Conséquence de la propagation du coronavirus, les masques de protection sont en rupture de stock dans certaines pharmacies chez nous. Les patients se sont rués dessus par précaution mais est-ce un geste utile ?
"Le masque barrière avec la bonne filtration est en rupture de stock, confie une pharmacienne de Liège. On en attend, on a su en recommander en espérant qu'on puisse répondre à toutes les demandes mais pour le moment c'est la rupture de stock". Depuis la fin de la semaine dernière cette pharmacienne fait face à une demande hors norme.
Une commande de 1.000 masques
Si les patients défilent pour acheter des masques, une entreprise a également passé une commande pour ces travailleurs. "La firme nous en a commandé 1.000 et les personnes qui viennent en ont pris environ par 50 pièces", explique la pharmacienne Isabelle Milis. Mais selon elle, les masques chirurgicaux ne forment pas une bonne protection. Elle conseille plutôt un modèle plus épais en forme de coque, plus efficace contre le virus : "Il ne sort pas si on est infecté mais il ne rentre pas non plus si on est en contact avec des personnes qu'ils le sont. Les autres offrent une protection quand on va dans la rue par exemple pour filtrer toutes sortes de particules mais fatalement ne les filtrent par 100 %".
Le masque n'est pas vraiment la solution pour se protéger du virus, d'après le docteur Kidd : "Ça ne protège pas vraiment contre le fait d'attraper un virus, c'est plutôt utiliser chez les personnes qui ont soit la grippe ou le nez qui coule pour éviter qu'elles n'envoient des postillons qui contaminent d'autres personnes". Il rappelle qu'il est surtout essentiel d'adopter les bons gestes comme se laver fréquemment les mains et se débarrasser directement des mouchoirs usagés.
Efficacité non démontrée
L'Organisation mondiale de la santé préconise de se couvrir la bouche et le nez en cas de toux et d'éternuements et ils restent indispensables pour les personne malades afin de limiter les risques de contamination. Mais, pour celles qui ne présentent aucun symptôme leur "efficacité n'est pas démontrée", relève le ministère français de la Santé.
"Ils n'apportent pas de garantie à 100%", renchérit Satoshi Hiroi de l'Institut de santé publique d'Osaka. N'étant pas complètement collés au visage, ils laissent en effet passer de l'air non filtré. "Vous pouvez donc inhaler le virus s'il y a un espace entre le visage et le masque", explique le chercheur.
Les experts insistent aussi sur le fait qu'ils ont une durée de vie limitée, souvent de quelques heures, au delà de laquelle ils doivent être obligatoirement changés. Ils préconisent donc l'utilisation d'autres masques, beaucoup plus cher, appelés "masques de protection respiratoire individuelle". Composés d'une pièce faciale et d'un dispositif de filtration de l'air, ils ont une durée de vie beaucoup plus pérenne.
Suspension du virus dans l'air incertaine
Prévenir efficacement contre le nouveau coronavirus reste de toute manière difficile tant que des incertitudes demeurent sur les modalités exactes de sa transmission. Il existe des preuves de contamination de personne à personne, mais elles ne permettent pas encore de savoir si l'agent pathogène est en suspension dans l'air ou se propage par contact.
"Nous ne savons toujours pas exactement d'où il vient, nous ne comprenons pas complètement comment il se transmet, nous ne comprenons pas totalement comment il s'exprime dans ses symptômes", relève Daniel A. Kertesz, représentant de l'Organisation mondiale de la santé en Thaïlande. "On se bat contre un ennemi invisible avec les moyens du bord. Mettre un masque est toujours mieux que rien (et) cela peut également rassurer la population et éviter une hystérie collective", souligne le pharmacien Suphak Saphakkul.
En tout état de cause, d'autres précautions comme le lavage fréquent des mains au savon ou avec une solution hydroalcoolique, l'utilisation de mouchoirs à usage unique, sont fortement recommandées pour prévenir la propagation du coronavirus.
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