,7" est de type OLED (grande luminosité, couleurs vives, noirs profonds) et son format est allongé (environ 20:9). Mais surtout, et c'est rare à 599€: il offre un rafraichissement de l'image de 90 Hz, ce qui rend les animations très fluides.
Bonus audio: on a droit à une prise mini-jack pour brancher n'importe quel casque ou diffuseur de son, et à des haut-parleurs stéréo (donc au-dessus et en dessous), ce qui rend le visionnage d'une vidéo très agréable :
Il y a trois appareils photo au dos, et un capteur de profondeur pour réussir vos portraits. On n'est pas au niveau des ténors (le Huawei P40 Pro a mis la barre très haut cette année), mais il y a tout de même de la polyvalence (capteur normal, grand angle et zoom). C'est surtout sur le zoom et les photos en basses lumières que Motorola s'avoue largement vaincu, avec du flou ou du bruit sur l'image. Notez qu'il y a un mode macro, que je trouve toujours très pratique pour prendre des photos très rapprochées (environ 3 cm).
La batterie est de 4.500 mAh, ce qui permet théoriquement de tenir 2 jours en usage normal. C'est plus ou moins ce que j'ai constaté.
Il a 6 GB de RAM pour assurer la fluidité de l'interface entre les applications, et 128 GB de stockage interne, ce qui s'avère tout à fait suffisant dans la plupart des usages.
Un mot sur le logiciel: aux antipodes de Samsung et Huawei, Motorola propose une version quasiment pure d'Android 10. A part l'application 'Appareil Photo' et celle pour configurer quelques options spécifiques à Motorola, tout est signé Google. C'est très pratique pour la portabilité entre les fabricants, et ça permet des mises à jour rapides du système d'exploitation et des correctifs de sécurité.
D'inévitables limites
Bien entendu, quelques faiblesses se cachent dans le Motorola Edge, et elles justifient en partie la différence de prix avec les flagships de Samsung ou OnePlus. Au-delà des limites en photographie, j'ai constaté que:
La charge n'a de rapide que le nom. Il est indiqué 'TurboPower' sur le transfo, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Il s'agit d'un chargeur 15 ou 18W, et j'ai dû attendre une grosse demi-heure pour atteindre un tiers (33%) d'autonomie, et presque 3h pour arriver la charge pleine. A titre de comparaison, chez le champion de la catégorie Oppo (voir mon test), le chargeur 65W apporte 45% en 10 minutes et 100% en 38 minutes (mais le Find X2 Pro coûte 1200€, donc 2X plus).
Le dos du smartphone n'est pas en verre mais en plastique. Vu qu'il est brillant, comme le verre, ça ne se voit pas trop, mais c'est supposé être moins solide. Petit avantage: c'est plus léger, aussi. Par contre, la finition peut sembler un peut négligée, au niveau de l'assemblage entre le dos et l'écran. On a l'impression que ça pourrait vite bouger...
Le Motorola Edge n'aime pas l'eau. Il est certifié IP52, donc résistant à la poussière et à des gouttes d'eau tombant à la verticale (avec marge d'inclinaison de 15°). La grande majorité des smartphones haut-de-gamme (plus chers) sont entièrement étanches, souvent IP68.
Conclusions
Face à des smartphones premium (chez Apple, Samsung, Sony, OnePlus, Oppo et Huawei) qui frôlent ou dépassent les 1.000€, quelques acteurs se positionnent un peu différemment pour proposer, à 600€, un smartphone qui fait quelques concessions, mais se rapproche d'une expérience haut de gamme.
C'est le cas de Motorola, dont la stratégie (montée en gamme progressive) est soutenue par des smartphones aux qualités concrètes. Le Edge, à 599€, marque le retour de la marque passée sous giron chinois (Lenovo) sur un segment qu'elle avait délaissé durant quelques années, le temps de remettre les compteurs à zéro.
S'il l'on accepte ses petites limites (appareil photo, étanchéité, charge rapide), le Edge de Motorola est un smartphone plein d'excellentes qualités, qui va à l'essentiel avec une expérience Android pure (sans surcouche logicielle) et un look ravageur, grâce à son écran qui recouvre entièrement les bordures.
Votre budget des 600€ ? Alors n'hésitez pas…
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