Pour une partie de la population, surveiller son rythme cardiaque et sa tension sanguine est important. Et si on peut le faire sans devoir aller régulièrement chez le médecin, c'est encore mieux, non ? J'ai testé deux appareils d'une entreprise française qui fait bien les choses.
Parmi tous les objets connectés qui existent, certains ont plus de sens que d'autres. C'est le cas de la sécurité (ex.: caméras de surveillance), de la domotique (ex.: thermostat, enceintes et lampes) et… de la santé.
Effectivement, les bracelets d'activité et les smartwatches qui se vendent le mieux mettent de plus en plus en avant leurs capacités à surveiller votre santé, bien au-delà de l'aspect sportif. Fréquence cardiaque, sommeil, taux d'oxygène dans le sang et même électrocardiogramme: certains modèles parviennent à intégrer beaucoup de choses dans une petite montre.
Parmi les nombreuses entreprises actives dans le domaine, il y a les mastodontes Apple, Samsung et Google (via Fitbit), qui enrichissent leur écosystème matériel en reliant intelligemment ces 'montres santé' aux smartphones. Et puis il y a les puristes, ces petites entreprises qui se concentrent depuis leur création sur la santé connectée.
Withings, une entreprise française un temps détenue par… Nokia
L'histoire de Withings est assez mouvementée. Start-up fondée en France en 2008 par trois ingénieurs, elle a été rachetée 170 millions en 2016 par Nokia, qui l'a revendue deux ans plus tard… à l'un des fondateurs, pour 50 millions (chiffres non officiels). Je craignais pour la suite, mais tout se passe bien, en réalité, pour cette entreprise ayant des bureaux en Europe, Asie et aux Etats-Unis. "Withings compte plus de 320 collaborateurs répartis entre Paris (Issy les Moulineaux), Boston et Hong-Kong", m'a confié un responsable communication de la marque.
Ce qui se vend le mieux ? "Les pèse-personnes connectés sont les produits historiques de Withings. Dès 2009, Withings lançait la 1ere balance connectée, depuis la gamme s’est enrichie avec Body+, Body Cardio et Body. Les montres arrivent en seconde position, suivi du coach de sommeil, Sleep Analyzer. La crise du Covid ayant mis l’accent sur la préservation de la santé, tous nos produits ont bénéficié de cette traction, les ventes de tensiomètres sont également en hausse et nous avons même été en rupture de stock de notre thermomètre connecté".
La santé connectée n'est pas une mode éphémère, mais une tendance de fond. "Nous constatons, en effet, depuis plusieurs années, une prise de conscience des consommateurs qui veulent reprendre le contrôle de leur santé par le biais des objets connectés. On remarque notamment un passage du mode curatif au mode préventif où chacun devient acteur de son bien-être pour prévenir certaines pathologies cardiovasculaires au travers de l’activité physique, un meilleur sommeil, une meilleure nutrition. Le Covid a bien entendu accentué cette tendance avec un besoin accru en autonomie car l’accès aux médecins pouvait être compliqué".
Une montre connectée élégante avec un mois d'autonomie: ScanWatch (280€)
Withings développe et fabrique des thermomètres, des balances, des sous-matelas analysant le sommeil et des balances connectés. Mais également, et j'ai choisi de m'y attarder car ça concerne un public plus large: une montre et un tensiomètre.
La ScanWatch est un bel objet. C'est avant tout une montre, pourrait-on dire. Elle a des aiguilles (légèrement phosphorescentes la nuit) qui indiquent l'heure, un cadrant sombre pour un excellent contraste, un bouton poussoir.
Mais quand on regarde de plus près, on aperçoit un petit écran circulaire sur la moitié supérieure, ainsi qu'une deuxième aiguille et un deuxième cadran dans la moitié inférieure. Et sur le revers de la montre, des petits capteurs lumineux.
C'est donc bien une smartwatch, mais qui limite l'affichage d'infos sur la montre pour décupler l'autonomie. Après 16 jours d'utilisation, l'autonomie affichait encore 15% (ce qui est indiqué en jaune et non en rouge, preuve qu'on ne doit pas immédiatement fouiller le tiroir pour y trouver le petit socle de recharge aimanté). Withings prétend qu'on peut atteindre 30 jours, sans doute en désactivant l'option 'Quick Look' qui affiche la date et l'heure sur l'écran numérique quand on lève le poignet, et en désactivant la surveillance continue du rythme cardiaque.
Le cadran inférieur est une jauge: le nombre de pas quotidien, en pourcentage de l'objectif à atteindre.
La montre s'appelle ScanWatch car malgré son apparente simplicité, elle est une vraie montre santé. Elle surveille votre cœur et peut réaliser un électrocardiogramme. "Il est certifié médicalement pour détecter les signes de fibrillation auriculaire, une forme d'arythmie grave, si elle n'est pas diagnostiquée à temps", précise Withings. Il suffit de poser la main opposée sur la moitié de la montre, et la mesure est prise en 30 secondes environ. Le logiciel de la montre et de l'application Withings utilise également des algorithmes "développés avec des cardiologues" pour surveiller votre rythme cardiaque en continu, et détecter les anomalies.
Il y a également un capteur SpO2, pour mesurer le taux d'oxygène dans le sang: trop faible, il peut être le signe d'une maladie respiratoire. Ces mesures sont compilées et analysées à d'autres niveaux, par exemple durant le sommeil, pour détecter, entre autres, de potentielles apnées.
Toutes ces données sont exploitables dans l'application Withings qui est très bien faite: les données sont sobrement rassemblées, les synchronisations avec la montre sont rapides.
A côté de ces aspects purement santé, il y a le suivi sportif. Toujours pour économiser la batterie, il n'y a pas de GPS pour enregistrer le tracé de la course, ni de mémoire interne suffisante pour stocker de la musique. La montre a donc besoin du smartphone dans la main lors des courses pour obtenir plus de détails sur son activité.
Le bouton poussoir et le petit écran monochrome de quelques pixels permettent de commander la montre, même si ça n'est pas toujours simple et intuitif de s'y retrouver dans les menus. Un appui long peut déclencher le suivi d'une activité sportive si on le configure de cette manière. On y trouve la base: un chronomètre, une alarme (à régler via l'application) intelligente vous réveillant au meilleur moment en fonction de votre état de sommeil, etc. Montre connectée, elle est également capable d'afficher les appels entrants et les notifications du téléphone (y compris le contenu textuel d'un message).
CONCLUSION: la ScanWatch de Withings est une montre santé authentique, qui est très crédible au niveau de l'analyse des données mesurées (cœur, oxygène, respiration, sommeil), développée avec le cops médical. A 280€, elle semble assez chère, mais il s'agit d'une vraie (et belle) montre, la finition est exemplaire et l'autonomie enfin acceptable pour une montre connectée. A titre personnel, je préfère une montre qui affiche moins de données (elles sont toutes dans l'application, de toute façon), mais qui reste allumée un mois. Chez Samsung et Apple, les leaders du marché qui propose grosso modo les mêmes fonctions, il faut la charger tous les (2) jours.
BPM Core, un tensiomètre connecté, et bien plus encore (250€)
Withings est une vraie entreprise de santé connectée: elle permet donc, pour ceux qui veulent ou qui doivent aller plus loin dans la surveillance de certaines données de santé, de se procurer un vrai tensiomètre (très complet, il mesure aussi le rythme cardiaque et écoute votre cœur). Connecté, il gardera un historique de vos mesures, et ça peut s'avérer très utile.
Utile et intelligent, surtout durant cette période de pandémie où il est parfois difficile (ou risqué) de se rendre chez son médecin généraliste. Car il est très simple de partager les résultats du tensiomètre avec lui (email, SMS, WhatsApp).
Le tensiomètre s'installe facilement via la même application Withings. Destiné en partie à un public qui ne passe pas son temps sur un smartphone, le BPM Core est autonome. Sur le cylindre blanc, un appui du pouce permet d'allumer puis de démarrer la mesure de la tension sanguine. L'appareil, léger et confortable, se connecte au Wi-Fi de votre maison, et stocke les données sur les serveurs de Withings. Données consultables via l'application, bien entendu.
La mesure est rapide: une vingtaine de secondes suffisent pour la tension. Ensuite, le serrage diminue et le cylindre blanc, capable d'afficher quelques grandes lettres colorées, vous demande de serrer la partie inférieure métallique pour démarrer l'électrocardiogramme.
Et ce n'est pas tout: placé près de votre poitrine durant la mesure, le capteur de son du stéthoscope électronique détecte les fréquences des battements du cœur qui correspondent à l’ouverture et à la fermeture des valves. "Notre intelligence artificielle propriétaire, développée avec des cardiologues et mise à l’épreuve avec des milliers d’enregistrements de battements du cœur pour détecter d'éventuelles perturbations", dit Withings.
Un bref aperçu des résultats est affiché sur le cylindre, mais ce n'est pas très lisible. Mieux vaut consulter son application, bien complète.
Il est possible de partager cet appareil entre plusieurs membres de la famille. Ceux-ci recevront une invitation par email, et devront ensuite se créer un compte Withings et télécharger l'application. Pratique.
CONCLUSION: avec BPM Core, Withings prouve qu'il est possible d'aller plus loin dans la 'télémédecine'. Et que certains examens ne requièrent plus systématiquement une consultation chez le médecin. Le tensiomètre (+ECG, +stéthoscope) et l'application (ainsi que la montre) sont parfaitement capables de déceler une anomalie, et de vous avertir. L'idée, ensuite, c'est bien entendu d'aller confirmer le diagnostic chez le médecin, qui reste indispensable. Pour 250€, cet appareil peut vous éviter des frayeurs, vous rassurer, si vous devez surveiller votre tension et votre rythme cardiaque.
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